Depuis 1995, l'ONGTransparency International publie chaque année un indice de perception de la corruption ou IPC (en anglais, Corruption Perception Index ou CPI) classant les pays selon le degré de corruption perçu dans un pays. L'indice est élaboré à l'aide d'enquêtes réalisées auprès d'hommes d'affaires, d'analystes de risques et d'universitaires résidant dans ces pays ou à l'étranger.
L'indice de 2022 couvre 180 pays et territoires. En 2017, la note moyenne est de 43 %, et les deux tiers des pays et territoires évalués se situent sous les 50 %[1]. L'ONG remarque que de nombreux pays n'ont fait aucun progrès pendant les 6 années sur lesquelles porte l'indice[2].
Définition et mode de calcul
Par définition, il n'existe pas de données publiées et exhaustives de la corruption. Transparency International se fonde donc sur un corpus d'indicateurs et de données, provenant notamment de la banque africaine de développement, de Freedom House, ou encore de la banque mondiale[3]. Un score plus proche de 0 correspond à plus de corruption, un score plus proche de 100 à moins de corruption.
Transparency International retient uniquement la corruption dans le secteur public.
Critiques et limites
L'indicateur correspond assez bien avec les mesures économétriques effectuées dans le domaine de la corruption, ou avec d'autres mesures comme le marché noir ou la surabondance de régulation. L'indicateur a acquis une autorité internationale et est une référence utilisée par les entreprises et les États[4]. Parmi les limitations de l'indicateur, on note :
L'indicateur ne présente qu'un score unique, alors que la corruption est un phénomène complexe et multiforme, qui sera par exemple différent entre le milieu rural et le monde des affaires[5].
L'indicateur se base sur différents sondages, au vu de l'impossibilité de mesurer la corruption réelle. Par conséquent, il peut être déformé par des stéréotypes ou des clichés[5].
L'indicateur s'intéresse uniquement à la corruption du secteur public d'un pays donné. Les fraudes d'entreprises privées, comme le dieselgate ou celui du libor n'entrent ainsi pas en compte, bien qu'elles aient des conséquences publiques importantes[5]. Les pays avancés sont aussi ceux où le secteur public est le moins présent, ce qui expose les pays en développement à un indice plus élevé[6].
L'indicateur ne prend pas en compte la corruption transnationale. Par exemple l'entreprise suédo-finlandaise Telia, filiale à 37 % de l'État suédois, est accusée de corruption pour des montants de plusieurs millions de dollars en Ouzbékistan. Une telle forme de corruption ne dégrade pas l'indice de perception de la corruption de la Suède, quatrième au classement, mais bien celui de l'Ouzbékistan qui est classé cent cinquante-troisième en 2015[7].
La plupart des organisations fournissant les données, et Transparency International elle-même, sont situées dans des pays développés. L'indice est accusé de biais pro-occidentaux dans les pays en développement[6].
L'indicateur se base sur les déclarations d'une élite intégrée dans la mondialisation, éduquée et évoluant professionnellement dans le même milieu. Il ne reflète pas forcément l'expérience de corruption du grand public. Le Brésil a par exemple un mauvais classement en 2010, mais un sondage montre que seuls 4 % des Brésiliens ont eu à payer un pot-de-vin, soit moins que de nombreux pays mieux classés[8].