Ohannès Semerdjian naît en Turquie de parents arméniens, son père y étant industriel dans le fil de soie, et la guerre qui éclate en 1922 entre la Turquie et la Grèce contraint sa famille à émigrer à Thessalonique où elle reprend le travail de la soie et où il passe donc son enfance, son intérêt pour la peinture le faisant alors reproduire des scènes de la mythologie antique[1].
Au cours de nombreux séjours en Grèce (premier retour en 1950[1]), en Espagne, en Italie, il peint et dessine d'après nature notamment la tauromachie, les processions, les marchés, les carnavals et les scènes d'atelier. Parallèlement il exécute des lithographies et des gravures en relation avec ses thèmes.
En 1957, sa carrière devient internationale. Il expose en Italie, en Suisse, en Angleterre et surtout aux États-Unis. En 1969, la galerie Mitsukoshi présente une rétrospective de ses œuvres à Tokyo et, depuis, son travail est régulièrement présenté au Japon.
Deux musées lui sont consacrés : à Ginza (Tokyo), en 1992, et à Azumino, en 1993.
En 2002, il se rend en Arménie pour l'inauguration officielle de son exposition « Massacres » au Musée du génocide à Erevan.
Mort le 27 août 2013, Jean Jansem repose au cimetière intercommunal de Clamart.
1973 : Hervé Bazin, Qui j'ose aimer - Éditions André Sauret, Monte-Carlo
1974 : Jean Giono, Solitude de la pitié - 11 eaux-fortes par Jea Jansem, 175 exemplaires numérotés, Éditions Le Livre Contemporain et Les Bibliophiles franco-suisses
1974 : Jules Laforgue, L'Imitation de Notre-Dame la lune, préface de Robert Mallet - Éditions Les Cent-Une, Paris
« Jansem est violemment dramatique autant par le caractère de ses personnages, par leurs visages, leurs attitudes, le pathétique de leur regard que par sa couleur où domine une tonalité de gris verdâtre dans laquelle éclatent, avec d'étranges sonorités, des rouges vifs, des jaunes clairs. En peu de temps, cet artiste a pris à juste titre une des premières places parmi les jeunes peintres. La large précision de son dessin, son habileté de coloriste sont au service d'une inquiétude qui se retrouve dans toutes ses toiles. Il y prouve une maturité assez exceptionnelle. » - Raymond Cogniat[15]
« Dans les peintures de Jansem évoluent les projections de la spiritualité. Dans cet éclairage, gens et objets sont dressés à des hauteurs qui touchent le sacré... Les personnages anonymes captés au cours de leurs occupations traversent le champ des tableaux comme des apparitions d'un ordre supérieur... Dans le thème de la procession, l'atmosphère est le vrai vêtement des gens du cortège, gangue légère qui enrobe les êtres et les pénètre, ciment subtil qui les lie, les coordonne et leur transmet son esprit. C'est le manteau sacré qui enveloppe les robes réelles et les anime dans ses remous. Rien n'est plus riche, plus somptueux que ce tissu aux reflets éblouissants. Les étoffes rebrodées d'or et de pierreries n'ont pas cet éclat. L'atmosphère communique son pouvoir aux êtres ; ils portent la branche fleurie comme le cierge ou la croix. Tête haute ou baissée ils marchent tels les délégués d'un empire spirituel. Leurs faces, leurs corps sont décorés d'éclaboussements de lumière. Leurs visages expriment la force de la tranquille et grave conscience. Sur presque tous les tableaux règne l'extraordinaire environnement tandis que les sentiments des personnages s'unissent sous le signe de la dignité. L'enfant comme l'aïeul arbore un caractère d'autorité. » - Marcel Zahar[1]
« Pour Mascarade, Jansem a donné libre cours à des hantises et à une sorte de débauche païenne autorisant tous les délires de l'imagination et des sens. Dans La Fleur aux dents, la Mort n'est jamais loin de l'extase ni la Bête de l'Homme comme dans La Fête écarlate. Ce tourbillon d'oripeaux, de lumières et de couleurs dansantes exalte, en partie double, la sensualité effrénée et la mélancolie d'un monde où la Femme représente la survie. Par elle, animant la sarabande de masques dérisoires, la postérité d'autres fous est assurée. » - Jean-Marc Campagne[16]
« On pense à James Ensor dans les dernières toiles de Jansem, toutes consacrées au carnaval. expressionniste sarcastique, Jansem figure parmi les chefs de file du courant misérabiliste qui s'épanouit au lendemain de la dernière guerre en France. Un art dont l'âpreté confine à la caricature, mettant en scène des personnages hagards, plongés dans un climat morbide dû à un dessin d'une grande acuité et à une lumière venue on ne sait d'où. » - Gérald Schurr[17]
« Peu concerné par les recherches plastiques contemporaines, il a pu être compté, dès 1948, au nombre des peintres dits alors "misérabilistes". Par séries, il décrit une humanité souffreteuse, ménagères, romanichels, bergers, dans des ton éteints soulignés d'un graphisme aux traits secs et hachés. Il évolue ensuite, vers 1970, à une peinture plus heureuse, faisant des nus, des maternités et des danseuses, ses thèmes de prédilection. » - Dictionnaire Bénézit[3]
« La logue fresque humaine de Jansem s'étire sur les cimaises, toute vibrante de ses ondes palpables, ses personnages s'enchaînent et se répondent en des mouvements fluides, resserrés ou syncopés, brusquement accélérés ou, au contraire ralentis, puis immobiles dans leur cheminement mystérieux. Le langage de Jansem est ininterrompu depuis plus de cinquante ans qu'il transmue, dans le secret de son atelier, dessin et couleurs, matières et lumière, en un charnel enchantement. Dans son exigence d'une vraie représentation incarnée, Jansem élève sa peinture à hauteur d'homme. » - Lydia Harambourg[9]
« Ce perpétuel hommage à Ensor et à Goya, les grandes admirations de Jansem, n'est pas seulement l'œuvre d'un extraordinaire dessinateur, mais aussi celui d'un subtil coloriste. La diversité des thèmes abordés favorise la maîtrise de toutes les nuances de la palette, du noir des tout premiers tableaux aux blancs subtils de ses ballerines, en passant par les nuances de ses lagunes de Venise ou bien par les tons chauds des natures mortes... L'art de Jansem, au service de sa vision inquiète du monde, illustre son moi profond et non un vulgaire assujettissement à la mode du misérabilisme, comme le prouve, cinquante ans plus tard, la continuité de son expression. Il y a quelque chose d'espagnol chez cet artiste des silences, de la solitude, du recueillement, des processions, qui témoigne de la capacité de l'art figuratif à restituer l'inexprimable, l'invisible, l'éternel, le divin. Jansem est un des grands artistes figuratifs de son temps, occulté comme d'autres au motif d'avoir perpétué et non pas détruit. » - Éric Mercier[2]
« Partagée entre, d'une par, la représentation des victimes de la persécution ou de scènes tauromachiques et, de l'autre, celle de l'élégance chorégraphique ou de paysages apaisés, l'œuvre de Jansem, qu'elle soit picturale, dessinées ou lithographiée, est à la fois très connue du public, en France comme à l'étranger - deux musées lui sont consacrés au Japon - et guère reconnue de la critique, peu sensible aux choix figuratifs d'un artiste dont la joliesse peut être interprétée comme une réponse à une expérience traumatique. » - Pascal Ory[18]
↑ abcd et eÉric Mercier, Années 50 - La Jeune Peinture, tome I : L'alternative figurative, ArtAcatos, 2010, « Jean Jansem » pp. 296-309.
↑ ab et cDictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.7, p. 473.
↑ abcdefghijklmnopqrstuvw et xÉric Mercier, Années 50 - La Jeune Peinture, tome II : Panorama de la Jeune Peinture, ArtAcatos, 2010, « Jean Jansem » pp. 220-225.
↑ a et bJean Jansem, « interview à propos de son illustration des Œuvres poétiques de François Villon et de son exposition à New York », émission Arts d'aujourd'hui, France Culture, 3 décembre 1966.
↑ a et bJansem, 75 ans de peinture, édité par la galerie Matignon en 2014.
1965 : Jansem - Personnages, Wally Findlay Galeries, New York, Chicago.
1965 : Jansem, galerie David et Garnier, Paris.
1966 : Paintings by Jansem, The Lefevre Gallery, Londres.
1967 : Jansem - Village of the fisherman, Wally Findlay Galeries.
1967 : Jansem - Venise, galerie David et Garnier, Paris.
1968 : Jansem - The art of Jansem (Dance), Wally Findlay Galeries.
1968 : The Ballet Backstage, Wally Findlay Galeries, New York..
1969 : Jansem - La Danse, galerie Maurice Garnier, Paris (français); Wally Findlay Galeries, Chicago (1970-English) ; galerie Tamenaga Tokyo et Osaka (1971-japanese).
1971 : Jansem - Corridas, galerie Maurice Garnier, Paris.
1972 : Recent Paintings by Jean Jansem, The Lefevre Gallery, Londres.
1974 : Jansem Rétrospective, Mitsukoshi, Tokyo.
1974 : Jansem, préface de Marcel Zahar, Alec Manoukian Art Center, Beyrouth.
1975 : Jansem - Le temps qui passe, galerie Maurice Garnier, Paris.
1976 : Jansem - Paysages, galerie Maurice Garnier, Paris.
1978 : Jansem - Mascarade, galerie Matignon, Paris (français) et Mitsukoshi, Tokyo (1978-1979, japanese).
1980 : Jansem - Masques, galerie Matignon, Paris.
1984 : Jean Jansem : peintures, Mitsukoshi Nihombashi, Tokyo et Galerie Mitsukoshi, Royal Hôtel? Osaka.