Cet article relate les faits saillants de l'histoire de Saint-Martin, un territoire français situé dans les Caraïbes, dans la partie nord de l’île de Saint-Martin, d'une superficie de 53,2 km2 et d'une population de 31 477 habitants au dernier recensement (2021).
Ce territoire a le statut de collectivité d'outre-merfrançaise depuis le [1].
À partir de 1624, depuis l'île proche de Saint-Christophe des Français s'installent[3] sur la côte Est de Saint-Martin au lieu-dit "Orléans" pour cultiver du tabac. Ils sont possiblement issus des 80 Français rescapés d'une expédition en Guyane conduite par le Lyonnais Henri de Chantail.
En 1626, le capitaine corsaire Pierre Belain sieur d'Esnambuc et son associé rouennais Urbain du Roissey, sieur de Chardonville, sous les ordres du cardinal de Richelieu créent la Compagnie de Saint-Christophe chargée d'établir une colonisation française dans cette zone. L'expédition part du Havre en 1627. Parmi l'équipage, figure Claude de Beulayne, cité plus tard comme honorable escuyer, sieur de Saint-Martin, capitaine de milices. Il serait le premier commandant officiel de la partie française[4].
En , à la suite de l'attaque de l'île Saint-Christophe par les Espagnols, trois semaines après leur fuite, les Français atteignent Saint-Martin. Roissey y soudoie l'un des capitaines de navire et le convainc de retourner en France (le cardinal de Richelieu le fait embastiller). Entre-temps, le capitaine Pierre Belain, sieur d'Esnambuc, disperse ses hommes sur Anguilla et Saint-Barthélemy puis se rend à Antigua où il trouve le capitaine Giron. Ce dernier va alors à Saint-Christophe dont les colons restants, en majorité anglais, lui refusent l'accès. Giron capture alors deux navires anglais, revient avec 350 Français et les rétablit sur leur terre sans tirer un coup de feu.
En une flotte espagnole de 55 navires et 1 300 hommes, attaque le fort hollandais (Fort Amsterdam) construit sur la presqu'île de Grande-Baie au sud de l'île. Ils capturent les soldats, dispersent les civils qui récoltaient le sel de la saline et installent 250 soldats et une cinquantaine d'auxiliaires sur ce fort qu'ils renforceront.
Le est fondée la compagnie des îles d'Amérique qui remplace la précédente. Quelques Français cultivent du tabac sur la partie orientale de l'île Saint-Martin malgré la présence d'une garnison espagnole au Sud, dans un fort à l'emplacement du dit Fort Amsterdam.
1648 : à la suite du traité de Münster (janvier 1648) les Espagnols démantèlent le fort et quittent Saint-Martin. Le , à la suite d'une confrontation, signature franco-hollandaise du traité de Concordia qui acte la séparation de l'île entre ces deux nations.
1676, le attaque[5] d'une escadre néerlandaise par la plage de la Baie-Orientale, 1 200 soldats ravagent la partie française, comme ils l'avaient fait à Cayenne et Marie-Galante.
1706 : reconquête de l'île par un corps expéditionnaire français.
1717 : à la suite du traités d'Utrecht (1713), le commandant François Lauriol reprend officiellement la partie française de Saint-Martin.
1734 : à Saint-Martin, traité franco-hollandais de neutralité, qui mécontente les Anglais[6].
1740 à 1748 : pillages et spoliations par les Anglais. En 1744 lors de la (guerre de Succession d'Autriche), John Philips, le gouverneur de la partie hollandaise, trahit le traité de 1734 en laissant les troupes britanniques débarquer pour attaquer les Français à revers. Toute la population française est expulsée hors de l'île, elle ne reviendra qu'après la paix à la suite du traité d'Aix-la-Chapelle (1748).
1750 : construction du fort Louis qui domine le village de Marigot et sa baie.
1796 : Victor Hugues arrive de Guadeloupe et refoule les Britanniques, y compris de la zone hollandaise. Le commissaire de la république Pierre-Charles Dormoy séquestre les biens appartenant aux sujets britanniques et épouse Ann Bayley, la plus riche propriétaire.
1798-1800 : Victor Hugues met en place les Corsaires de la République (pendant la « Quasi-guerre »).
1800 : les habitants se livrent aux Britanniques (période française du Consulat).
1816 : par le traité de Paris, les Britanniques rétrocèdent la partie française de Saint-Martin à la souveraineté française. Le régime juridique appliqué en Guadeloupe y devient alors en théorie applicable.
1848 : seconde abolition officielle de l'esclavage (mais déjà pratiquement de fait en partie française). Mery d'Arcy ouvre les premières salines industrielles sur Grand-Case et l'étang Chevrise. L'année suivante, c'est Beauperthuy aux salines d'Orient.
1850 : devant l'isolement et le manque de ressources de l'île, le Conseil privé de la Guadeloupe adopte le une délibération approuvant un arrêté qui « concède à la dépendance de Saint-Martin de nouvelles immunités commerciales, ainsi que des faveurs nouvelles pour encourager l'exploitation de ses salines ». Saint-Martin bénéficie donc, comme Saint-Barthélemy, d'un statut de port franc, où les droits de douane ne sont pas perçus.
Avec la fin du siècle, malgré des productions de qualité (bovins, coton, rhum, sel), l'économie somnole de plus en plus. La France a toujours voulu conserver sa souveraineté territoriale sur cette petite colonie mais l'a considérée comme secondaire par rapport aux autres plus grandes îles françaises des Antilles. Ses ressources insuffisantes en sont sûrement la cause.
De juillet 1940 à août 1944 : la partie française de Saint-Martin est sous le régime de Vichy et dirigé par le gouverneur Constant Sorin en Guadeloupe ; la zone néerlandaise, fidèle à la reine Wilhelmine des Pays-Bas en exil, est associée aux Alliés.
1979 : première rediffusion de la télévision française.
1981 : premier atterrissage du Concorde sur l'île (à l'aérodrome Juliana), venu pour la promotion du projet "Port Caraïbes" à la Baie-Orientale.
1983 : première étude d'impact sur la partie française[7],[8], (géographique, historique, sociologique, économique, ...), par Yves Monnier (université Paris-XII).
198? : dernier voyage du navire mixte (cargo/passager) le Delgrès entre Saint-Martin (Marigot) et la Guadeloupe (Pointe-à-Pitre).
2007, le : la loi organique créant la nouvelle collectivité est adoptée par le Parlement français (loi no 2007-223 du 21/02/2007).
2008, le : élection du premier sénateur représentant la partie française de Saint-Martin. Louis-Constant Fleming est élu par des grands électeurs par 17 voix sur 24[10].
2017, le : Saint-Martin est ravagée par l'ouragan Irma, l'un des plus puissants jamais enregistrés dans l'Atlantique Nord, avec l'œil (de 50 km de diamètre) qui englobe pendant environ une heure la totalité de l'île[11].
Notes et références
↑Pour les évolutions institutionnelles ayant touché l'outre-mer voir J.P. Thiellay, Droit des outre-mers, coll. connaissance du droit, Dalloz, 2007
↑ a et bParisis Denise & Henri, « Le siècle du sucre à Saint-Martin français ». 1994, Bulletin de la Société d'Histoire de la Guadeloupe no 99-102, p. 3-208. Imp. Lienhart, Aubenas, no 99 à no 102, ISSN 0583-8266.
↑MONNIER Yves, L'Immuable et le changeant, étude de la partie française de l'île de Saint-Martin. Îles et archipels, 1, CRET Bordeaux III & CEGET-CNRS, Talence, France, 1983, 125 p., (ISBN2-905081-00-7), ISSN 0758-864X, BNF 34755616d, [lire en ligne]
↑CEGET = Centre d'études de géographie tropicale du CNRS
P. Stouvenot et C. Hénocq, Inventaire des sites archéologiques de la partie française, rapport archivé au service régional de l'Archéologie de Guadeloupe (STA), Basse-Terre, Guadeloupe