Gonzague Marie Joseph Vincent François Saint Bris est le fils d'Hubert Saint-Bris (1915-1979), diplomate, ancien élève de l'École nationale d'administration[1], et d’Agnès Mame (1924-2020), poétesse amatrice[2]. Prénommé Gonzague en souvenir de son cousin résistantGonzague de Saint-Geniès[3], deuxième d’une famille de huit enfants (sept garçons et une fille), il est né à Loches et a été élevé au château du Clos Lucé à Amboise, propriété de sa famille depuis le [4]. Par sa mère, il descend de Louis Mame, l'un des éditeurs de La Comédie humaine de Balzac[5]. Son frère aîné, Jean Saint-Bris (1947-2004), quatrième comte romain du nom[6], directeur du château du Clos Lucé, est également mort dans un accident de la route[7]. Du fait de ce décès Gonzague Saint Bris était le cinquième comte romain, par droit d'aînesse. Son frère Edouard est le sixième comte.
Écrivain et journaliste
Autodidacte, il fut successivement journaliste à La Vigie marocaine (1967) au Maroc puis à La Nouvelle République à Tours (1968), critique littéraire, animateur sur la radio Europe 1 (deuxième moitié des années 1970), en particulier de la très intimiste émission La ligne ouverte, parole offerte aux auditeurs et proposant « d’inoubliables instants de radio »[8], chroniqueur au Figaro (1980), fondateur et animateur de la radio libreMéga l'O (1981), directeur de la stratégie et du développement du groupe Hachette Filipacchi Médias (1987-2001), chargé de mission au ministère de la Culture et de la Communication (1986-1988), directeur-propriétaire du magazineFemme[9]. Il est chroniqueur pour Paris Match, notamment lors d'événements concernant les familles princières ou royales, entre autres le mariage du prince Albert II en 2011 à Monaco. À la suite d'un passage de Gonzague Saint Bris dans l'émission de télévision américaineGood Morning America, Michael Jackson demande que l'écrivain l'accompagne durant son voyage en Afrique en . Saint Bris en tire un livre (Au paradis avec Michael Jackson) sorti en 2010. En , à dos de mulet, il refait le trajet effectué en 1516 par Léonard de Vinci à travers les Alpes lorsqu'il fut invité en France par François Ier[10].
Attaché à la Touraine — il a été conseiller municipal de Loches de 1989 à 1995, dans l'opposition[11] —, il mène pendant près de quarante ans des actions culturelles et s'investit dans les projets suivants : Le Nouveau Romantisme, l'Académie romantique (créée avec Patrick Poivre d'Arvor, Brice Lalonde, Francis Huster, Étienne Roda-Gil et Frédéric Mitterrand en 1978)[12], les clips culturels, les radios libres, la Marche Balzac, la Marche George Sand. En 1995, il crée La Forêt des livres à Chanceaux-près-Loches, un festival littéraire gratuit et ouvert à tous qui reçoit chaque dernier dimanche d' auteurs dans une petite commune forestière de 150 habitants en avant-première à la rentrée littéraire. À cette occasion, plusieurs prix sont attribués aux auteurs dans le cadre du prix littéraire Les Lauriers verts. Le succès de ce festival ira croissant, jusqu'à accueillir plus de 50 000 visiteurs lors des dernières éditions. Le festival est renommé « Les écrivains chez Gonzague Saint Bris » après le décès de son fondateur.
Gonzague Saint Bris est, par ailleurs, membre permanent du jury du prix du Guesclin. À sa mort, ses pairs fondent, en son honneur, le Trophée de la biographie Gonzague Saint-Bris, décerné chaque année par ce même jury.
Gonzague Saint Bris fonde également en 1983 le Festival du film de Cabourg, également appelé Journées romantiques. Il nomme le trophée remis aux lauréats le Swann d'or, en référence à Marcel Proust
Le , il est candidat au fauteuil de Michel Droit, mais est battu par Pierre Nora. Le , il se présente au fauteuil de Bertrand Poirot-Delpech : les académiciens préfèrent n'élire personne, l'élection est blanche[13]. Ensuite, le , il est candidat au fauteuil de Jean Dutourd : l'élection est de nouveau blanche. Enfin, il se présente le au fauteuil de René Girard. Encore une fois, l'élection est blanche[14].
Télévision
Gonzague Saint Bris était un invité régulier de l'émission Midi en France sur France 3. Il était également fréquemment invité lors d'émissions historiques, notamment Secrets d'Histoire. Dès le , il anima une chronique dans l'émission OFNI, l'info retournée animée par le jeune Bertrand Chameroy sur W9. L'écrivain parlait d'une information people (le divorce de Brad Pitt et d'Angelina Jolie par exemple) à la manière d'une critique de pièce de théâtre. Il a été membre du jury à Tours lors de l'élection de Miss France 2005 qui a vu le couronnement de la normande Cindy Fabre.
Mort
Gonzague Saint Bris meurt le dans un accident de la route sur la départementale 675 à hauteur de Saint-Hymer, non loin de Pont-l'Évêque (Calvados)[15],[16]. Sa compagne Alice Bertheaume, qui conduisait la voiture, une Renault Mégane, a tenté d’éviter un renard, projetant la voiture contre un arbre. Elle avait 0,80 gramme d'alcool dans le sang. Gonzague Saint Bris, dont la ceinture de sécurité n'était pas attachée, a été éjecté et tué sur le coup, sa compagne légèrement blessée[16],[17],[18],[19].
Le soir du drame, le couple sortait d'une réception passée à Deauville, après avoir dîné dans un restaurant de la ville pour rejoindre Bonneville-la-Louvet où il devait passer la nuit[20].
Les obsèques de l'écrivain ont lieu le en la collégiale Saint-Denis d'Amboise et l'inhumation au cimetière des Ursulines de cette même ville, non loin du Clos Lucé[21].
Alice Bertheaume est jugée le par le tribunal correctionnel de Lisieux. Elle est condamnée à six mois de prison avec sursis pour « homicide involontaire par conducteur sous l'emprise d'un état alcoolique »[22].
Il est l'auteur de près d'une quarantaine de livres, dont Le Romantisme absolu, de récits historiques (Les Égéries russes, et Je vous aime inconnue, Le Coup d'éclat du ) et de biographies comme celles de Vigny, Dumas, Balzac, Flaubert, La Fayette[29].
« Les vigoureux apports imaginatifs qui surgissent — pour vous particulièrement — de la vallée de la Loire, habitée, naviguée, rêvée, photographiée par vous, vous ont donné un de vos meilleurs livres. Le temps y devient flexible et l’histoire s’y incorpore familièrement. Merci pour ce livre hanté par les chroniques fabuleuses, la géographie des paysages, mais encore plus par la légende, par le souvenir et par le songe. »
Le , il reçoit le prix Hugues-Capet, mention « Grand prix spécial », pour l'ensemble de son œuvre, dont sa biographie Louis XI, le méconnu.
Il apparaît comme frère Gonzague, l'un des maîtres de l'ordre des chevaliers de Rhodes, dans la bande dessinée Général Leonardo d'Erik Svane et Dan Greenberg[31].
↑Marguerite Coleman, Histoire du Clos-Lucé, Tours, Arrault et Cie, 1937, pp. 93-94.
↑Françoise Dargent, « Mort tragique de l'écrivain Gonzague Saint Bris », Le Figaro, (ISSN0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
↑Ce titre héréditaire a été accordé par le pape Pie IX à l'aïeul Georges Saint-Bris (1841-1922), compositeur, par un bref pontifical du . Cf. D. Labarre de Raillicourt, Les comtes du pape en France (XVIe – XXe siècles), Paris, chez l'auteur, 1967 ; Luc Boisnard, Dictionnaire des anciennes familles de Touraine, Éditions régionales de l'Ouest, Mayenne, 1992, p. 371.
↑« Jean Saint-Bris, l'âme du Clos-Lucé », Le Figaro, 11 mars 2004
↑Éric de Bellefroid, « L'écrivain Gonzague Saint Bris décède dans un accident de voiture », La Libre Belgique, (lire en ligne, consulté le ).