Phrases R : R20/21 : Nocif par inhalation et par contact avec la peau. R36/37/38 : Irritant pour les yeux, les voies respiratoires et la peau.
Phrases S : S26 : En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l’eau et consulter un spécialiste. S36 : Porter un vêtement de protection approprié.
La gramicidine est un mélange d'antibiotiques, aussi nommé gramicidine D d'après René Dubos qui découvrit ce peptide à la fin des années 1930. Ce mélange est composé de gramicidine A (80 %), B (6 %) et C (14 %), et est isolé dans la bactérie Bacillus brevis. C'est un pentadécapeptide composé de 15 acides aminés que l'on retrouve sous forme de chaine linéaire, contrairement à la gramicidine S cyclique. La gramicidine est considérée comme le premier antibiotique naturel découvert et commercialisé.
Bien que des injections intrapéritonéales sur des souris aient montré que celles-ci étaient protégées contre des infections bactériennes fatales, la gramicidine D est toxique lorsqu'elle est administrée par voie intraveineuse, et ne peut donc être utilisée pour traiter des infections systémiques. Néanmoins, la gramicidine D fut utilisée comme pommade durant la Seconde Guerre mondiale pour traiter des blessures et des ulcères et est encore utilisée dans certaines préparations[8].
Dans le mélange gramicidine D, l'espèce prédominante est la gramicidine A (80 %), où l'acide aminé en position 11 (dénoté X dans la séquence) se trouve être un résidu L-Trp. Les gramicidines B et C présentent elles respectivement des résidus L-Phe et L-Tyr en position 11. De plus, il faut noter qu'en position 1, le résidu L-Val est remplacé par le L-Ile dans 5 à 20 % des molécules.
Cette séquence est l'une des plus hydrophobes connues[11], et par conséquent la solubilité dans l'eau de la gramicidine est très faible, de l'ordre de 5×10−7mol·l-1[2].
Structure secondaire
La particularité de l'alternance d'acides aminés L- et D- dans la structure primaire de la gramicidine implique une grande sensibilité quant à l'environnement dans lequel est placé le peptide. Deux formes principales ont été observées : la forme dimérique en simple hélice et la forme dimérique en double hélice :
Dans la forme double hélice, les deux chaînes polypeptidiques forment entre elles une série de liaisons hydrogèneintermoléculaires sur toute la longueur des chaînes (sous la forme de feuillets bêta parallèles ou antiparallèles) et sont enroulées sous forme d'hélice. Cette structure est décrite comme structure ππ5,6 ou ππ6,4 (l'exposant indiquant le nombre d'acides aminés par tour dans chaque hélice monomérique). La version antiparallèle de la double hélice est désignée comme étant la forme poreuse[12] ;
Dans la forme simple hélice, chacune des deux chaînes polypeptidiques forment aussi des liaisons hydrogène, mais principalement de manière intramoléculaire. Les acides aminés en position N-terminale forment six liaisons hydrogèneintermoléculaires qui permettent d'associer les deux monomères[13]. Cette structure est décrite comme structure ββ6,3 (de même que précédemment, l'exposant indiquant le nombre d'acides aminés par tour dans chaque hélice monomérique). Cette forme est désignée comme étant la forme canal[12]. Le diamètre de ce canal est de l'ordre de 4 Å, et la longueur du dimère atteint 26 Å, du même ordre de grandeur que la partie hydrophobe de la bicouche lipidique de la membrane plasmique[14].
Mode d'action
Les gramicidines linéaires sont une famille d'antibiotiques de type porine dont l'activité antibactérienne s'exerce par l'augmentation de la perméabilité cationique de la membrane plasmique de la bactérie cible[15]. Cette perméabilité est due à la formation de canaux au travers de la bicouche lipidique[16], du fait de la structure en hélice de la gramicidine dimérique.
La gramicidine est étudiée comme antiviral, et présente une activité contre le VIH[17] et l'herpès[18] à des concentrations de l'ordre du nanogramme.
Utilisation clinique
Bien que d'un intérêt limité de nos jours, la gramicidine fut le premier antibiotique naturel découvert et commercialisé[8]. La gramicidine n'irrite pas les muqueuses et est peu absorbée à travers la peau.
↑(en) A. M. O'Connell, R. E. Koeppe et O. S. Andersen, « Kinetics of gramicidin channel formation in lipid bilayers: transmembrane monomer association », Science, vol. 250, no 4985, , p. 1256-1259 (ISSN0036-8075, DOI10.1126/science.1700867).
↑(en) F. M. Harold et J. R. Baarda, « Gramicidin, Valinomycin, and Cation Permeability of Streptococcus faecalis », J. Bacteriol., vol. 94, no 1, , p. 53-60 (ISSN0021-9193, lire en ligne).
↑(en) S. B. Hladky et D. A. Haydon, « Discreteness of Conductance Change in Bimolecular Lipid Membranes in the Presence of Certain Antibiotics », Nature, vol. 225, no 5231, , p. 451-453 (ISSN0028-0836, DOI10.1038/225451a0).
↑(en) A. S. Bourinbaiar et C. F. Coleman, « The effect of gramicidin, a topical contraceptive and antimicrobial agent with anti-HIV activity,against herpes simplex viruses type 1 and 2 in vitro », Arch. Virol., vol. 142, no 11, , p. 2225-2235 (ISSN0304-8608, DOI10.1007/s007050050237).