En 1953 il est élevé au cardinalat par le papePie XII. Lors du concile Vatican II, il est proche du Coetus Internationalis Patrum qui réunissait les prélats les plus conservateurs[1] mais refuse d'en faire partie[2]. Paradoxalement, c'est aussi une personnalité reconnue par les camalli (dockers) de Gênes, pourtant majoritairement communistes. Cette aura lui valut de servir comme médiateur à diverses reprises pour des conflits importants dans le port [3].
Soucieux d'aider au renouveau de la formation sacerdotale en France, il appelle dans son diocèse l'abbé Jean-François Guérin en 1976 et veille sur la fondation de la communauté Saint-Martin, érigée en pieuse union en 1976 [4].
Papable
Le cardinal Siri est le candidat naturel « des prélats les plus conservateurs au conclave » pendant plus de 20 ans lors des conclaves de 1958, de 1963, d'août 1978 et d'octobre 1978[3].
Après la mort prématurée du pape Jean-Paul Ier, il est le principal candidat conservateur opposé au cardinal Giovanni Benelli, principal candidat libéral. Il obtient le plus de voix jusqu'au sixième des huit tours de scrutin. Cependant sa « personnalité impérieuse » et ses prises de position lui valent une forte opposition de nombre de prélats[3].
Il démissionne du diocèse de Gênes le 6 juillet 1987, à l'âge de 81 ans. Il est remplacé par Giovanni Canestri[3].
Concernant le SIDA, Giuseppe Siri explique en 1987 : « Le monde a progressé surtout dans les sept péchés capitaux. En réponse, Dieu nous a envoyé le SIDA ». Cette maladie est un « châtiment de Dieu »[5].
Les traditionalistes et le cardinal Siri
En 1987, Marcel Lefebvre s'apprête à procéder au sacre de quatre évêques au sein de la fraternité Saint-Pie-X sans mandat pontifical. Cet acte plaçant la fraternité au bord du schisme avec l'Église, il reçoit une lettre pressante du cardinal Siri : « Monseigneur je vous prie à genoux de ne pas vous détacher de l'Église. Vous avez été un apôtre, un grand évêque, vous devez rester à votre place. À notre âge nous sommes devant la porte de l'éternité. Je vous attends toujours ici, dans l'Église et après au paradis. »[6].
En 2003, le quotidienitalienIl Secolo XIX, fondé à Gênes, publie une enquête sur les complicités dont ont bénéficié, au début des années 1950, des nazis dans leur fuite. Des prêtres sont accusés d'avoir aidé les criminels et le cardinal Giuseppe Siri était informé de ces protections. Le franciscain hongrois Edoardo Dömöter et le Croate Carlo Petranovic sont cités. Ce dernier utilisait « la Mercedes noire à plaques diplomatiques du Vatican. Il voyageait souvent, de nuit, entre Gênes et Rome, et revenait de nuit avec une valise diplomatique contenant les passeports offrant une nouvelle vie aux nazis en fuite »[7].
Bibliographie
Gethsemani, réflexions sur le mouvement théologique contemporain, Paris, Téqui, (réimpr. 2001), 384 p.
Notes et références
↑Philippe Roy, « Le Coetus Internationalis Patrum au concile Vatican II: genèse d'une dissidence ? », Histoire@Politique. Politique, Culture, Société, Paris, no 18, , p. 42 à 61 (ISSN1954-3670, DOI10.3917/hp.018.0042, lire en ligne)
↑(it) Raimondo Spiazzi, Il cardinale Giuseppe Siri, arcivescovo di Genova dal 1946 al 1987. La vita, l'insegnamento, l'eredità spirituale, le memorie, Bologna, Edizioni Studio Domenicano, (ISBN978-88-7094-018-3), p. 128.
↑ abcd et e« Le cardinal Giuseppe Siri, archevêque de Gênes, démissionne », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑« SIDA Le cardinal Siro évoque un " châtiment de Dieu " », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑(it) Raimondo Spiazzi, Il cardinale Giuseppe Siri, arcivescovo di Genova dal 1946 al 1987. La vita, l'insegnamento, l'eredità spirituale, le memorie, Bologna, Edizioni Studio Domenicano, (ISBN978-88-7094-018-3), p. 138.
↑« Qui, à Gênes, a aidé des criminels nazis à s'enfuir ? », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )