Frederic LamondFrederic Lamond Frederic Lamond au sommet de sa carrière. La dédicace : Pour mon cher ami M. Max Ibach, avec remerciements et meilleurs vœux de Frederic Lamond. 8.11.1898, Bruxelles
Frederic Archibald Lamond (né à Glasgow, le - mort à Stirling, le ) est un pianiste et compositeur écossais et l'un des derniers survivants des élèves de Franz Liszt. Il s'impose comme un grand interprète de Beethoven et de Liszt. BiographieFormationLamond est né à Glasgow en Écosse dans une famille pauvre. Il commence des études, piano et contrepoint, avec son frère aîné David et dans sa ville natale : le violon, puis le piano, l'orgue à l'église et joue aussi du hautbois et de la clarinette[1]. Il assure pendant les quatre mois de l'hiver 1876-77, la direction de l'orchestre et dirige Liszt, notamment Les Préludes qui y font sensation. À Glasgow, il est considéré comme un prodige et on lui conseille de poursuivre sa formation à l'étranger, alors qu'il n'a que quatorze ans. Frederic a d'abord l'espoir de suivre l'enseignement de Robert Schumann en Allemagne. Mais il suit celui de Max Schwarz (un élève de Bulow et Liszt) pour le piano, d'Anton Urspruch pour la composition, ainsi que Heermann pour le violon au Conservatoire de Raff de Frankfort. il travaille le clavier aussi avec Clara Schumann et avec Hans von Bülow[1] (directeur de l'institution). Lamond confie :
— Frederic Lamond Il remporte le premier prix du conservatoire avec le deuxième concerto pour piano de Saint-Saëns. Il effectue un voyage à Bayreuth pour y écouter Parsifal.
Il étudie donc avec le vieux Franz Liszt, dont il est l'un des derniers disciples[1] : à Weimar en juin, et à Rome en 1885 – il a dix-sept ans –, puis à Londres au mois d'avril de l'année suivante, où l'abbé Liszt participe à lancer la carrière de Lamond. À Weimar, il rencontre Bernhard Stavenhagen, Alexandre Siloti et Moriz Rosenthal, autres membres de la classe de piano du maître. L'Écossais réalise le rêve de son enfance… et commence l'enseignement avec la fugue de la sonate Hammerklavier… À Londres, il croise un autre élève du pianiste, Harold Bauer, présent lors du concert du à St-James Hall. Lamond se produit à Berlin pour la première fois le , puis en février 1886, à Vienne, donne un récital consacré exclusivement à Johannes Brahms, chose rare à l'époque[2]. Il rencontre le maître, lors de la création de la Quatrième symphonie par Bulow à Meiningen. Brahms conseille le jeune musicien sur l'interprétation de ses œuvres. Lamond a aussi fait la connaissance de Anton Rubinstein en Allemagne. Il a pu l'entendre jouer au piano et diriger de nombreuses fois, ainsi que plus tard en Russie, dans les années 1890. CarrièreEn plus de devenir un grand interprète de Brahms, Lamond est considéré comme une autorité sur la musique pour piano de Beethoven avant Artur Schnabel. L'éditeur Breitkopf & Härtel publia son édition des sonates pour piano du maître de Bonn. Lamond avait une affinité quasi-spirituelle avec les œuvres de Beethoven :
Un texte de Lamond ayant pour objet les sonates pour piano de Beethoven[3] s'ouvre sur cette phrase : « Haydn est le chemin du Ciel, Mozart est le ciel lui-même et Beethoven est le Dieu qui s'y trouve. » En 1893, Lamond est invité par Vassili Safonov (qui fut le professeur de Josef Lhevinne) à Moscou pour jouer le premier Concerto pour piano de Tchaikovsky à la requête du compositeur. Il n'est pas certain que Lamond ait rencontré, à la faveur de ce voyage, Alexandre Scriabine, mais il jouera plus tard la seconde Sonate pour piano (opus 19). En 1904, il épouse l'actrice autrichienne Irene Triesch (1877–1964) et s'établit à Berlin, sauf pendant les années de guerre. Lamond visite les États-Unis dès 1902, et y effectue de fréquentes tournées durant les années 1920. Il est nommé professeur à l'Eastman School of Music en 1923. Pendant la saison 1924, il est le soliste du Philadelphia Orchestra. En 1917, il est nommé professeur au Conservatoire Royal de La Haye[1] et au cours des années 1930, il se fixe à Berlin[1], jouant l'intégrale des sonates de Beethoven dans de nombreuses capitales du vieux continent. En 1935, Lamond entreprend une tournée en Amérique du Sud, et l'année suivante, tel Anton Rubinstein avant lui, donne une série de concerts couvrant toute la musique écrite pour le clavier de Byrd à Liszt. Dans les années 1920 et 1930, Lamond a enregistré de nombreuses œuvres de Beethoven, comme par exemple, pour la première fois de l'histoire, le Concerto pour piano n° 5 Empereur sous la direction de Eugène Goossens pour His Master Voice. Il enregistre les sonates Clair de Lune, Pathétique, Waldstein et Appassionata, ainsi que les opus 26, et 31 n° 2 La Tempête et l'opus 110. On dispose aussi de pièces de Liszt et un assortiment de petites pièces de divers compositeurs. Bien que ne disposant plus de la technique qui avait été ovationnée dans sa jeunesse (Variations Paganini de Brahms), ses phrasés sont gracieux et chantants. Lamond parlait un français parfait, l'allemand dont plusieurs de ses dialectes, un peu le russe, le turc, et a étudié le gaélique. Fin de sa vieMalgré le déclin de sa technique pianistique, Lamond continue à donner des concerts jusqu'à la fin de sa vie. En 1938, il est surpris à Prague, où il donnait un cycle de récitals, lorsque les Allemands envahissent la Tchécoslovaquie. Trois semaines plus tard, il est forcé d'y abandonner ses biens, notamment le manuscrit d'un roman inachevé, et part avec sa femme pour l'Angleterre. Un de ses amis, raconte qu'à Eger, à la frontière, il fut arrêté par un agent de la Gestapo, qui insistait pour voir son passeport. « Vous pouvez le voir, mais je ne permettrait pas que vous le preniez dans vos mains. » Le policier lui demanda alors s'il était aryen. Lamond répondit : « Non, je suis un singe ». Lamond était un homme au franc-parler qui ne supportait pas l'absurdité[4]. En 1940, obligé de gagner sa vie, se rend à Glasgow et y donne des cours d'interprétation à l'Académie de Musique[1], parfois sur un simple piano droit. Une autre source de revenu fut les dix-neuf émissions pour la BBC. Modeste fin de carrière pour un pianiste ayant connu les grandes figures de Liszt, Anton Rubinstein, Richard Strauss ou Brahms. Frederic Lamond est mort à l'âge de quatre-vingts ans à Stirling. Lamon était un professeur hautement respecté. On peut citer quelques élèves : Rudolf am Bach, Gunnar Johansen (1906–1991), Jan Chiapusso (lui-même professeur de Rosalyn Tureck notamment), Ervin Nyíregyházi (1903–1987), et Victor Borge (1909–2000). À propos de son enseignement, Johansen a écrit :
Lamond faisait d'abord travailler ses élèves à fond le Clavier bien tempéré de Bach pour la forme, puis les Études de Henselt. C'est seulement alors qu'ils les plongeait dans la vaste littérature du piano. Œuvres
Œuvres enregistrées
DiscographieExcepté une session d'enregistrements pour Decca en 1941, Lamond a essentiellement enregistré pour La Voix de Son Maître et son pendant Allemand, Electrola
Bibliographie
Notes et références
Liens externes
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