Grande galerie de l'ÉvolutionGrande galerie de l'Évolution
La grande galerie de l'Évolution (GGE) est l'une des galeries du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN). Les galeries du Muséum sont des bâtiments qui constituent en eux-mêmes des musées (elles sont labellisées « musée de France ») et chacune se spécialise dans un domaine spécifique de l'histoire naturelle. La grande galerie de l'Évolution se situe dans la partie sud-ouest du Jardin des plantes dans le Ve arrondissement de Paris, en France. Créée à partir de l'ancienne galerie de Zoologie, la grande galerie de l'Évolution est un espace d'exposition rénové en 1994 qui porte sur l'évolution des espèces et la diversité du monde vivant et s'appuie sur une scénographie contemporaine des collections d'histoire naturelle du MNHN. Dans un espace réservé et une ambiance crépusculaire sont présentées les espèces disparues ou très menacées. Un autre espace, plus coloré et ludique, est spécialement conçu pour les jeunes enfants : c'est la « galerie des enfants ». Enfin le sous-sol est dédié aux expositions temporaires. HistoireLa galerie de ZoologieLorsque Louis XIII crée en 1635 le Jardin royal des plantes médicinales, il acquiert non seulement des terrains à l’est de Paris mais aussi une grande bâtisse, le « Château », qui va abriter l’intendance du Jardin et un « Cabinet d'Histoire naturelle » où sont conservées les toutes premières collections, qui vont rapidement s’enrichir de donations et de campagnes de collectes à travers le monde. En 1793, la Convention crée le Muséum national d'histoire naturelle. L’accroissement des collections s’amplifie pendant tout le XIXe siècle et le Cabinet d'Histoire naturelle devient trop exigu. Avec l'appui du président Adolphe Thiers, la construction d'une nouvelle galerie de Zoologie par l'architecte Louis-Jules André est décidée. En , peu après l'inauguration de la tour Eiffel, la Galerie est ouverte. La verrière permettait alors de bénéficier de l'éclairage naturel. L'esprit muséologique de l'époque tendait à une présentation surtout systématique des collections allant du sol au plafond sur plusieurs niveaux, classées par groupes zoologiques ; en bas, au milieu de l'espace d'exposition, les plus gros spécimens trônaient, alignés comme à la parade[2]. Après la Seconde Guerre mondiale, alors que l'importance de l'histoire naturelle est peu perçue par la société française, les moyens financiers alloués au Muséum ne permettent plus de réparer et d'entretenir la Galerie : la verrière se dégrade, doit être couverte de bâches en 1966 pour empêcher l'eau de passer au travers, et la fermeture définitive est alors prononcée. En 1968, à la suite d'une campagne médiatique sur le thème du patrimoine en danger, les chercheurs du Muséum obtiennent la construction en urgence d'une toiture provisoire en zinc qui protège la Galerie et les spécimens, mais plonge les présentations dans la pénombre. La Galerie n'est plus alors qu'une cathédrale immobile, qu'immortalise le peintre suisse Jürg Kreienbühl. Durant les années de fermeture, les chercheurs du Muséum se mobilisent pour définir l'évolution des espèces comme nouveau projet muséologique et scientifique pouvant fédérer les présentations de la Galerie. En 1986, la plupart des spécimens quittent la Galerie et sont installés dans une nouvelle réserve souterraine, la zoothèque, construite à partir de 1981 devant la Galerie, à la place de l'ancien bassin aux Nymphéas, sous le directorat de Jean Dorst, en lien avec Hélène Waysbord-Loing du ministère de l'Éducation nationale. Avant la rénovation de la Galerie, dont le coût était estimé à plusieurs dizaines de millions de francs, le spectacle « Fauve qui peut » y fut organisé par le chanteur Renaud Séchan qui fit ensuite une donation de 900 000 francs au Muséum[3]. La métamorphoseEn 1987, la « cellule de préfiguration de la grande galerie » est créée par Philippe Taquet, alors directeur du Muséum. Elle comprend les muséologues Geneviève Meurgues, Fabienne Galangau Quérat, Jacques Maigret, Florence Raulin Cerceau et Michel Van Praët[4] entourés par les autres chercheurs du Muséum, en particulier Francis Petter et Patrick Blandin, et par la communauté scientifique nationale. Cette cellule rédige le premier synopsis de la Galerie qui renverse l’approche strictement systématique et didactique, développée dans les musées à l’époque ou basée antérieurement sur les dioramas et les spécimens accumulés en vitrines. En , Paul Chemetov, Borja Huidobro, Pontus Hultén associés au scénographe René Allio et à l'architecte muséographe Roberto Benavente, sont désignés par un jury international comme lauréats du concours d’architecture organisé par l'Éducation nationale et le MNHN, parmi six équipes en compétition. Le , à l'occasion de l'inauguration de l'exposition « D'ours en ours » consacrée à l'ours des Pyrénées, François Mitterrand visite la Galerie alors vétuste et fermée, puis décide d'inclure sa rénovation dans les grands travaux présidentiels. En , la maîtrise d’ouvrage du projet est ainsi confiée au secrétariat d’État chargé des Grands Travaux dirigé par Émile Biasini. Le chantier est ouvert en . Le les grands mammifères qui n’avaient pas rejoint la zoothèque du fait de leur taille, quittent la Galerie et sont transférés dans un hangar situé sur l’allée Nicolas-Houël de l’îlot Buffon-Poliveau pour y être restaurés par les trois taxidermistes du Muséum : Christophe Gottini, Franz Jullien et Jack Thiney aidés d'un taxidermiste privé, Yves Walter, comme la plupart des animaux choisis pour illustrer le propos scientifique de la Galerie. En trois ans, un millier d’animaux sont restaurés : 350 mammifères, 500 oiseaux, plus d’une centaine de reptiles, de poissons et d’amphibiens. Après ces restaurations, les animaux naturalisés rejoignent la Galerie ou la zoothèque souterraine, tandis que le hangar devient une lithothèque qui reçoit notamment une partie des collections de la galerie de Minéralogie et de Géologie en rénovation. La Galerie commence alors sa métamorphose : la nouvelle entrée, accessible de plain-pied, est un vaste hall dans l’axe longitudinal de la nef, où se trouvent caisses, vestiaires, toilettes et une librairie. Pour cela, la « passerelle de Vénus » qui reliait la Galerie de Zoologie à l'extrémité Ouest de la galerie de Minéralogie et Géologie, est démolie et offre ainsi une nouvelle source de lumière naturelle outre celle filtrée de la verrière zénithale. Puis la nef est creusée pour créer deux niveaux supplémentaires ; il s’agit de l’une des étapes les plus délicates du chantier. Cette excavation met au jour des fondations en pierre de meulière et des arcatures ayant appartenu au « Cabinet de curiosités » du jardin royal des plantes médicinales. Le comblement de la nef à rez-de-chaussée est ensuite réalisé avec une structure métallique contemporaine qui complète l’architecture en fonte du XIXe siècle. La scénographie de la Galerie est confiée à René Allio qui pose les principes fondamentaux en respectant les nouvelles idées scientifiques de la fin du XXe siècle et en définissant des espaces communs et particuliers, des présentations variées, généralistes ou thématiques, une esthétique du vide et du plein, des parois animées. Pour la première fois au monde un muséum choisit de baser la présentation générale de ses collections sur le diagramme de l’évolution des espèces selon les principes de la cladistique. Le 23 mars 1993, le jardin des plantes, ainsi que l'ensemble de ses bâtiments, sont classés monument historique[5]. La grande galerie de l'Évolution est inaugurée le par François Mitterrand. En 2014, treize millions de personnes ont visité la grande Galerie, le record de fréquentation datant de 2013 avec 800 000 entrées[6]. Afin de célébrer les 20 ans de la Galerie, une rénovation est réalisée de 2011 à 2014 sous la conduite de Paul Chemetov : 700 spécimens exposés sont restaurés et le dispositif son et lumière est amélioré[7]. L'exposition permanenteLa mise en scène de l'exposition a été réfléchie suivant l'architecture du bâtiment et les thèmes représentés. Cela se traduisait par un spectacle sonore et lumineux dans la nef centrale et conçu par René Allio avec Georges Bœuf et André Diot. Projet muséal ambitieux, elle a influencé d'autres musées d'histoire naturelle. Dès le dévoilement du projet du Muséum en 1988, le Muséum américain d'histoire naturelle réoriente ainsi la rénovation de son hall des mammifères fossiles vers un réaménagement selon la méthode cladistique, de ses 6 halls de fossiles et dinosaures, inaugurés le [8]. Plan de la GalerieL'ensemble de la Galerie contient 6 000 m2 d'exposition répartis sur 3 niveaux :
Acte I : la diversité du vivantLe niveau 0 offre aux visiteurs une représentation des milieux marins. Le squelette d'une baleine franche australe accueille les visiteurs dans ce lieu composé de différents milieux de vie :
Le niveau 1 expose les différents milieux terrestres du monde entier :
À ce même niveau, se trouve aussi une petite cafétéria, un accès à la médiathèque et la galerie des enfants. Acte II : l'évolution de la vieLe but de cette exposition est de présenter l'évolution des êtres vivants depuis la cellule jusqu'aux êtres pluricellulaires, mais aussi la manière dont les humains on découvert ces réalités biologiques. Les thèmes suivants sont abordés :
Acte III : l'homme, facteur d'évolutionL'exposition située au niveau 2 de la nef centrale est dédiée aux modifications de l'Homme sur le monde vivant et son évolution. Les thèmes suivants sont présentés :
Des salles annexesLa salle des espèces menacées et des espèces disparuesLa « salle des espèces menacées et des espèces disparues » regroupe une exceptionnelle collection d'animaux naturalisés. Ces 257 objets rares sont regroupés dans l'ancienne galerie des oiseaux de la galerie de Zoologie. Parmi ces œuvres, se trouvent :
Cette salle présente aussi l'horloge signée Robin de la reine Marie-Antoinette datant de 1785. Placée dans la chapelle du Petit Trianon en , elle y reste jusqu'en . À cette date, la Convention nationale la transfère au Muséum. La galerie des enfantsLa galerie des enfants[9] a ouvert ses portes officiellement en octobre 2010 dans le but de sensibiliser le jeune public à la biodiversité. Cet espace est divisé en quatre parties distinctes et compte deux étages :
Deux ateliers complètent la Galerie, l'un proposant des loupes binoculaires et des spécimens à toucher et observer, l'autre appelé « petit théâtre » permettant des animations pour les plus jeunes[9]. Le cabinet de réalité virtuelleLe , le cabinet de réalité virtuelle a ouvert au 3e étage de la grande galerie de l'Évolution avec « Voyage au cœur de l’Évolution », une expérience proposée par le Muséum et la Fondation Orange. Dotée de cinq stations, c'est l'une des toutes premières salles permanentes de réalité virtuelle en France et la première dans un musée[10] ,[11]. Les expositions temporairesDes expositions temporaires s'étaient déjà succédé dans la galerie de Zoologie fermée, dans ce qui est aujourd'hui la galerie des enfants : « Les pigments végétaux » en 1963, « Orchidées et plantes épiphytes » en 1966, « Météorites, messagères du cosmos » en 1968, « La Nature au microscope électronique » en 1971, « Le Sahara avant le désert » en 1974, « Les plus beaux coquillages du monde » en 1975, « Histoire naturelle de la sexualité » en 1977[12], « Claude Bernard naturaliste » en 1978, « La bionique » en 1985 et le « Bicentenaire de Buffon » en 1988[13]. Avec la réorganisation de la Galerie en 1994, une grande salle de 1 000 m2[1] a été aménagée au sous-sol du bâtiment pour continuer à y présenter des expositions temporaires. Bien que l'évolution et l'écologie fassent le principal objet de la Galerie, le Muséum destine cet espace d'exposition à l'histoire naturelle et aux sciences en général. Voici quelques-unes des expositions qui ont été organisées dans ce nouvel espace :
Origine et diversité des collectionsLes collections du Muséum national d'histoire naturelle sont un patrimoine riche et important et ont permis de comprendre l'évolution de la vie. Ces collections ont commencé avec la naissance du Jardin royal des plantes médicinales en 1635 et se sont amplifiés ensuite avec la création du Muséum d'histoire naturelle à la Convention en 1793. La collection détient aujourd'hui 75 millions de spécimens répartis comme suit : 40 millions d'insectes, 17 millions de pages d'herbier, 1 million de poissons et 80 000 oiseaux et mammifères ainsi que des reptiles, amphibiens, fossiles, minéraux et roches. 9 500 spécimens sont exposés (mammifères, oiseaux, insectes…)[43]. La salle des espèces disparues et menacées contient de nombreuses pièces rares soigneusement entretenues comme les pièces dites "types" (spécimens qui ont permis de décrire pour la première fois une espèce animale ou végétale). Ce sont les références qui ont permis d'établir la classification des espèces. Aujourd'hui encore les chercheurs du monde entier continuent de remplir cette collection. Les missions des chercheurs du Muséum ainsi que ceux d'autres organismes comme l'Ifremer ou le CNRS permettent d'enrichir cette collection conservée sous les parois de la grande galerie de l'Évolution dans la zoothèque souterraine. Curiosités
Quelques chiffres
AccèsLa grande galerie de l'Évolution est desservie par la ligne 7 du métro de Paris (station Censier-Daubenton) et par les lignes d'autobus 24, 67 et 89 (station Buffon-La mosquée). Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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