Grand Prix automobile du Mexique 1963Grand Prix du Mexique 1963
Le Grand Prix du Mexique 1963 (II° Gran Premio de Mexico), disputé sur le circuit de Mexico le , est la cent-vingtième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la neuvième manche du championnat 1963. Contexte avant la courseLe championnat du mondeDepuis 1961, la Formule 1 suit la réglementation 1 500 cm3 (dérivée de l'ancienne Formule 2 de la période 1957 à 1960). Initialement prévue pour une période de trois ans, la formule a été prolongée de deux années supplémentaires par la Commission sportive internationale, garantissant la stabilité technique jusqu'à fin 1965[1]. La réglementation s'appuie sur les points suivants[2] :
L'insolente domination de Jim Clark et de sa Lotus cette saison a permis au champion écossais (vainqueur de cinq des huit manches déjà disputées) de s'approprier le titre mondial bien avant la dernière épreuve du calendrier. Bien que n'ayant remporté aucun Grand Prix, Richie Ginther, grâce à ses nombreuses places d'honneur, paraît le mieux placé pour devenir son dauphin, mais Graham Hill, son coéquipier chez BRM, a mis fin à une longue série noire en s'imposant aux États-Unis et peut logiquement viser cette place. Le circuitRéalisé en 1959 dans un parc de la banlieue sud-est de Mexico, le circuit Magdalena Mixhuca a tout d'abord accueilli des courses de voitures de tourisme avant d'être retenu pour l'organisation du premier Grand Prix du Mexique, en 1962, épreuve hors championnat marquée par l'accident mortel survenu au héros local Ricardo Rodríguez lors des essais. Très modernes, les installations comportent d'immenses tribunes couvertes et des grands stands qui peuvent faire office de garages[3]. Le circuit routier emprunte partiellement l'anneau de vitesse ; long de cinq kilomètres, son tracé se caractérise par ses nombreuses courbes, dont le très rapide virage relevé de La Peraltada, débouchant sur la principale ligne droite. L'altitude élevée (2 285 mètres) pénalise les moteurs, qui perdent jusqu'à vingt pour cent de leur puissance. Vainqueur du premier Grand Prix sur sa Lotus, Jim Clark détient le record de la piste, ayant accompli un tour à 150,4 km/h de moyenne[4]. Monoplaces en liceNote : les puissances des moteur, basées sur les mesures des bancs d'essais, sont données à titre indicatif : en raison de l'altitude élevée, les puissances disponibles sur le circuit de Mexico sont inférieures à celles indiquées.
Graham Hill et Richie Ginther disposent de leurs habituelles P57, avec lesquelles ils se sont récemment imposés aux États-Unis. Ces monoplaces à châssis multitubulaire sont équipées d'un moteur V8 à injection indirecte Lucas développant 208 chevaux à 11000 tr/min, accouplé à une boîte de vitesses à six rapports. Elles pèsent 475 kilos à vide[5]. La Scuderia Centro Sud engage de son côté une BRM P57, dotée de l'ancienne boîte à cinq rapports, confiée au pilote local Moisés Solana.
Comme à Watkins Glen, Colin Chapman aligne trois Lotus 25 à châssis monocoque pour Jim Clark, Trevor Taylor et Pedro Rodríguez. Pesant 455 kg à vide, ce sont les plus compactes et les plus légères monoplaces du plateau. Elles sont dotées de moteurs V8 Coventry Climax FWMV, en version injection (198 chevaux à 9500 tr/min) pour Clark et Taylor et en version carburateurs (184 chevaux) pour Rodríguez[6]. Deux types de boîtes de vitesses sont utilisés : boîte Hewland à cinq rapports pour Taylor, boîte cinq ZF pour ses coéquipiers[7].
Les modèles 25 étant pour l'instant réservés à l'usine, Colin Chapman propose à ses clients ses Lotus 24 à châssis multitubulaire (dont la coque est quatre fois moins rigide que celle des 25[8]). Ces modèles peuvent recevoir le moteur V8 Climax ou le V8 BRM, ce dernier étant plus généralement adopté. Reg Parnell a engagé deux 24 pour Chris Amon et Hap Sharp tandis que l'équipe BRP en aligne une pour Jim Hall. Le pilote indépendant Jo Siffert dispose de sa propre 24. Tous utilisent un moteur V8 BRM. Walt Hansgen a quant à lui dû déclarer forfait, sa monoplace accidentée quelques semaines plus tôt n'étant pas réparée.
Bruce McLaren et Tony Maggs pilotent les deux Cooper T66 engagées par l'usine de Surbiton. Ces monoplaces à châssis tubulaire, conçues par Owen Maddock, sont dotées d'un moteur V8 Climax à injection, accouplé à une boîte de vitesses à six rapports réalisée en interne. Elles pèsent 460 kg à vide[9].
Rob Walker engage une T66 pour le Suédois Joakim Bonnier. Elle est dotée d'un V8 Climax à injection et d'une boîte de vitesses Colotti à six rapports. Le pilote privé Frank Dochnal effectue sa première sortie en Formule 1 au volant d'une ancienne T51 à moteur quatre cylindres Climax FPF[10].
La Scuderia Ferrari aligne deux 156 Aero pour John Surtees et Lorenzo Bandini, les deux pilotes disposant en outre chacun d'une 156-63, en guise de mulet. Apparue à Monza, la 156 Aero est la première monoplace à structure monocoque du constructeur italien. Elle dispose de la même mécanique (moteur V6 à injection directe Bosch délivrant 205 chevaux à 10500 tr/min, boîte de vitesses à cinq rapports) que la précédente 156-63 à châssis tubulaire, mais sa carrosserie est beaucoup plus fine et sa masse moindre (460 kg contre 480 pour sa devancière[11]).
Le pilote-constructeur Jack Brabham et son coéquipier Dan Gurney s'alignent sur leurs Brabham BT7 à moteur V8 Climax à injection et boîte cinq vitesses Hewland. Ces monoplaces ont un châssis multi tubulaire et pèsent 470 kg à vide[9].
Innes Ireland devait piloter sa BRP Mk1 à moteur V8 BRM mais, blessé lors des essais du North-West Grand Prix, dans la région de Seattle, a dû renoncer à disputer les dernières épreuves de l'année[12].
L'équipe Automobili Turismo e Sport engage ses deux ATS 100 à châssis multitubulaire, toujours confiées à Phil Hill et Giancarlo Baghetti. Ces monoplaces de 460 kg sont équipées d'un moteur V8 à carburateurs, d'une puissance de l'ordre de 190 chevaux, accouplé à une boîte Colotti à six rapports[13].
Comme à Watkins Glen, Masten Gregory pilote la Lola Mk4A de l'équipe de Reg Parnell. Équipée d'un moteur V8 Climax à injection et d'une boîte de vitesses Colotti à six rapports, cette monoplace à châssis multitubulaire accuse 490 kg sur la balance[14].
Carel Godin de Beaufort aligne son ancienne Porsche 718 à moteur quatre cylindres à plat refroidi par air, d'une puissance de l'ordre de 165 chevaux[15]. Coureurs inscritsQualificationsLes séances qualificatives ont lieu le vendredi et le samedi précédant la course. Deux sessions de quatre heures sont prévues[1]. Première séance - vendredi 25 octobreLes premiers essais qualificatifs commencent le vendredi après-midi, à treize heures, sous le soleil. Jim Clark est parmi les premiers en piste mais se rend vite compte que les réglages de son moteur ne sont pas adaptés à l'altitude et regagne son stand après seulement quelques minutes. Les mécaniciens de l'équipe Lotus parviennent à trouver rapidement le bon réglage de l'injection et le champion du monde effectue alors une série de tours très rapides. Tournant à 151,5 km/h de moyenne, il sera le seul à descendre sous la barre des deux minutes, améliorant son record de l'année précédente. Derrière lui, John Surtees (Ferrari) et Graham Hill (BRM) sont relégués à plus d'une seconde. Les autres pilotes sont beaucoup plus loin, ayant tout d'abord cherché à optimiser leurs réglages sur ce circuit spécifique avant de se faire surprendre par l'arrivée de la pluie en fin de session. Alors qu'il effectuait son premier tour lancé, Frank Dochnal est sorti de la route et a percuté le talus, endommageant la suspension arrière de sa Cooper ; sa monoplace étant irréparable, il doit déclarer forfait.
Deuxième séance - samedi 26 octobreIl pleut le samedi après-midi et malgré l'accalmie survenant en fin de séance, la piste va rester détrempée. Dans ces conditions, Jack Brabham, dont la monoplace n'était pas tout à fait au point la veille, se montre nettement le plus rapide, près de deux secondes devant Surtees ; il sera le seul pilote à améliorer sa position sur la grille, presque exclusivement déterminée par les temps réalisés la première journée. Clark s'élancera donc une nouvelle fois en pole position, au côté de Surtees.
Tableau final des qualifications
Grille de départ
Déroulement de la courseIl a plu durant la nuit mais la piste est sèche lorsque le départ est donné, le dimanche à quatorze heures trente, devant soixante-cinq mille spectateurs[18]. Lorsque le drapeau se baisse, Jim Clark se met immédiatement en action et place sa Lotus en tête devant la Ferrari de John Surtees et la Brabham de Dan Gurney. Graham Hill a eu du mal à engager une vitesse et sa BRM a perdu plusieurs places. À la fin du premier tour, Clark repasse légèrement détaché devant Surtees et Gurney, tous deux au coude à coude. Ils précèdent la Cooper de Bruce McLaren et la BRM de Richie Ginther, alors que, mal placé au départ, Jack Brabham est déjà remonté en sixième position. Gurney prend facilement l'avantage sur Surtees, tandis que McLaren ne reste pas longtemps en tête du peloton de chasse, se faisant déborder par Ginther au cours du deuxième tour, puis par Brabham au suivant. Ce dernier déborde la BRM peu après, accédant au quatrième rang. Après cinq tours, Clark domine largement, possédant déjà cinq secondes d'avance sur Gurney, alors que Surtees est relégué trois secondes plus loin. Le champion du monde maintient un rythme très soutenu, égalant régulièrement son temps de qualification. Au la fin du dixième tour, il possède une marge de huit secondes sur Gurney et de dix-sept sur Surtees, l'ancien motard (dont la voiture, réglée pour piste humide, sous-vire beaucoup)[17]) étant en passe d'être rejoint par le trio Brabham, Ginther et McLaren. Septième, Graham Hill perd progressivement du terrain, le champion britannique devant en permanence garder une main sur le sélecteur pour empêcher les vitesses de sauter. Alors qu'en tête Clark continue à creuser l'écart sur ses poursuivants, Brabham rejoint Surtees et le dépasse dans le quinzième tour. Mécontent du comportement de sa Ferrari, le Britannique regagne son stand quelques minutes plus tard pour faire ajuster la pression des pneus. Au moment de repartir, il ne peut redémarrer son moteur ; ses mécaniciens poussent alors sa voiture pour la relancer, mais cette manœuvre est interdite et les officiels le disqualifient aussitôt. Ginther, toujours talonné par McLaren retrouve la quatrième place. Sur la deuxième Ferrari, Lorenzo Bandini a dépassé Hill, les deux hommes roulant de concert. Devant, Clark accentue toujours son avance, loin devant les deux Brabham. Au vingt-cinquième tour, la Lotus du champion du monde possède une marge d'environ vingt-cinq secondes sur son premier poursuivant mais Clark continue cependant à foncer, battant à plusieurs reprises le record de la piste. Gurney commence alors à connaître quelques problèmes d'alimentation d'essence et son coéquipier, qui se maintenait à une quinzaine de secondes derrière lui, va se rapprocher peu à peu. Malgré ses problèmes de boîte de vitesses, Hill est parvenu à prendre la sixième place à Bandini ; peu après, l'abandon de McLaren (moteur cassé), lui permet de gagner une place supplémentaire. À la mi-course, l'écart entre les deux premiers est passé à quarante-huit secondes, Brabham étant quant à lui revenu à une dizaine de secondes de son camarade d'équipe. La pompe d'injection de ce dernier se désamorce alors ; l'Américain parviendra à redémarrer son moteur mais entretemps Brabham est passé en seconde position. Gurney ne peut suivre et va régulièrement perdre du terrain, peu à peu rattrapé par Ginther et Hill, alors que Bandini a dû renoncer, allumage hors d'usage, permettant à Moisés Solana d'accéder à la sixième place, pour la plus grande joie de son public. Le pilote mexicain va cependant perdre le bénéfice de sa course régulière un peu plus tard, le moteur de sa BRM rendant de l'huile ; après quelques tours à allure réduite, Solana doit renoncer. Malgré un baroud d'honneur de Brabham, momentanément détenteur du record du tour, Clark a la situation bien en main. Il accélère encore l'allure, portant le record de la piste à 152,4 km/h de moyenne. Brabham va dès lors assurer sa deuxième place et le champion du monde ne sera dès lors plus inquiété et terminera la course avec plus d'une minute et demie d'avance sur l'Australien, remportant sa sixième victoire de la saison. Moteur hoquetant, Gurney n'a rien pu faire pour contrer Ginther et Hill, qui s'adjugent les troisième et quatrième places. Terminant au ralenti, l'Américain sera même dépassé par la Cooper de Joakim Bonnier, pourtant attardé, en fin de course, et ne se classera que sixième. Classements intermédiairesClassements intermédiaires des monoplaces aux premier, troisième, cinquième, dixième, quinzième, vingtième, vingt-sixième, trente-troisième, quarantième et cinquantième tours[9],[19].
Classement de la course
Légende :
Pole position et record du tour
Tours en tête
Classement général à l'issue de la course
À noter
Notes et référencesNotes
Références
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