Jean Cassou naît à Bilbao[1] dans le pays basque espagnol. Son père est ingénieur des Arts et manufactures, sa mère est andalouse. Quand la famille s'installe à Saint Quentin, Jean a quatre ans. Son père décède alors qu'il n'a que seize ans. Jean Cassou effectue ses études secondaires au lycée Charlemagne en subvenant aux besoins de sa famille, puis commence une licence d'espagnol à la faculté des lettres de la Sorbonne à Paris. Il la poursuit en 1917 et 1918 en étant maître d'études au lycée de Bayonne et, ajourné plusieurs fois, n'est pas mobilisé pour la Grande Guerre.
Secrétaire de Pierre Louÿs, il tient à partir de 1921 la chronique « Lettres espagnoles » dans la revue Mercure de France, époque où il devient l'ami du poète espagnol Jorge Guillén avec lequel il entretient une correspondance fournie[2]. Il réussit en 1923 le concours de rédacteur au ministère de l'Instruction publique et publie en 1926 son premier roman. De 1929 à 1931, il est conseiller littéraire des éditions J.-O. Fourcade[3], aux côtés d´Henri Michaux.
En 1936, il reçoit le prix de La Renaissance[4],[5] pour Les Massacres de Paris d'où ressort « sa sensibilité d'artiste et de poète, sa vision colorée, émouvante et prenante »[6]. Louis Aragon considère Les Massacres de Paris comme le modèle d'un nouveau réalisme, à côté du Temps du mépris d’André Malraux, et comme « le véritable point de départ du roman historique dans notre temps et dans notre pays. »[7] Pour le chercheur Alexis Buffet, le roman, inspiré par le contexte du Front populaire, « fait de la Commune un enjeu mémoriel dans le cadre de la stratégie antifasciste de défense de la culture. »[8]
En avril 1940, il est affecté au Musée national d'art moderne, qui était sur le point d'ouvrir au palais de Tokyo, dont il devient conservateur adjoint, puis conservateur en chef durant quelques semaines, avant d'être destitué en septembre 1940. Tandis qu'approchent les armées allemandes, il est envoyé au château de Compiègne et se consacre à la sauvegarde du patrimoine national.
Tandis que de nombreux membres du groupe du musée de l'Homme sont arrêtés, il échappe à la Gestapo et se réfugie à Toulouse. Agent du « réseau Bertaux » à partir d'. Il est arrêté en [10] pour ses activités au musée de l'Homme et emprisonné à la prison militaire de Furgole à Toulouse où il compose de tête, sans la possibilité de les écrire, ses Trente-trois sonnets composés au secret, publiés clandestinement au printemps 1944 sous le pseudonyme de Jean Noir[11]. Grâce au Front national des musiciens, Henri Dutilleux en prend connaissance, et met l'un des poèmes, La Geôle, en musique. Darius Milhaud compose aussi pour voix mixtes, sur 6 de ses sonnets, dont La Barque funéraire.
Libéré après un an de prison, il est envoyé par la surveillance du territoire (ST) au camp d'internement de Saint-Sulpice-la-Pointe. Sur injonction de la Résistance au directeur de la ST, il est libéré en juin 1943 et reprend ses activités de résistant comme inspecteur de la zone Sud. Il est également rédacteur des Cahiers de la Libération et président du comité régional de Libération de Toulouse. Le gouvernement provisoire de la République française le nomme en commissaire de la Républiquede la région de Toulouse ; il y côtoie Serge Ravanel, chef régional des FFI. En août, au moment de la libération de la ville, sa voiture rencontre une colonne allemande : deux de ses compagnons sont tués et il est laissé pour mort. Transporté à l'hôpital dans le coma, il est remplacé mais maintenu dans son titre, dont il démissionne après un an de convalescence.
Parallèlement à ces activités nombreuses, il poursuit son œuvre et publie, notamment, en 1953, le pamphlet La Mémoire courte, "emblématique de l'esprit de la Résistance"[13] et réponse virulente adressée à son ami Jean Paulhan.
Il est le beau-frère du philosophe Vladimir Jankélévitch (1903-1985), dont il a épousé la sœur, Ida Jankélévitch, née le à Bourges et décédée le à Paris.
Nouvelles espagnoles présentées par Jean Cassou ; préface de Henri Barbusse ; traduites de l'espagnol par Jean Cassou et Hélène Pomiès, Paris, Gallimard, 1937, 217 p. ; 19 cm, coll. « La Renaissance de la nouvelle »
Préfaces
Jean Zay, Souvenirs et solitude, Paris, Julliard, 1946.
Federico García Lorca, Poésies 1921-1927 : Chansons, Poème du Cante Jondo, Romancero gitan, 1968 ; traduit de l'espagnol par A. Belamich, P. Darmangeat, J. Supervielle et J. Prévost ; édition Gallimard, coll. « Poésie »
Jean Duval, Cahiers, Éditions José Corti, 1968
Joe Bousquet, Lettres à Jean Cassou, 1970 ; Rougerie
↑(es) J. Cremades Gomez-Pablos, La Espana contemporanea en la vida, la obra y la amistad de Jean Cassou, UvA-DARE, the institutional repository of the University of Amsterdam, , 101 p. (lire en ligne).
↑Cité in Florence de Lussy (dir.), Jean Cassou, 1897-1986. Un musée imaginé (catalogue d'exposition du Musée national d'art moderne), Bibliothèque nationale de France, 1995 (ISBN978-2-7177-1935-2) : * p. 25 (« [Chronologie, 1929.] Olivier Fourcade fait appel à lui pour recruter des auteurs. ») *
p. 76 (« Devenu en 1929 conseiller littéraire chez Fourcade, Jean Cassou contactait des auteurs et recevait des manuscrits. »)
↑« Mai », Almanach Hachette, , p. 135 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bDécerné par la revue La Renaissance politique, littéraire et artistique.
↑Mme Ch. Pomaret, directrice de La Renaissance de l'art français et des industries de luxe. Voir notice de périodique sur le catalogue général de la BnF.
↑« Jean CASSOU », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
↑« - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
↑(es) « Real Decreto 1727/1983, de 22 de junio, por el que se concede la Medalla al Mérito en las Bellas Artes, en su categoría de oro, a don Fernando Zóbel », Boletin Oficial del Estado, Madrid, no 150, , p. 17774 (lire en ligne).