Roland Oudot, né à Paris le [2],[3], est un peintre et lithographe français. Installé au 110 rue Caulaincourt, il réalisa aussi des gravures, des peintures murales, des décors de théâtre et des illustrations de livres. Il s'est suicidé à Paris le [2],[3].
« On s'est laissé entraîner parce qu'il nous avaient promis que nous ne verrions pas de personnalités politiques, que l'on ne verrait que des artistes, et qu'ils renverraient les artistes prisonniers. Oui, on n'aurait pas dû, parce qu'il y avait des gens qui souffraient, seulement il faut dire que c'était en 1941, nous ignorions complètement l'existence des camps[8]. »
En juin 1946, le Comité national d'épuration des artistes peintres, dessinateurs, sculpteurs et graveurs institué par les pouvoirs publics le frappe d'une interdiction professionnelle d'exposer, de vendre et de publier pendant un an à compter, rétroactivement, du 1er septembre 1944[9].
Roland Oudot, « dont tous les amis enviaient l'équilibre et la sérénité », s'est défenestré à quelques jours de ses 84 ans, le matin du [12]. Inhumé à Honfleur, au cimetière de Vasouy[13], il est resté fixé par une estampe de Maxime Juan, conservée au musée d'art moderne de la ville de Paris, le représentant peignant dans son atelier[14].
François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, vingt-huit lithographies originales de Roland Oudot, tirage 115 exemplaires, Imprimerie Louis Kaldor, Cercle parisien du livre, 1936.
Paris, 1937, ouvrage collectif, 62 lithographies par 62 artistes, dont : Tristan Derème, Songes de Passy, lithographies d'Edmond Ceria et Roland Oudot, 500 exemplaires numérotés, Imprimerie Daragnès pour la ville de Paris, Exposition universelle de 1937.
Gérard de Nerval, Sylvie - Souvenirs du Valois, dix-sept lithographies originales de Roland Oudot, tirage 1.000 exemplaires, Les Éditions Chamontin, chez Flammarion, 1944.
Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe, treize lithographies originales de Roland Oudot tirées chez Fernand Mourlot, 183 exemplaires, Éditions du Bélier, 1945.
Mary Webb (traduction de Jacques de Lacretelle), Sarn, cinquante-cinq compositions de Roland Oudot gravées par Théo Schmied, tirage 275 exemplaires, Éditions Creuzevault, Paris, 1950.
Jean Giraudoux, Œuvre romanesque (2 volumes), illustration collective dont Roland Oudot, tirage 7.500 exemplaires, Grasset, 1955.
Bernard Champigneulle, Île-de-France, couverture de Roland Oudot, Arthaud, 1956.
Catalogue des vins Nicolas, éditions Draeger, 1956.
André Chamson, Adeline Venician, vingt-six lithographies originales de Roland Oudot, tirage 130 exemplaires, Éditions Cent femmes amies des livres, 1958.
Frédéric Mistral, Les Olivades, treize lithographies originales de Roland Oudot, tirage 200 exemplaires, Les Bibliophiles franco-suisses, 1963.
Jean Giono, Le bal - L'Écossais - Angelo - Le hussard sur le toit, huit illustrations par Roland Oudot, douze par Yves Brayer, Gallimard, 1965.
Alfred Nicolas-Latour, Catalogue des vins Nicolas, illustré en hors-texte de peintures de Roland Oudot sur le thème de l'Île-de-France, Draeger Frères, 1965.
Guy de Maupassant, Œuvres complètes en seize volumes, édition établie par Marcel Lubineau, le volume 9 (Le Horla - Pierre et Jean - Contes divers) illustré par Roland Oudot, L'Édition d'art H. Piazza, 1972.
En 1956 il a illustré "Sous le signe de l'Ile-de-France" le catalogue de luxe annuel ou liste des grands vins de la maison Nicolas (coll. pers.).
« Quelle belle nature de peintre ! Oudot ne veut pas se laisser enfermer dans un étroit domaine. Portraits, paysages, figures, tout le tente ; et il ne craint pas d'aborder les grands sujets, ce dont il faut particulièrement le louer. » - François Fosca[17]
« Avec Roland Oudot, nous nous écartons quelque peu des données immédiates de la vision, des accords perçus, saisis sur le vif et joliment transposés, transcrits sur la toile. Nous pénétrons dans un pays de rêve, fragile et poétique image du réel, où des reflets d'humanité, dans un mirage de nature, s'assemblent pour un pique-nique de fantômes, dans un éclairage lunaire et délicieux. Roland Oudot s'est créé son domaine. Il s'y trouve bien. S'il donnait un peu plus d'assiette, un peu plus de poids, de relief à ses personnages, serait-il encore cet élégiaque inventif, tendre et frémissant ? » - Paul Fierens[28]
« Roland Oudot fut un des premiers, avec ses amis Maurice Brianchon et Raymond Legueult, à affirmer une "tendance nouvelle", marquant l'apparition d'une génération postérieure à celle des "modernes". Né en 1897, 'une famille très artiste, il s'orienta d'abord vers les Arts appliqués : élève de l'École des arts décoratifs, collaborateur de Léon Bakst, puis de Louis Süe et André Mare, il puisa dans cette discipline un sens exquis de l'arrangement coloré. Très tôt il prit conscience des compensations nécessitées par l'art moderne : délicat et toujours un peu "lointain", il tenta avec succès quelques compositions, puis montra dans ses paysages et leur construction robuste que sa sensibilité toute en finesse pouvait s'appuyer sur une base réfléchie et volontaire, qu'il s'empresse d'ailleurs d'envelopper de rêveries et de raffinements de palettes. » - René Huyghe[29]
« Il est un peintre de la terre et qui veut souvent la nature désolée, solitaire et statique. » - Bernard Dorival[30]
« L'œuvre de Roland Oudot est grave, mûre, déjà entrée dans la légende. » - Jean Bouret[31]
« L'œuvre de Roland Oudot ne se divise pas en époques, mais tout au plus en nuances. » - Henri Troyat[32]
« Ce peintre de la Réalité poétique a beaucoup puisé son inspiration dans la campagne provençale scandée par les verticales des cyprès et les horizontales des mas assoupis sous le soleil. Il est également sensible au décor rouge de Venise. Tous ces jeux de contrastes entre la fine lumière rose et le ciel d'outre-mer, ce lyrisme bien dompté, font de Roland Oudot un des peintres les plus recherchés parmi ceux qui sont restés fidèles à l'art figuratif. » - Gérald Schurr[6]
« Il s'est affiché comme un des meilleurs d'entre ceux qui connurent la difficulté d'affirmer une personnalité réelle dans leur temps en joignant radicalement le meilleur des inventions des audaces de la veille au fond des traditions. » - Jacques Busse[4]
↑ a et bComité Montparnasse, Exposition de peintres et sculpteurs de l'École de Paris, catalogue vendu au profit des œuvres des 14e et 6e arrondissements, juin 1951.
↑Les Peintres graveurs français. 80e anniversaire, Paris (6e), 1969.
↑ a et bFrançois Fosca, « Chroniques - Roland Oudot, Le Portique », L'Amour de l'art, n°7, juillet 1929, p. 273.
↑« Les échos d'art : Roland Oudot à la Galerie Le Portique », Art & Décoration, 1933, vol.62, pages IV-V.
↑Roland Oudot, « interview à propos de son exposition De l'Acropole à Manhattan à la Galerie de Paris », émission Arts d'aujourd'hui, France Culture, 21 octobre 1967.
↑Pierre Mazars, Jean-Marie Dunoyer et Jean Selz, L'année de la peinture, Calmann-Lévy, 1980, p. 35-36.
↑Blandine Devun, La vie culturelle à Saint-Étienne pendant la deuxième guerre mondiale (1939-1944), Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2005.
↑Richard Maunier et Thierry Noudel-Deniau, commissaires-priseurs, Catalogue de la collection Maurice Brianchon, Hôtel des ventes de Toulon, 1, 8 et 9 avril 2013.
↑Yves Leroux, « Portrait de François Mauriac à travers ses tableaux parisiens », Nouveaux cahiers François Mauriac, n°7, Grasset, 1999.
↑Henry Barraud, évocation de Paul Paray dans Un compositeur aux commandes de la radio - Essai autobiographique, collection « Musique », Fayard/B.N.F., 2010.
↑Wallace Stevens, Lettres à Paule Vidal, juin 1947, in Letters of Wallace Stevens selected and edited by Holly Stevens, University of California Press, 1996.
Voir aussi
Bibliographie
Jean-François Thomas, Roland Oudot - Peintures, aquarelles, Éditions Au Portique, 1925.
Marcel Zahar, « Roland Oudot », Art & Décoration, 1933, tome LXII, pages 299-306.
Claude Roger-Marx, Drogues et peintures, album d'art contemporain : Roland Oudot, Éditions Laboratoires Chantereau, 1935.
Raymond Nacenta, School of Paris - The painters and the artistic climate of Paris sine 1910, Oldbourne Press, 1960.
Pierre Cabanne et Roland Oudot, Carnet de Provence, Éditions Bibliothèque des arts, Lausanne, 1963.
Pierre Cabanne, Le Midi des peintres, collection Tout par l'image, Éditions Hachette, 1964.
Pierre Cabanne, Roland Oudot, Éditions Galerie André Weil, 1964.
René Huyghe, de l'Académie française, et Jean Rudel L'art et le monde moderne, Larousse, 1970.
François Daulte, L’œuvre lithographique de Roland Oudot, tome 1, 1930-1958, introduction de Henri Troyat, Bibliothèque des arts, Paris, 1972, 138 p.
Henri Troyat, Roland Oudot, Galerie des Granges, Genève, 1973.
Pierre Mazars, Jean-Marie Dunoyer et Jean Selz, L'année de la peinture, Calmann-Lévy, 1980.
Yves Leroux, « De l'imaginaire narratif de Henri Bosco à l'imaginaire plastique de Roland Oudot », Actes du IIe colloque international Henri Bosco (Nice, ), Éditions José Corti, 1981.
André Hambourg, « En hommage à Roland Oudot », revue Athéna sur la Touques, n°69b, .
François Daulte, Roland Oudot, catalogue raisonné, Bibliothèque des arts, Paris, 1986.