La communauté se situe dans le sillage du Concile Vatican II[réf. nécessaire], fondée par Nicolas Buttet[1], jeune intellectuel préparé à une carrière d’homme politique et d’avocat en Suisse[2], élu député à 23 ans[3],[4], parti travailler quelques années au Vatican puis devenu ermite dans le canton du Valais. Il est très vite rejoint par quelques jeunes. La fraternité est ainsi née, accueillant aussi de nombreux jeunes « blessés par la vie »[5]. Cette communauté dispose d'une vraie importance dans les milieux religieux suisses : on lui prête parfois des influences économiques ou politiques[6].
Eucharistein provient du grec « rendre grâce ». Communauté catholique née sur la terre du martyre de saint Maurice et de ses compagnons en 1996 (Valais/Suisse), la fraternité Eucharistein a reçu officiellement de Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, le 3 mai 2008, l’approbation de ses nouvelles constitutions en vue de la reconnaissance définitive du statut de « Famille ecclésiale diocésaine de vie consacrée ».
Aux côtés des frères et sœurs consacrés et oblats de la fraternité s’adjoignent à l’œuvre : les Membres associés et le Tiers-Ordre « Communion Béthanie », c’est-à-dire des personnes laïques ou clercs vivant à l’extérieur mais partageant leur spiritualité et leur mission.
En octobre 2013 est publié « l'Appel de Lourdes » dans lequel une quarantaine de victimes d'abus sexuels et spirituels dans l'Église catholique mettent en cause quatorze « communautés nouvelles »[9]. Parmi ces communautés figure la fraternité Eucharistein[10].
Quand Cyrille Jacquot est élu modérateur de la fraternité en septembre 2020 en remplacement de Nicolas Buttet[1], « le constat est sans appel »[11]: certains membres de la fraternité sont épuisés, en grande souffrance psychologique. « Actuellement, sur la quarantaine de membres de la communauté, huit frères et sœurs en situation de burnout, ou en dépression, sont en convalescence à l’extérieur de la communauté. Trois ou quatre sont en questionnement sur la suite de leur engagement », indique le modérateur en juin 2022[11].
En 2021, deux journalistes, Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre, pointent des dérives sectaires au sein de la Fraternité Eucharistein à travers le recours abusif à l'exorcisme, un rapport ambigu à la médecine et le caractère manipulateur de Nicolas Buttet souligné par d'anciens membres, dont plusieurs se sont confiés au père Dominique Auzenet, exorciste dans le diocèse du Mans et connaisseur des dérives sectaires dans l'Église, qui a écrit en 2016 une synthèse[12] à partir de leurs témoignages. Les deux journalistes révèlent également les financements accordés à la communauté : près d'un million d'euros auraient été versés par la Fondation Bettencourt-Schueller, les familles Leclerc et Michelin figurant aussi parmi les donateurs, selon un ancien membre. Le père Damien Frossard, membre du Conseil de la fraternité Eucharistein, reconnaît « des liens privilégiés » avec la famille Mulliez et d'autres chefs d'entreprise chrétiens[13].
Le rapport de la visite canonique menée début 2021 dénonce à propos de la Fraternité Eucharistein « un système pyramidal, abusif, infantilisant et qui a annulé les personnes dans les diverses dimensions de leur être, en particulier leur psychologie ». Les rapporteurs soulignent la responsabilité du fondateur Nicolas Buttet et déplorent l'« absence de suivi plus fréquent et plus lucide de la part de l’évêché ». Le quotidien La Croix indique également qu'un prêtre appartenant au Tiers-Ordre d’Eucharistein « aurait pratiqué des pseudo-exorcismes assortis d’actes sexuels »[11],[14]. À la suite de ce rapport, la communauté annonce de « gros travaux de restructuration »[15]. Pour cela, deux conseillers du Conseil de la fraternité sont nommés en juin 2022 : Benoît-Dominique de La Soujeole, o.p., et Marie Carmen Avila, RC, afin de suivre la communauté durant un an[11].
En 2023, une enquête du 24 Heures à la suite de cette visite canonique livre les témoignages de plusieurs membres d'Eucharistein, dont Didier Berthod et Nicolas Buttet. Elle révèle également que Nicolas Buttet « n’a plus le droit de dire la messe, de pratiquer la confession ni même de se rendre dans la fraternité »[16].
Dans la foulée, les vœux définitifs de deux sœurs et un frère, prévus le , sont reportés sine die par Dominique Rey, à cause du « contexte ecclésial [...] tendu vis-à-vis des communautés nouvelles »[17],[18].
En janvier 2024, Nicolas Buttet est relevé de ses vœux religieux à sa demande par François Touvet, évêque coadjuteur du diocèse de Fréjus-Toulon où est incardinée la communauté, et il quitte la communauté Eucharistein. Il reste incardiné comme prêtre dans le diocèse de Fréjus-Toulon[19]. Dans la foulée, les responsables de la communauté indiquent vouloir « changer la culture communautaire » pour « aborder une spiritualité qui soit plus synodale »[20].
Implantations
En 2020, la fraternité Eucharistein est composée de 3 maisons[21] :
Missions auprès des jeunes : animation de missions et de veillées dans les paroisses et les écoles. La Fraternité Eucharistein offre également à des jeunes la possibilité de vivre une année sabbatique de réflexion, de service et prière, après leur formation professionnelle ou leur maturité[24].
Accueil des « blessés de la vie » : La Fraternité accueille de nombreux jeunes ayant vécu des problèmes de drogue, d’alcool ou de dépression pour un temps de reconstruction personnelle[5],[24].
Écophilos : fondation suisse, née en 2004, dont la conviction est « l’épanouissement de la personne humaine ne s’oppose en rien aux intérêts économiques de l’entreprise ». Cette fondation organise une université d'été et des groupes Écophilos[26],[27],[28].
Impacthope : autre fondation, qui réalise un appui aux chrétiens (et minorités) persécutés, discriminés ou marginalisés par l'accompagnement et le soutien à des actions et projets de développement intégral, accompagnement des Églises du Sud, renforcement des actions entre Églises, congrégations et organisations communautaires des pays du Sud.
↑Benoît Fauchet, « La communauté Eucharistein annonce de « gros travaux de restructuration » », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )