Georg Solti (ce nom veut dire « habitant de Solt », petite ville au sud de Budapest ; il avait été choisi par son père en 1919, lorsque le Régent Horthy ordonna aux juifs d'adopter un nom hongrois). Son cousin était le photographe germano-hongrois László Moholy-Nagy. Il étudie le piano et la composition avec Kodály, Bartók, Dohnányi et Weiner à l'Académie de musique Franz-Liszt. Il devient ensuite répétiteur à l'Opéra d'État de Budapest, mais n'a pas le droit d'y diriger en raison des lois antisémites en vigueur.
Il remporte néanmoins le premier prix de piano du concours international de Genève en 1942 et, en , à la suite d'une représentation de Fidelio, devient directeur musical de l'Opéra de Munich, débutant le 1er novembre par une exécution du Requiem de Verdi. Le premier opéra donné sous sa direction est Carmen, donné le . Lors des répétitions de Der Rosenkavalier en 1949, il sympathise avec Richard Strauss et dirige le trio de ce même opéra lors des funérailles du compositeur en septembre de la même année. À Munich, il s'est tout de suite fait la réputation d'un chef particulièrement dynamique et imaginatif. De 1952 à 1961, il est directeur de l'Opéra de Francfort où il débute également en dirigeant Carmen. Sa réputation et son répertoire ne cessent de s'agrandir. En plus des opéras de Mozart, Verdi, Wagner et Strauss, il donne Cardillac de Hindemith, Œdipus Rex de Stravinsky, Pénélope de Rolf Liebermann (avec qui il se lie d'amitié), Les Contes d'Hoffmann et Boris Godounov.
De 1969 à 1991, il est chef principal de l'Orchestre symphonique de Chicago. Grâce à lui cet orchestre, en difficultés depuis la mort de Fritz Reiner, va s'affirmer comme un des plus grands du monde, notamment après sa première tournée mondiale en 1971. L'ère Solti se termine en 1991 par une version de concert d'Otello avec Luciano Pavarotti. De 1971 à 1975, il est directeur musical de l'Orchestre de Paris ; de 1979 à 1983, directeur et ensuite chef émérite du London Philharmonic Orchestra. Pendant l'ère Liebermann, il est conseiller musical au Palais Garnier où il dirige les Noces de Figaro, mis en scène par Giorgio Strehler. En 1993 et 1994, il est directeur musical du Festival de Pâques de Salzbourg. En 1947, Solti signe un contrat à vie avec Decca Records, où paraîtront tous ses enregistrements (plus de trois cents au total), son premier (l'ouverture Egmont de Beethoven) et son dernier (la 5e Symphonie de Mahler) ayant été faits avec l'Orchestre de la Tonhalle de Zurich, à l'exception de quelques œuvres de Verdi, enregistrées pour RCA.
En 1994, il crée le Carnegie Hall Project avec un orchestre de jeunes dont les premiers pupitres sont tenus par des solistes prestigieux. En 1995, il fonde le World Orchestra for Peace, recrutant des musiciens des plus grands orchestres du monde. Valery Gergiev sera son successeur, à la demande explicite de Solti. À soixante-dix ans, Sir Georg se remet au piano, jouant notamment la Sonate pour deux pianos et percussion de Bartók aux côtés de Murray Perahia. Sir Georg Solti meurt une semaine jour pour jour avant l'interprétation du Requiem de Verdi qu'il devait donner aux Proms de Londres. La tombe de Sir Georg se trouve près de celle de Béla Bartók dans le cimetière Farkasreti à Buda[1]. Une haie et la tombe de Ditta Pasztory les séparent. Sir Georg s'est toujours souvenu de ses débuts difficiles. Il a personnellement payé les études de nombreux jeunes et, juste avant de mourir, a fait don de trois pianos de concert à l'Académie Franz Liszt de Budapest. En 1990, au lendemain de la destruction d'habitations d'immigrés turcs en Allemagne, Sir Georg Solti a emmené le London Symphony Orchestra afin de donner un concert pour financer leur reconstruction[2].
Style
Pour Solti, une interprétation passe d'abord par une reproduction aussi proche que possible des intentions du compositeur telles qu'elles sont indiquées dans la partition. L'exactitude, notamment rythmique, est primordiale pour lui. Son oreille exceptionnelle ainsi que sa connaissance des possibilités de chaque instrument et son sens de l'équilibre de la masse orchestrale font qu'il est particulièrement à l'aise dans les grandes fresques romantiques et post-romantiques. Son souci de la précision n'en fait pas pour autant un musicien froid : « Solti a une âme profondément lyrique », a dit Sir Peter Hall.
La discographie de Sir Georg Solti s'étend de Bach (Passion selon St Mathieu) et Händel (Le Messie) jusqu'à Michael Tippett. Il a enregistré l'intégrale des opéras de Richard Wagner (excepté Les Fées, La Défense d'aimer et Rienzi), l'intégrale des symphonies de Beethoven, Schumann, Brahms, Anton Bruckner, Mahler et Elgar, ainsi que six des quinze opéras de Richard Strauss, les opéras de maturité de Mozart ainsi que Moïse et Aron d'Arnold Schönberg, neuf opéras et le Requiem de Giuseppe Verdi ainsi que Fidelio de Ludwig van Beethoven et Eugène Onéguine de Tchaïkovski. Son dernier enregistrement constitue un hommage à sa Hongrie natale : la Cantata profana (Cantate profane) de Béla Bartók et le Psalmus Hungaricus (le Psaume hongrois) de Zoltán Kodály y encadrent une œuvre de son premier maître, Léo Weiner. Son tout dernier concert, la 5e de Mahler avec l'orchestre de la Tonhalle de Zurich, a également été enregistré.
Distinctions
Décorations
Chevalier commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique (nommé à titre honoraire en 1971[3], il le devint de plein droit avec prédicat de Sir le quand il fut naturalisé britannique[4]).
Sir Georg Solti est le 2e à détenir le record du plus grand nombre de Grammy Awards, il se place derrière Beyonce qui comptabilise 32 Grammy Awards. Solti en a reçu 31 en son nom, dont 1 pour l'ensemble de sa carrière. 6 autres sont allés à l'ingénieur du son et 1 à un soliste sur des enregistrements qu'il a réalisés. Il a été nommé en tout 74 fois.