Le musée des Antiquités nationales, créé en 1862 et devenu musée d'Archéologie nationale et domaine national de Saint-Germain-en-Laye en 2009[3], est un musée consacré à l'archéologie de la France. Il présente également une riche collection d'archéologie comparée des cinq continents. Il est installé dans le château de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), restauré par Eugène Millet, élève d'Eugène Viollet-le-Duc, pour accueillir les salles d'exposition du musée.
Le musée est créé par décret impérial le 8 mars 1862 et inauguré le 12 mai 1867. Napoléon III souhaite y rassembler les témoignages archéologiques de l’histoire de la Nation. Dès son origine, il est abrité au château de Saint-Germain-en-Laye, haut lieu historique.
Survivant à la chute du Second Empire, le musée connaît un fort développement jusqu’en 1921, avec tout particulièrement l’organisation muséographique de l’archéologie comparée des 5 continents coordonnée par Henri Hubert.
À la suite du premier conflit mondial, le musée connaît des heures plus sombres, avec pour point d’orgue la période de l’occupation, entre 1940 et 1944.
André Malraux, ministre de la Culture, offre au musée un nouvel élan dans les années 1960.
Depuis 2009, musée, château et jardins sont réunis dans un même établissement ouvrant une nouvelle page de l’histoire de l’institution.
Le nom du musée a évolué à plusieurs reprises depuis sa création en 1862 :
musée des Antiquités gallo-romaines, 1862 ;
musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines ;
musée des Antiquités nationales, 1879 ;
musée d'Archéologie nationale, 2005 ;
musée d'Archéologie nationale et domaine national de Saint-Germain-en-Laye, 2009.
Aujourd'hui, le musée présente environ 30 000 objets archéologiques exposés et en conserve environ 3 millions dans ses réserves, ce qui en fait l’une des plus riches collections d'Europe. Ces objets, découverts sur le territoire national, couvrent différentes périodes chronologiques : le Paléolithique, le Néolithique, l'âge du bronze, l'âge du fer, la période romaine (Gaule romaine) et le premier Moyen Âge (Gaule mérovingienne). Une partie des collections provient de l'étranger et a été collectée dans un but comparatiste. Cette collection des cinq continents comporte à la fois des objets archéologiques et ethnologiques, présentée dans la salle d'Archéologie comparée.
Paléolithique
Les collections paléolithiques comprennent des objets liés au travail de la pierre, tels que galets aménagés, bifaces, ou microlithes, à celui de l'os et du bois de renne, tels qu'aiguilles, poinçons ou harpons. Au paléolithique supérieur apparaissent les plus anciennes manifestations de l'art, comme des représentations stylisées d'organes sexuels.
Le parcours du musée permet d'appréhender l'évolution de l'Homme, grâce à des moulages de crânes.
Parmi les objets les plus connus des collections paléolithiques du musée se trouve la dame de Brassempouy, issue des nombreuses fouilles d’Édouard Piette dans les Pyrénées. Parmi les nombreux objets de sa collection donnée au musée, environ 7 000 sont exposés aujourd'hui dans la salle Piette. Cette salle, accessible sur réservation avec un accompagnant du musée, a été restaurée et rouverte en 2008, avec la volonté de respecter la muséographie du XIXe siècle.
Le Néolithique (vers 5500 à 2000 av. J.-C.) est la troisième période de la Préhistoire. L'homme y devient producteur de ses subsistances et non plus prédateur et il influe désormais sur son environnement. C'est le moment où les populations adoptent l'agriculture et l'élevage. Les hommes élèvent des mégalithes, les premiers témoignages d'architecture monumentale. Cette période se caractérise notamment par des innovations techniques telles que le polissage de la pierre, l'apparition de la céramique et le tissage. Des réseaux d'échange à longue distance se constituent.
Une salle est consacrée à ces collections dans le parcours du musée. Cette présentation est thématique et régionale :
Les témoignages des premières pratiques agricoles et de l'élevage.
Les inventions et techniques majeures : le polissage des outils de pierre, la céramique, le tissage.
L'évocation des premières mines de silex.
La parure : perles et pendentifs en coquillages, dents animales perforées.
L'expression de la pensée religieuse : statuettes féminines et statues-menhirs.
Le mobilier funéraire de sépultures mégalithiques (dolmens).
L'apparition de la métallurgie (cuivre, or, argent).
Une vitrine au centre de la salle présente une sépulture, retrouvée à Cys-la-Commune (Aisne), et datée de 5000 ans av. J.-C. On peut y voir le squelette d'une femme entourée de différents éléments de parure.
Des polissoirs et plusieurs allée couvertes retrouvés en Ile-de-France sont visibles en accès libre dans la cour du château.
Stèle en calcaire (Cavaillon, Vaucluse), vers le IVe millénaire av. J.-C.
Haches cérémonielles polies.
Jarre en terre cuite.
Âge du bronze
À l'âge du bronze (vers 2100 à 750 av. J.-C.), la société reste assez similaire à celle du Néolithique, mais l'avancée technique que représente le bronze va faire évoluer la société qui se hiérarchisera de plus en plus.
Jambières en bronze de Veuxhaulles-sur-Aube (vers -1250).
Ornement (La Colombine, Yonne), vers 1200 av. J.-C., bijou porté sur la hanche, constitué d'une résille de bronze à décor de volutes enchâssant une canine de suidé, provenant d'une sépulture à inhumation.
Casques à crète, 1150-950 av. J.-C.
Épée en bronze, vers 800 av. J.-C.
L'abondance de l'or à l'âge du bronze explique le grand nombre d'objets et bijoux fabriqués dans ce matériau à cette époque.
L'or à l'âge du bronze
Lunule en or (Kerivoa, Bourbriac, Côtes-d'Armor), 2000-1600 av. J.-C.
Cuirasses en bronze (Marmesse, Haute-Marne), chacune étant composée de deux coques de bronze rivetées sur un côté et fermées sur l'autre par des crochets, illustrant la période de transition entre l'âge du bronze et l'âge du fer (approximativement de à ).
Pectoral à rouelles et oiseaux (Les Moidons, Jura), VIe siècle av. J.-C.
Bracelets en or (lieu-dit La Butte, Sainte-Colombe-sur-Seine, Côte-d'Or), VIe – Ve siècle av. J.-C., parure faisant partie des éléments provenant d'une tombe à char féminine.
Boucles d'oreille en or (lieu-dit La Butte, Sainte-Colombe-sur-Seine, Côte-d'Or), VIe – Ve siècle av. J.-C.
Le second âge du fer (480 - ) est marqué par une société guerrière qui monte en puissance du Ve siècle av. J.-C. au IIIe siècle av. J.-C. Les Gaulois excellent notamment en poterie, verrerie, métallurgie (bronze et fer).
Les collections du musée montrent les transformations de la Gaule et la vie des Gaulois avant la conquête romaine. La collection d’art celtique est l'une des plus importantes au monde[7].
La Gaule romaine (de 51 av. J.-C. à fin du Ve siècle apr. J.-C.) : à la suite de la conquête de la « Gaule chevelue » par Jules César, la Gaule est intégrée dans l’Empire romain. L’urbanisation avance avec l'arrivée des villes et la construction d’édifices publics ; un réseau routier se constitue à travers toute la Gaule.
Les 6 salles du département gallo-romain montrent les dieux, le monde des morts, la présence de l’armée romaine en Gaule, les types d’artisanat et la vie quotidienne (alimentation, costume, parure, loisirs, cadre domestique, médecine, transport, écriture...)[8].
La collection est actuellement fermée au public dans le cadre du chantier des collections.
Taranis (Le Châtelet de Gourzon, Haute-Marne), Ier siècle apr. J.-C., portant ses attributs : la roue, symbole solaire, le foudre et sur l'épaule les S (les éclairs).
Cernunnos ? (Étang-sur-Arroux, Saône-et-Loire), Ier siècle apr. J.-C., doté de trois visages et tenant deux serpents à tête de bélier. Deux cavités sur sa tête étaient probablement destinées à recevoir des cornes de cerf.
Déesses-mères allaitant un enfant, en terre cuite, IIe ou IIIe siècle apr. J.-C. Les déesses-mères assises, allaitant un ou deux enfants, sont typiques de la Gaule.
Déesses-mères allaitant deux enfants, en terre cuite, IIe ou IIIe siècle apr. J.-C.
Déesse-mère (Bordeaux, Gironde), divinité indigène, mais technique romaine.
Canthare en argent (Alise-Sainte-Reine), Ier siècle av. J.-C.
Le premier Moyen Âge (du Ve au VIIIe siècle apr. J.-C.) commence avec la dynastie des Mérovingiens, fondée par Clovis. La Gaule devient alors progressivement franque et sa christianisation progresse. De cette période, ont été trouvés de nombreux bijoux cloisonnés avec des grenats sertis dans des cloisons métalliques, mais aussi des boucles de ceintures damasquinés avec des fils d'argent ou de laiton insérés dans des sillons gravés dans le fer[9].
La collection est actuellement fermée au public dans le cadre du chantier des collections.
La salle d'archéologie comparée occupe l'ancienne salle de bal du château, appelée aussi salle de Mars. La collection est actuellement fermée au public dans le cadre du chantier des collections.
La majorité des collections sont entrées avant la Première Guerre mondiale. Le premier apport a été la collection scandinave, offerte en 1862 par le roi du Danemark Frédéric VII.
Les autres grandes collections sont arrivées par l'intermédiaire d'Ernest Chantre pour les séries du Caucase ou de Jacques et Henri de Morgan par leurs fouilles dans le Talyche persan, à Suse et dans les nécropoles pré-dynastiques d'Égypte[10],[11].
Maquette de la porte de France, à Nîmes. Plâtre et liège, avant 1839.
La salle d'archéologie comparée des cinq continents a été conçue au début du XXe siècle par Henri Hubert et Marcel Mauss qui souhaitaient illustrer « l'histoire ethnographique de l'Europe et de l'humanité » depuis les origines de l'Homme jusqu'au Moyen Âge.
Henri Hubert a conçu le plan général de cette salle selon deux idées novatrices pour l'époque[12] : en tant que sociologue, il estime que seule une vision globale (spatiale et temporelle) des cultures humaines peut mener à une juste compréhension du phénomène sociologique et que la comparaison des traces des sociétés humaines doit se faire selon la présentation de leur niveau technique, par une approche comparatiste en vogue au XIXe et au XXe siècle. Il était également nécessaire, pour éclairer les phénomènes culturels anciens dans leur espace réel, de sortir de la seule archéologie nationale et d’étendre les comparaisons au monde entier.
Cette approche a débouché sur deux axes de présentation qui se recoupent : dans l'axe longitudinal de la salle sont évoquées les étapes techniques selon leur ordre d'apparition depuis le Paléolithique jusqu'au Moyen Âge : taille de la pierre, travail de la terre cuite, métallurgie. Les axes transversaux permettent quant à eux de comparer les différentes aires géographiques : Afrique, Asie, Proche-Orient, Europe, Amérique et Océanie.
Céramique grecque.
Méditerranée orientale et centrale.
Europe septentrionale depuis la Protohistoire.
La présentation est héritée de celle réalisée par Henri Hubert entre 1910 et 1927, mais le parcours a été rénové entre 1978 et 1984.
Le visiteur peut ainsi comparer les cultures paléolithiques et néolithiques d'Afrique : Maghreb, Afrique du Sud, Éthiopie, Bénin, Côte d'Ivoire, Congo. Puis, il est confronté à la naissance des civilisations du Bassin méditerranéen et du Moyen-Orient : Égypte pré-dynastique, ancienne Suse (Iran), ancienne Thrace bulgare. Ensuite, il peut comparer le développement et la maîtrise technique des métallurgistes des âges du bronze et du fer dans le Caucase et en Europe (objets de Chypre, de Grèce, d'Italie, d'Espagne, de Hongrie, d'Allemagne, du Danemark, de Suède, d'Azerbaïdjan, d’Ossétie du Nord).
D'un continent à l'autre et parfois à des époques différentes, les objets exposés montrent un état de développement similaire, comme le passage de l'état de chasseur-cueilleur à celui de producteur, l'utilisation d'une même technique (exploitation du silex ou de l'obsidienne) ou au contraire de formes ou de décors extrêmement différents (comparaison Asie-Amérique, grâce à des objets de Chine, du Vietnam, du Japon, de Malaisie, du Pérou, des Caraïbes, du Groenland, d'Amérique du Nord).
Depuis 2014, la salle abrite les collections d'origine océanienne, par la présentation de séries ethnographiques de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Tambour de bronze décoré de quatre groupes de trois grenouilles (Chine du Sud), vers le VIe siècle apr. J.-C.
↑Arrêté du 29 décembre 2009 portant création du service à compétence nationale du musée d'archéologie nationale et domaine national de Saint-Germain-en-Laye
↑Archéologie comparée : Afrique, Europe occidentale et centrale : ouvrage collectif établi par la conservation du Musée des antiquités nationales., Paris, Ministère de la culture : Ed. de la Réunion des musées nationaux, , 514 p. (ISBN2-7118-0221-3 et 9782711802210, lire en ligne)
↑Archéologie comparée : Europe orientale, Asie, Océanie, Amérique ; ouvrage collectif établi par la conservation du musée des antiquités nationales., Paris, Ministère de la Culture, de la Communication, des Grands Travaux et du Bicentenaire, éditions de la Réunion des musées nationaux, , 303 p. (ISBN2-7118-2174-9 et 9782711821747, lire en ligne)
Raoul-E. Doranlo, « La collection Plicque au Musée des antiquités nationales », dans Revue des Études Anciennes, 1940, tome 42, no 1-4, p. 613-621(lire en ligne)
Musée virtuel en 3D présentant des modèles numériques tirés des collections et permettant une vision fine des objets de petite taille : https://sketchfab.com/archeonationale