Incident Don PacificoL’Incident Don Pacifico est le nom donné à un incident diplomatique survenu, en Grèce, entre le gouvernement grec du roi Othon Ier, le Royaume-Uni et le Portugal, en 1850. PrésentationDon PacificoDavid « Don » Pacifico (1784-1854) est un Portugais de confession juive né dans la colonie britannique de Gibraltar, donc ainsi sujet britannique d'origine séfarade[1],[2]. Son grand-père, du même nom, était né en Italie et s'était finalement installé à Gibraltar, alors que sa famille avait été précédemment expulsée d'Espagne avec le reste de la communauté juive en 1492[3]. Ses ancêtres avaient atteint l'Italie, en particulier la Toscane, d'abord Livourne puis Florence. Comme Pacifico grandit au Portugal à cause du travail de son père, il parle couramment le portugais. Cela conduit au mythe de l'origine portugaise pour les Pacifico qui sont en fait d'origine espagnole[4]. Libéral vivant au Portugal pendant la guerre civile de 1828-1834, il est persécuté par les miguelistes. En 1835, après la guerre, il est récompensé par les libéraux victorieux par un consulat au Maroc et l'octroi de la nationalité portugaise. Il est consul-général à Athènes de 1837 à 1842, période durant laquelle il s'engage également dans le commerce et devient un personnage important dans la communauté juive locale[1]. Après avoir été démis de ses fonctions en 1842 pour avoir outrepassé à plusieurs reprises son autorité en 1842, Pacifico reste en Grèce[5],[6]. Malgré sa notoriété internationale, Pacifico reste impopulaire auprès des Juifs de Londres. Il meurt dans cette même ville le 12 avril 1854 et est enterré deux jours plus tard au cimetière des Juifs espagnols et portugais de Mile End Road. Dans une nécrologie publiée le 21 avril, The Jewish Chronicle le désigne comme un « individu qui […] a fait tant de bruit dans le monde politique »[1]. L'affaireAinsi commerçant et ancien diplomate du Portugal à Athènes sous le règne du roi Othon Ier de Grèce, don Pacifico et sa famille sont violentés, et leur maison est saccagée et pillée par une foule en colère, en avril 1847, lors des célébrations des Pâques orthodoxes grecques aux relents antisémites — le bûcher de Judas — sans que la police locale n'intervienne. Pourtant, le gouvernement avait spécifiquement interdit cette traditionnelle pratique antijudaïque à l'occasion de la fête pascale orthodoxe cette année-là, afin de ne pas offenser le financier juif français James Mayer de Rothschild en visite en Grèce pour un éventuel prêt[1],[7]. Trois jours après l'incident, Don Pacifico lui-même écrivit à Sir Edmund Lyons, ministre plénipotentiaire britannique en Grèce[8] :
À la suite de cet événement, Pacifico demande une indemnisation au gouvernement grec mais, les autorités ne réagissant pas, il se tourne vers le gouvernement britannique en 1848. L'incident fait alors longuement débat au Parlement britannique. Le ministre des Affaires étrangères Lord Palmerston, bien que philhellène et partisan de la guerre d'indépendance grecque (1821-1832), soutient alors les revendications de Don Pacifico. Par conséquent, la Royal Navy entame, en 1850, un blocus des ports grecs et principalement du Pirée. Le blocus dure deux mois et crée des tensions diplomatiques avec les deux autres « puissances protectrices » de la Grèce : la France et la Russie[1]. L'ambassadeur de France à Londres Édouard Drouyn de Lhuys est rappelé mais c'est grâce à lui que la crise est finalement réglée : son intervention fait que la Grèce cède et se résout à indemniser Don Pacifico. En Europe comme en Grande-Bretagne, lord Palmerston est très critiqué pour son attitude. Il explique alors son action durant un discours à la Chambre des communes. Il s'élève contre le préjugé antisémite selon lequel « parce qu'un homme est de confession juive, il est la proie de tout outrage »[1]. Depuis le 25 juin 1850, la conclusion est restée célèbre :
C'est alors l'affirmation de la domination de la Grande-Bretagne sur le monde. Le royaume se voit alors comme le successeur de l'Empire romain, imposant la Pax Britannica comme Rome avait imposé la Pax Romana. Après enquête, Don Pacifico reçoit finalement un total de 120 000 drachmes et 500 £ en règlement de cette affaire et d'une autre également, trouvée dans les archives de 1839 des Cortes à Lisbonne[9],[10]. Cette affaire participe à l’élaboration de la protection diplomatique des individus en droit international. Dans la culture populaireL'incident Don Pacifico est relaté dans le septième épisode (« Inconvenances publiques ») de la saison 3 de la série télévisée britannique Victoria (2019)[11]. Notes et références
AnnexesArticles connexesLiens externes
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