Jean Cluseau-Lanauve effectue ses études au lycée de sa ville natale où son talent pour le dessin est remarqué. Ses parents apprécient et favorisent sa vocation. Il est étudiant aux Beaux-Arts de Paris entre 1933 et 1937 dans les sections de peinture (atelier d'André Devambez) et de lithographie, et complète ses études en fréquentant les Académies de Montparnasse[2]. Il s’installe définitivement à Paris, au 21, rue du Vieux-Colombier dans le 6e arrondissement[3], dans un atelier de peintre donnant sur la cour du Théâtre du Vieux Colombier[4]. Il reste néanmoins très attaché à son Périgord natal et à ses couleurs qui inspirent une partie de ses œuvres, étant entre autres membre de la Société amicale des Périgourdins de Paris[5].
Il expose, dès 1932, en Périgord et à Arcachon, mais ses vrais débuts se situent en 1935, où il présente au Salon des artistes français une œuvre intitulée Paysage du Périgord, qui sera achetée par la ville de Paris. Il est en 1939 invité d’honneur à la foire internationale de New York. Après une interruption due à la Seconde Guerre mondiale et à une période de captivité en Allemagne dont il rapporte plus de 2 000 dessins, il reprend une activité de peintre indépendant. Il enseigne l’art graphique à l’école Estienne de 1951 à 1976[2].
Aux achats officiels, dont le premier date de 1935, s’ajoutent de nombreux prix (dont le prix de Venise en 1948, et le prix Puvis-de-Chavannes pour l'ensemble de son œuvre en 1993).
En 1947, il obtient une bourse de voyage de l'Etat[6] pour aller en Tunisie. Il y dessine et peint des paysages et scènes typiques de la vie en ville, dans les villages et le désert.
En 1948, il obtient le Prix de Venise en même temps que les peintres Baron-Renouard, Georges Dayez et Camille Hilaire[7]. Il passe six mois à peindre et dessiner en s'imprégnant de l'atmosphère de la ville et des leçons des maitres italiens.
En 1967, il co-fonde avec Andrée Bordeaux-Le Pecq le groupe "Art & Prospective" issu du Salon Comparaisons. Ils voulaient être une brigade mobile des arts. La même année, il est invité par le général André Zeller à visiter les usines de l'Aérospatiale à Toulouse. il y réalise des deiins et des photos documentaires du Concorde (avion) en construction. Il réalisera par la suite à l'aide de ces relevés et photographies, de grandes gouaches et huiles sur toile. L'une sera exposée à Paris, en Angleterre et au Japon, à Osaka. Cette toile décorait le bureau du Commissaire Général du pavillon Français pendant l'Exposition universelle de 1970. Une autre oeuvre représentant le concorde en construction a été acquise par la ville de L'Isle-Adam.
Il a participé à de nombreux salons (comme les Salons d’automne du Grand Palais et les Salons de la Société nationale des beaux-arts, salons dont il est sociétaire, et expose, depuis leur fondation, au Salon Comparaisons et au Salon du dessin et de la peinture à l’eau, dont il devient président en 1976.), et à des expositions de groupe tant en France qu’à l’étranger, notamment lors des expositions universelles : Paris en 1937 (médaille de bronze)[8], New York en 1939 et Osaka en 1970[2]. Il réalise en outre une cinquantaine d’expositions personnelles.
Après un bref mariage avec sa marraine de guerre, Jean Cluseau-Lanauve épouse des années plus tard sa compagne de longue date, Paule Lamouret. Celle-ci se consacre entièrement à l’œuvre de son mari, qu’elle admire profondément. Ils n’ont pas d’enfants. En raison de sa nature conviviale et pleine d’entrain — ses amis l'appellent « Clu » —, ils vivent constamment entourés d’amis, dont Roger Bouillot qui écrit :
« La première chose qui me vient en pensée à propos de mon ami Cluseau-Lanauve, c’est qu’il est homme d’esprit. Il se trouve à la confluence d’une certaine ironie bien parisienne et de cet humour matois propre à son Périgord natal, […] Cluseau-Lanauve fut l’un des piliers du Saint-Germain-des-Prés historique, quand soufflait sur le “village” un air de liberté qui n’eut jamais plus d’équivalent[10]. »
Il meurt d’un cancer en 1997 et est inhumé au cimetière de Saint-Germain-du-Salembre[11]. Sa veuve continue à se consacrer à la préservation de son œuvre.
Président d’honneur de la Société des beaux-arts de la Dordogne
Vice-président de l’Académie des lettres et des arts du Périgord (1976-1986)Un prix Cluseau-Lanauve[12] a été créé en son souvenir.
Œuvre
Au cours des années, tout en restant figuratif et très personnel, son style évolue vers plus de dépouillement et donne une place prédominante aux jeux de lumières distillés en éclats prismatiques, sur fond de lignes géométriques qui donnent une structure à ses toiles. Quoique inspiré initialement par les mouvements fauve et cubiste, il aspire à développer un style personnel. Ses toiles sont réalisées en atelier, à partir d'esquisses faites d’après nature. Ses sujets varient de peintures de femmes et d’intérieurs à des scènes de rue et des paysages, en particulier des marines.[réf. nécessaire]
De nombreux voyages — en Tunisie (grâce à une bourse de voyage de l’État en 1947[2]), à Venise (prix de Venise 1948), en Méditerranée (sur les bâtiments de la Marine nationale en 1953 et 1954), à l'île de La Réunion (1972 et 1973), dans les fjords de Norvège, en Hollande, en Yougoslavie (en 1959, 1965 et 1968, où il séjourne chez le consul général d’Italie à Koper en Slovénie), en Turquie (1982 et 1984) et au Proche-Orient — enrichissent ses sources d’inspiration et sa palette de couleurs, qui s’éclaircit au cours de 60 ans de carrière. Ses toiles sont vibrantes et reflètent énergie et amour de la vie.
Illustrations
Jacques-René Burin, Visages du Stalag, 57 illustrations de Jean-Cluseau-Lanauve, 1 000 exemplaires numérotés, éditions Arc-en-ciel, 1943
Récits de prisonniers : Jacques-René Burin, Le médaillon ; Albert Chamoy, Mes métiers ; Cousteau, Le premier Noël au Kommando ; illustrations de Jean-Cluseau-Lanauve, Roland Forgues et J.-P. Veber, Comité de la presse parisienne pour l'aide aux prisonniers et à leurs familles, 1944
"Cubistes en Périgord", Périgueux, Exposition du 28 mai au 4 septembre 2022 à la Galerie Mathias
Réception critique
« Des toiles attachées au réel et toujours solidement, harmonieusement rythmées par un peintre qui est aussi un graveur consommé, illustrateur de plusieurs ouvrages, et qui préside le Salon annuel du dessin et de la peinture à l'eau. »
« Un coin d'atelier par M. Cluseau-Lanauve montrant un modèle rajustant sa pantoufle, tandis qu'une jeune femme disparait derrière un rideau, se présente avec une fraicheur d'accent rare en cette réunion. »
« Il recherche des neuves harmonies dans la réalité. Il a souvent peint des paysages de son Périgord d'origine, et aime aussi travailler en Hollande, Bretagne, Provence, sur le bassin d'Arcachon. Dans des compositions animées, il sait faure vivre les scènes typiques de l'animation urbaine, les fêtes et les carnavals. Ses peintures sont construites selon une souple rigueur qu'il tient d'une tradition postcubiste ayant son origine autour de Jacques Villon. »
« La maîtrise et la recherche qui vont de pair avec cet accomplissement lui permettent, dans l'esprit d'André Lhote, de soumettre son emploi des couleurs aux ordres qu'il impose à ses toiles. C'est que Cluseau-Lanauve, sur la base de thèmes figuratifs, ne cesse de fabriquer un autre monde dont il crée et révèle à la fois les lignes de force. C'est alors que ses verticalités, ses plans, ses rapports de surfaces et de tons, font surgir, entre des sujets différents qui peuvent être une pinède et un passage à niveau, d'éclatantes parentés : une réussite répétée par laquelle, sans avoir appartenu à un courant, il démontre, par son ardeur rigoureuse, combien il assure une forte synthèse entre plusieurs des plus marquantes inspirations de l'art pictural. »
« L'oeuvre de Cluseau-Lanauve s'inscrit dans la continuité d'une tradition de la peinture française. Celle issue d'une fréquentation assidue de la nature et de l'enseignement puisé dans les musées. L'école de la vie a complété son engagement pictural. Un demi-siècle révolu de création plastique au cours duquel Cluseau-Lanauve a développé et approfondi sa quête d'une synthèse forme et couleur.
La forme qui va de soi parce que corps vibrant de la composition qui se nourrit de ce sensible que sont les valeurs et leurs rapports qui se modifient selon la lumière mais aussi le sentiment du peintre. Un amour de la vie célébré dans l'équilibre et l'harmonie des lignes associées aux accords délicats de sa palette comme uniques sources de la vraie peinture. »
« Jean Cluseau-Lanauve devait être interpellé par le carnaval de Venise, puisque sa peinture était divisée et aussitôt reconstruite, structurée, à l'instar de la foule des masques, faite et defaite selon un déterminisme secret. Il composa en effet plusieurs tableaux sur ce thème, explicitant merveilleusement Jean Cocteau : "Où vit-on tant de ronds, de carrés, d'ovales, de losanges ? »
D’autres toiles se trouvent dans les préfectures d’Arcachon, de Périgueux et de Limoges et dans les mairies d’Arcachon, d’Angers, de Sablé, de Saumur, de L’Isle-Adam, des Eyzies, ainsi que dans la mairie du 6e arrondissement à Paris, où il résidait.
Autres pays
Des œuvres de Jean-Cluseau-Lanauve ont été acquises par des musées aux États-Unis, au Brésil (musée d'art de São Paulo), en Serbie (musée J.N.A., forteresse de Belgrade), au Danemark (Fondation Carlsberg), au Japon (musée d'art(en) de Matsuyama), ainsi que dans de nombreuses collections publiques et privées, parmi lesquelles l’ambassade d’Italie auprès des Nations unies à Vienne.
Collections privées
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↑André WEBER, De périgueux à Saint-Germain des Près : le peintre Jean Cluseau-Lanauve est resté fidèle à sa terre natale, Limousin Magazine, 1 avril 1980. numéro 215
↑Mise en scène de Piero Faggioniau Théâtre de la Villa des Arènes (Ferdinand Aymé), à Nice, le 15 juillet 1965.
↑ a et bSpectacle présenté au cours du festival de Cimiez (Nice) au Théâtre de la Villa des Arènes (Ferdinand Aymé), avec le ballet et les chœurs de l'opéra de Nice ainsi que l'orchestre philharmonique de Nice.