Relativement mal aimé de son vivant, Jean Prouvé bénéficie d’un regain d’intérêt post-mortem et devient l’un des designers français les plus cotés.
Biographie
Jeunesse et début de carrière
Jean Prouvé naît le [1] au sein d’une famille d’artistes nancéiens. Il est le fils du peintre et sculpteur Victor Prouvé et de la pianiste Marie Duhamel[2]. Il a pour parrain Émile Gallé, maître verrier et le fondateur de l’École de Nancy. En 1916, les difficultés financières que rencontre sa famille le contraignent à abandonner ses études, pour entrer en apprentissage, d’abord chez le ferronnierÉmile Robert à Enghien, puis chez Raymond Subes à Paris et enfin de 1919 à 1921 chez Georges-Adalbert Szabo[3],[Note 1]. Il se lie d’amitié avec André Fontaine. Cet intellectuel progressiste marquera le jeune Prouvé, comme l’avaient fait les artistes de l’École de Nancy, et il en retiendra un mot d’ordre essentiel : ne jamais copier[4].
En 1924, après son service militaire, il épouse Madeleine Schott (1898-1990), une élève de son père à l’École des Beaux-Arts[5]. Cette même année, il inaugure un petit atelier « Jean Prouvé, ferronnier d’art », au 35 rue du Général Custine à Nancy, grâce à un prêt de Saint-Just Péquart, un intime de la famille[4]. Ses premières réalisations sont des ferronneries pour des édifices privés : hôtel Thiers de Nancy, devantures de magasins parisiens.
Petit à petit, il délaisse le style Art nouveau et expérimente des formes plus modernes et des matériaux nouveaux, tel l’acier inoxydable[4]. Il conçoit dès cette première année sa « chaise inclinable » en toile et tôle d’acier pliée laquée[6]. En 1927, il sollicite un entretien avec Robert Mallet-Stevens, qui se montre intéressé par son travail et lui commande une grille d’entrée pour l’hôtel particulier Reifenberg à Paris[7],[5]. Par ailleurs, il l’introduit auprès de grands noms de l’architecture avant-gardiste et moderniste, comme Le Corbusier et Pierre Chareau. Mallet-Stevens sollicite à nouveau Jean Prouvé en 1928 pour réaliser les ferronneries escamotables de la chambre en plein air aménagée sur la terrasse de la Villa Noailles[8].
De la ferronnerie traditionnelle au modernisme
Jean Prouvé fait partie des membres fondateurs en 1929 de l’Union des artistes modernes[9]. Ce mouvement d'avant-garde veut s’émanciper de la Société des artistes décorateurs, et organiser des événements indépendants qui défendent l’alliance entre l’art et la production industrielle[10]. Présidée par Robert Mallet-Stevens, l’UAM est composée de pionniers des arts modernes tels René Herbst, Francis Jourdain, Gustave Miklos ou encore Charlotte Perriand[11]. L'exposition de l'UAM en 1930 est l'occasion pour Jean Prouvé de présenter plusieurs de ses réalisations à l'état d'expérimentation[12],[13].
Lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925, il reçoit un diplôme d’honneur pour son mobilier utilitaire, modulaire et fabriqué selon des techniques avancées[3]. Il met au point la technique du tube d’acier inoxydable aplati, qui garantit une grande résistance de la structure[14]. Ce principe de fabrication se retrouve sur la majorité de ses créations de cette période. Plusieurs projets pour des établissements à vocation éducative lui permettent d’appliquer ces procédés novateurs[15]. Durant les années 1930, après plusieurs prototypes, il conçoit de nombreux éléments de mobilier alliant métal et bois, mais combinant confort et économie de production ; ceux-ci restent, avant tout, destinés à une utilisation familiale[16]. Pour les chaises, il utilise le principe de structure porteuse en tôle d’acier, technique qu’il développe depuis le milieu des années 1920. Il reçoit sa première commande de mobilier de l'industriel Louis Wittmann, afin de meubler son château de Rupt-sur-Moselle[16],[Note 2]. Le nombre des commandes augmentant, Jean Prouvé se voit obligé d'engager du personnel et d'investir dans de nouvelles machines[Note 3]. Il est alors contraint de transporter ses ateliers rue des Jardiniers ; il finit par renommer sa société en « SA des Ateliers Jean Prouvé » en 1931[10],[Note 4]. Il abandonne alors définitivement la ferronnerie traditionnelle, le marché domestique et se consacre au secteur des collectivités offrant des débouchés plus larges[17]. Ainsi, les rampes, cloisons et porte d'entrée du nouvel hôtel de ville de Boulogne-Billancourt élevé de 1931 à 1934, dont l'architecte est Tony Garnier, sont réalisées dans les ateliers de Jean Prouvé [18].
L'année de son déménagement, il est chargé de réaliser du mobilier pour la nouvelle résidence étudiante de la cité universitaire Monbois[19],[Note 5]. En 1934, il crée pour l’École des sciences politiques de Paris la chaise type « standard »[5], un modèle capable de supporter de lourdes charges qui sera produit jusque dans les années 1950[21]. Il connait un grand succès avec un autre projet de mobilier pour l’École nationale professionnelle de Metz en 1936 : il s’agit d’un pupitre scolaire à deux places reposant sur seulement quatre pieds. Ce modèle et ses variantes sont par la suite produits en grand nombre[22]. Parmi les autres bâtiments dont il dessine le mobilier figure l’ensemble des sanatoriums du plateau d'Assy[23].
Vers l’architecture
À partir de 1935, Jean Prouvé apporte une contribution significative à différents projets architecturaux. Eugène Beaudouin et Marcel Lods le chargent de concevoir le bâtiment de l’aéroclub Roland-Garros à Buc[24]. Il conçoit une structure préfabriquée avec une structure porteuse faite de tôle d’acier pliée assemblée par boulonnage[25]. Après un rapide prototypage, le procédé est validé par Marcel Lods. Dans la continuité du projet de l’aéroclub, Jean Prouvé collabore à nouveau avec les deux architectes à la conception de la Maison du Peuple de Clichy, édifice devant intégrer un marché couvert, une salle des fêtes, une salle de conférence et de cinéma, ainsi que des bureaux[26]. La solution qu’il propose est encore plus innovante puisque, sur un projet de structure relativement traditionnelle, il dissocie la façade : c’est là une des premières réalisations comportant un mur-rideau[26]. Il imagine également les éléments secondaires (sanitaires, escaliers, portes et cloisons) en construction préfabriquée[27]. Le bâtiment est salué comme une grande réussite tant par ses pairs que par le public[27].
À l’automne 1939, alors que la Seconde Guerre mondiale vient de débuter, le général Dumontier le charge de présenter un prototype de pavillon démontable pour abriter quatre à douze soldats, ce qu’il parvient à réaliser en une semaine. Convaincu, l’état-major du génie militaire lui commande trois cents pavillons, et les Ateliers Prouvé produisent en quelques mois plusieurs centaines de cellules juxtaposables de 4 × 4 m, qui peuvent être montées et démontées rapidement par deux hommes[28]. Cependant, l’invasion de la France en marque la fin de la production de ces unités de logement[29],[5].
Pendant l’occupation allemande, les matériaux se font rares et il n’y a plus d’acier disponible, ce qui pousse Jean Prouvé à développer, dans le prolongement des essais sur les baraques militaires, le concept de bâtiment provisoire. Par ailleurs, ses Ateliers se diversifient en produisant notamment des carburateurs de camion, des poêles de chauffage et des cadres de bicyclette[30]. Mais pendant cette période troublée, Jean Prouvé s’engage : il rejoint la Résistance, et plus tard il sera nommé maire de Nancy, de la Libération jusqu’aux élections municipales de 1945[5]. Il est aussi délégué de l’Assemblée consultative provisoire[31].
L’expérience de l’habitat industriel
En 1947, Jean Prouvé installe ses Ateliers sur un terrain plus grand à Maxéville, en banlieue de Nancy[32]. Dès la fin de la guerre, Raoul Dautry, ministre de la Reconstruction, lui commande des maisons en série pouvant être produites rapidement, afin de faire face aux grands besoins de logement dans les régions bombardées[33]. Jean Prouvé lance un programme de fabrication de maisons légères qu’il a conçues au début de la Seconde Guerre mondiale avec Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand. Il a auparavant breveté ce système de construction dit « à portique ». Des versions 6 × 6 mètres et 6 × 9 mètres sont réalisées[34]. Seule la moitié des huit cents logements prévus est réalisée[33].
Il réutilise le principe de la structure à portique en 1949 pour concevoir la maison dite « tropicale », une habitation pour le directeur de l’université de Niamey au Niger[35]. Ses dimensions sont de 6 × 12 mètres et les éléments sont transportables par avion-cargo avant d’être montés sur place[36]. Deux maisons de ce modèle seront également assemblées à Brazzaville en 1951[35]. Toujours en 1949, le successeur de R. Dautry au ministère de la Reconstruction, Eugène Claudius-Petit, visite les Ateliers de Jean Prouvé et passe une commande pour vingt-cinq maisons préfabriquées à Meudon[37]. Mais, en raison de la hausse des coûts, seules dix unités de cette version — dite « métropole » — de la maison à portique sont montées sur le site. Les autres exemplaires sont assemblés à divers endroits en France et en Algérie[38].
En 1951, il réalise des sheds en aluminium pour l’imprimerie Mame à Tours (architecte Bernard Zehrfuss), ce qui constitue une première mondiale[39]. Mais l’inflation, les frais de l’installation à Maxéville, l’importance des investissements nécessaires, ont déséquilibré la trésorerie des Ateliers Jean Prouvé, si bien que l’Aluminium français[Note 6], suivi bientôt par la CEGÉDUR, entrent alors dans le capital[40]. La situation se dégrade et, en 1952, les actionnaires lui interdisent l’accès aux Ateliers. Jean Prouvé démissionne en de la présidence de l’entreprise pour signifier son opposition aux nouvelles orientations prises par la direction[41]. C’est une période difficile pour lui dont il gardera un très mauvais souvenir, allant jusqu’à dire plus tard : « Je suis mort en 1952[40]. » L’Aluminium français lui commande néanmoins le pavillon du centenaire de l’Aluminium qui est monté en 1954 sur les quais de la Seine à Paris[42]. Le bâtiment de 150 × 16 mètres, réalisé en vingt-et-un jours, « affiche les possibilités techniques et plastiques de l’aluminium. »[43].
En 1953, Jean Prouvé acquiert au 6 rue Augustin-Hacquard, sur le flanc de la colline dominant Nancy nord, un terrain bon marché très pentu et réputé inconstructible[44]. L’année suivante, en quelques week-ends, aidé par quelques amis et ouvriers, Jean Prouvé y érige une maison légère, longue et étroite, sur un seul niveau[45]. L’essentiel des éléments de la construction provient de ses anciens Ateliers. Outre la structure à portique, la construction emploie différentes pièces de ses précédents projets, tels les panneaux perforés des maisons tropicales. De son propre aveu, c’est une maison « un peu bricolée »[46].
En 1954, Jean Prouvé participe avec Charlotte Perriand à l’appel d’offres lancé pour l’ameublement de la résidence universitaire Monbois à Nancy et de la résidence universitaire Jean-Zay à Antony. Il obtient la commande de mobilier pour les salles communes, les restaurants et une partie des chambres. Ayant perdu l’espoir de retrouver ses Ateliers de Maxéville, Prouvé fonde avec l’architecte-écrivain Michel Bataille, le promoteur Jean-Claude Aron et l’architecte Serge Kétoff, la SARL « Les Constructions Jean Prouvé », rue de Louvois à Paris[47].
Une grande vague de froid frappe en cet hiver 1954, et l’abbé Pierre lance un appel à la solidarité afin de créer des logements pour les plus démunis. Il contacte lui-même Jean Prouvé pour développer une habitation d’urgence, bon marché, industrialisable et facile à monter[38]. Le concept d’un tel pavillon avait été imaginé dès 1952 à Maxéville, en collaboration avec l’architecte stagiaire Maurice Silvy. Le soubassement en béton forme une cuvette. Au centre, un bloc central dit « monobloc » abrite cuisine, pièces d’eau et local technique[48],[38]. Ce bloc préfabriqué en métal supporte une poutre en tôle pliée et forme l’ossature porteuse. L’enveloppe extérieure est constituée de panneaux sandwich en bois thermoformé, le toit étant, lui, réalisé à l’aide de bacs d’aluminium[49]. C’est ainsi que Jean Prouvé réalise le prototype de la « Maison des Jours Meilleurs », dite aussi « Maison pour l’abbé Pierre », monté en sept heures pour le Salon des arts ménagers en sur le quai Alexandre-III à Paris[50]. Pourtant, malgré le plébiscite du public, la maison n’obtient pas l’agrément du Centre scientifique et technique du bâtiment si bien qu’elle restera à l’état de prototype[51]. De cette maison, Le Corbusier dira[49] : « Jean Prouvé a élevé sur le quai Alexandre-III la plus belle maison que je connaisse : le plus parfait moyen d’habitation, la plus étincelante chose construite. Et tout cela est en vrai, bâti, réalisé, conclusion d’une vie de recherches. Et c’est l’abbé Pierre qui la lui a commandée ! »
Toutefois, ce principe de construction est réemployé un peu plus tard, au début des années 1960, pour des projets comme la maison de vacances que lui commande l’industriel Pierre Seynave à Grimaud[Note 7], et la maison Gauthier à Saint-Dié[52],[53].
Grands projets architecturaux et enseignement
En 1957, la CIMT, avec laquelle Jean Prouvé a travaillé sur le prototype de la Maison des Jours Meilleurs[54], l’engage comme responsable du département « bâtiment »[55]. Il réalise alors la structure de la nouvelle buvette de la source Cachat à Évian avec l’architecte Maurice Novarina[56], et les bâtiments provisoires de l’école de Villejuif, avec le concours de l’ingénieur Serge Ketoff. Ces deux projets comportent un nouveau système de toiture supportée par des poteaux « béquilles » en forme d’Y pour le premier et en forme de T pour le second[57],[58].
Entre 1957 et 1970, Prouvé occupe la chaire d’Arts appliqués du Conservatoire national des arts et métiers à Paris[54]. Intéressé depuis toujours par la pédagogie, il met en place un enseignement qui illustre son approche industrielle de la construction, en s’appuyant sur l’analyse d’« objets techniques », de l’automobile à la construction, souvent à partir de ses propres expériences. C’est aussi pour lui l’occasion de formuler ses préoccupations concernant l’intégration du bâti à l’environnement. En tant que professeur du CNAM, Jean Prouvé se consacre à l’expérimentation de nouvelles matières (stations-services cylindriques Total, développées à partir d’une maison d’habitation conçue en Ariège par Serge Binotto, l’un de ses collaborateurs[59]) ou de composants (panneaux de façade de l’université de Lyon-Bron). Il se consacre également à plusieurs projets trop audacieux pour être réalisés, mais qui apportent à son œuvre une dimension urbanistique : siège du ministère de l’Éducation nationale, avec Joseph Belmont et Jean Swetchine, 1970 ; station d’Arc 2000, avec Reiko Hayama et Serge Binotto, 1970.
Au début des années 1960, Prouvé conçoit en collaboration avec l’ingénieur Léon Pétroff deux importants systèmes de construction : la « toiture réticulaire à surface variable » qui s’adapte à tous les types de constructions[60],[61] et le « tabouret », procédé mettant en œuvre deux seuls éléments : un poteau et une poutre pour l’Alpexpo 1968 à Grenoble[62].
Il met au point des systèmes de façades légères qui bénéficient de ses recherches antérieures et dont l’élément déterminant est le profil raidisseur. Il conçoit un profil amélioré par rapport aux standards en vigueur grâce aux techniques de fabrication de pointe (emboutissage, extrusion) et à une qualité d’exécution qui résout les problèmes de finition et d’isolation[64]. Accompagnant l’architecte Henri Vicariot, il crée avec ce système la façade de verre de l’aérogare d’Orly-Sud en 1959[65],[66]. Des variantes et adaptations de ce principe sont utilisées avec son concours pour l’hôtel de ville de Grenoble réalisé par Maurice Novarina en 1966, ou pour la faculté de médecine de Rotterdam par Choisy architecte en 1967[67],[5].
Un bureau d’études indépendant
En 1966, quittant la CIMT, Jean Prouvé ouvre à Paris un petit bureau d’études indépendant d’ingénierie-conseil[66] où s’élaborent des projets qui feront date, et qui démontrent la constante évolution et le remarquable esprit d’adaptation de ce constructeur. Il collabore avec des architectes pour des bâtiments qui portent la marque de son intervention, à l'image de l’extension de l’université libre de Berlin (avec l’agence parisienne Candilis, Josic et Woods)[68],[69] et de la tour Nobel à Paris-La Défense (avec Jean de Mailly et Jacques Depussé) achevée en 1969[70].
C’est aussi le moment d’une reconnaissance internationale et de belles réussites, en particulier techniques, par exemple la structure du Palais omnisports de Paris-Bercy (Michel Andrault et Pierre Parat architectes, 1978) ou la tour-radar d’Ouessant (Jacquin architecte, 1981). En 1971 il est nommé président du jury international pour le concours du Centre national d’art et de culture voulu par le président Georges Pompidou[71]. Il impose le projet de Renzo Piano et Richard Rogers qui reprennent des principes chers à Jean Prouvé : structure en acier plié, façade-rideau en panneaux modulaires, mise en évidence des principes constructifs, flexibilité des espaces intérieurs[72]. Le choix avant-gardiste du jury, ajouté au fait que Jean Prouvé n’est pas diplômé d’architecture, soulève une controverse[73].
En 1964 se tient une grande rétrospective de l’œuvre de Jean Prouvé au Musée des Arts décoratifs de Paris[66]. Sept ans plus tard, en 1971, c'est au tour de la ville de Genève d'accueillir une exposition récapitulative de son travail[66]. En 1981, à l’occasion du prix Érasme, une exposition sur Jean Prouvé est organisée au Musée Boijmans à Rotterdam[78]. L’année suivante, ce dernier est lauréat du Grand Prix d’architecture de la Ville de Paris[79].
Dès 1983, Alan Grizot collectionneur et marchand d’art, pionnier et re-découvreur des maîtres du design français de l’après guerre, révèle dans sa galerie parisienne son travail. Peu après le décès de Jean Prouvé, il organise à New-York, le 10 mai 1985, avec le marchand d’art américain Antony De Lorenzo, la première exposition consacrant le mobilier créé par l’artiste : « Jean Prouvé / Serge Mouille Deux maîtres du métal ».
Les expositions posthumes à son sujet se multiplient. En 2010, Gagosian Gallery organise dans son espace parisien, en collaboration avec la Galerie Patrick Seguin, l'exposition JEAN PROUVÉ ARCHITECTURE, qui présente plusieurs éléments architecturaux conçus par Jean Prouvé. En 2012, l’œuvre de Prouvé est commémorée à Nancy[80] ; d’une part au Musée de l'École de Nancy qui retrace son parcours et analyse son influence sur la ville pendant et après la Seconde Guerre mondiale ; d’autre part au Musée des Beaux-Arts de Nancy avec l’installation d’une des « Maisons tropicales » préfabriquées qu'il avait conçues pour l’Afrique[81]. En 2013, Gagosian Gallery et la Galerie Patrick Seguin s'associent une nouvelle fois et organisent l'exposition Calder | Prouvé. D'abord présentée dans l'espace de Gagosian Gallery au Bourget, l'exposition itinérante[82] est ensuite montée à la Galerie Patrick Seguin à Paris. En 2016, la Contemporary Art Foundation de Tokyo et la Galerie Patrick Seguin conçoivent l'exposition Jean Prouvé the constructor, qui s'installe à l'Ambassade de France au Japon, située à Tokyo. En 2018, la Fondation Luma Arles présente Jean Prouvé, Architecte des jours meilleurs. L'exposition, réalisée en collaboration avec la Galerie Patrick Seguin, présente le plus grand nombre de systèmes de construction démontables de Prouvé jamais rassemblés en un même lieu.
L’œuvre de Jean Prouvé est souvent présentée dans le cadre d'expositions d'envergure en France et à l'étranger. En 2008, l'exposition Home Delivery: Fabricating the Modern Dwelling organisée par le MoMa de New York, replace l’œuvre de Prouvé parmi celles d'autres architectes éminents du XXe siècle[83]. Dix-ans plus tard, en 2018, le Centre Pompidou Paris présente Une aventure moderne : une rétrospective qui rappelle la place occupée par Prouvé dans le mouvement français d'avant garde fondé en 1929.
La marque G-Star, en collaboration avec Vitra, produit en 2012 une édition limitée dans une version légèrement remaniée du « lit Flavigny », dessiné par Jean Prouvé en 1945[80].
La cote de l'architecte designer[Note 9] est relativement élevée depuis sa mort. Tant les constructions que les meubles qu'il a conçus atteignent des sommes importantes lors de ventes aux enchères. Ses réalisations en tôle pliée – bibliothèques, fauteuils, chaises, lits Antony, bureaux et tables Compas, tables de réfectoire – figurent aujourd'hui parmi les meubles les plus cotés du XXe siècle[98].
En 2007, un des exemplaires de la série des « maisons tropicales » (celle construite en aluminium et acier en 1951 à Brazzaville, Congo) est démonté, restauré et remonté à Londres par Éric Touchaleaume : la maison est adjugée aux enchères chez Christie's pour 4,97 millions de dollars à l'homme d'affaires new-yorkaisAndré Balazs(en)[99]. Une autre est acquise par Robert Rubin ; il va d'abord l'exposer avant de la léguer au Centre Pompidou qui l'installe au cinquième étage du musée. Miuccia Prada, créatrice de mode italienne, et l'artiste Richard Prince possèdent également un modèle de maison préfabriquée conçue par Jean Prouvé[100].
Plusieurs pavillons de station-service conçus pour Total en 1970 ont trouvé preneur lors de ventes aux enchères. Un exemplaire est acquis pour 90 000 euros en lors d'une vente aux enchères publiques à Niort, un autre en 2014 à Nancy pour la somme de 36 000 euros[101].
Dans les années 1960, le grand couturierAzzedine Alaïa est logé à Paris dans une chambre de bonne. Simone Zehrfuss, la femme de l'architecte Bernard Zehrfuss aménage l'endroit avec du mobilier de Jean Prouvé, étant amie avec ce dernier. Cette proximité entre Zehrfuss et Prouvé donne l'occasion à Alaïa de le rencontrer. À propos de cette chambre, Alaïa explique a posteriori qu'« elle était entièrement meublée par Jean Prouvé. Je trouvais ces meubles beaux, mais je ne connaissais pas le design à l'époque et je n'avais pas d'argent. Et puis ces amis m'ont offert un lit de Prouvé[102] ». Dès le succès de ses premières collections de mode dans les années 1980, le couturier tunisien se met à acquérir de multiples objets de design, dont des meubles de Prouvé. Il est l'un des premiers à s'intéresser au designer français[103]. Une vingtaine d'années plus tard, il achète une station service de Prouvé pour en faire sa chambre à coucher[104],[105]. Par la suite, du mobilier de Prouvé est présent dans le petit hôtel que possède le couturier, ou au sein de sa fondation[106],[107].
Lors d'une vente à Nancy en 2018, un exemplaire de la chaise « Cité » est acquis pour la somme de 50 000 euros, un lit d'étudiant est enlevé au prix de 35 000 euros, et deux chaises de type « Standard » sont adjugées pour 15 000 euros[108]. En 2014, la table dite « Aile d'avion » est vendue aux enchères à un collectionneur privé pour 1,24 million d'euros[109]. L'année suivante, une table de réfectoire universitaire est adjugée pour 1,29 million d'euros à Paris, établissant alors un record pour une œuvre du designer français[110].
Notes et références
Notes
↑« Car c’est par la ferronnerie d’art, son premier métier, que Prouvé a commencé sa carrière d’ingénieur et de constructeur. Formé entre 1916 et 1921 dans l’atelier d’Émile Robert à Enghien, puis de Georges-Adalbert Szabo à Paris, il s’est installé à Nancy en 1924 et a commencé à produire des luminaires, des grilles, des rampes ou des portes avant de se lancer dans la menuiserie métallique, puis dans la construction. »Renaud Machart, « Jean prouvé entre au musée. », sur lemoniteur.fr, (consulté le ).
↑Jean Prouvé réalise une table et quatre chaises pour son ami le collectionneur d'art Louis Wittmann, ainsi que deux chaises identiques pour lui-même. L’une de ces dernières est au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, don de la famille de Prouvé, les autres ont disparu.
↑Jusque là, Jean Prouvé n'a pas les machines pour cintrer le métal ; il réalise ses prototypes ou ses toutes petites éditions à la main, ou en utilisant parfois des machines dans d'autres ateliers, d'où les aspects simplistes de ses toutes premières créations[13].
↑Le descriptif de l'entreprise Ateliers Jean Prouvé est « l'ameublement, l'aménagement et l'installation des immeubles »[17].
↑Jean Prouvé remporte en 1930 la compétition pour l'aménagement de la cité universitaire Monbois de l'université de Nancy. Il reçoit ainsi sa première commande de masse. Il meuble soixante des cent quatre-vingt chambres avec, entre autres, lit, chaise de bureau et table[20].
↑Société de vente et de promotion de l’aluminium, liée à ce qui deviendra le groupe Pechiney.
↑Inscrite 1993 aux Monuments historiques et labellisée « Architecture contemporaine remarquable ». (Louise Conesa, 2021).
↑Structure de 107 m2 démontée en 1958 et réutilisée pour partie en 1967 comme chapelle pour les ouvriers des conserveries de Locmaria-Quiberon. Démontée et vendue aux enchères en 2009. Chapelle inscrite à l'inventaire des MH. Une autre partie, réutilisée à l'ancienne école Saint-Clément de Quiberon, a été vendue à la foire de Bâle en .
↑Son rapport aux machines fait qu'il se décrit lui même non pas comme un designer, mais comme un « homme d'usine »[97] ou un « constructeur » ; le terme « design » est d'ailleurs introduit en France dans les années 1960[13].
Références
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↑Frédéric Edelmann, « DEUX EXPOSITIONS A L'IFA Jean Prouvé, le constructeur », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bMarie Godfrain, « Le lit aux pieds fuselés de Jean Prouvé renaît », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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La version du 23 février 2022 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
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We're the MillersPoster FilmSutradaraRawson Marshall ThurberProduser Chris Bender Vincent Newman Tucker Tooley Happy Walters Skenario Bob Fisher Steve Faber Sean Anders John Morris Cerita Bob Fisher Steve Faber Pemeran Jennifer Aniston Jason Sudeikis Emma Roberts Will Poulter Nick Offerman Kathryn Hahn Ed Helms Penata musik Ludwig Göransson Theodore Shapiro SinematograferBarry PetersonPenyuntingMichael L. SalePerusahaanproduksi New Line Cinema Newman/Tooley Films Slap Happy Productions He…
Takuya OnishiLahir22 Desember 1975 (umur 48)Nerima, Tokyo, JepangStatusAktifKebangsaanJepangPekerjaanPilotKarier luar angkasaAntariksawan JAXAWaktu di luar angkasa115 hari 02 jam 22 menitSeleksi2009 JAXA GroupMisiSoyuz MS-01 Takuya Onishi (大西 卓哉code: ja is deprecated , Ōnishi Takuya, lahir 22 Desember 1975) adalah seorang antariksawan Jepang dari JAXA, yang terpilih pada 2009.[1] Kehidupan awal Onishi lahir di Nerima, Tokyo, Jepang. Ia lulus dari SMA Seiko Gakuin di Yokoham…
New Hampshire gubernatorial election 1854 New Hampshire gubernatorial election ← 1853 14 March 1854 1855 → Nominee Nathaniel B. Baker James Bell Jared Perkins Party Democratic Whig Free Soil Popular vote 29,788 16,940 11,080 Percentage 51.42% 29.24% 19.13% Governor before election Noah Martin Democratic Elected Governor Nathaniel B. Baker Democratic Elections in New Hampshire Federal government Presidential elections 1788–89 1792 1796 1800 1804 1808 1812 1816 …
Pemilihan umum Presiden Amerika Serikat di Oklahoma 2012200820166 November 2012Kandidat Calon Mitt Romney Barack Obama Partai Republik Demokrat Negara bagian Massachusetts Illinois Pendamping Paul Ryan Joe Biden Suara elektoral 7 0 Suara rakyat 891.325 443.547 Persentase 66,77% 33,23% Peta persebaran suara Hasil berdasarkan kabupaten Romney 50-60% 60-70% 70-80% 80-90% >90% Presiden petahanaBarack Obama Demokrat Presi…
American baseball player (born 1980) For other people named Rich Hill, see Rich Hill (disambiguation). Baseball player Rich HillHill with the Oakland Athletics in 2016Free agent PitcherBorn: (1980-03-11) March 11, 1980 (age 44)Milton, Massachusetts, U.S.Bats: LeftThrows: LeftMLB debutJune 15, 2005, for the Chicago CubsCareer statistics (through 2023 season)Win–loss record90–73Earned run average4.01Strikeouts1,423 Teams Chicago Cubs (2005–2008) Baltimore Orioles (2009) B…
Kesultanan Jambi1615–1904 Bendera Sultan dan bendera perang Jambi[1][2] Lambang Peta Kerajaan Melayu Jambi, meliputi kawasan sebagian wilayah Riau dan semenanjung Palembang utara.Ibu kotaTanah Pilih (sekarang Kota Jambi)Bahasa yang umum digunakanMelayu JambiAgama IslamPemerintahanMonarki KesultananSultan • 1615–1643 Sultan Abdul Kahar• 1900–1904 Sultan Thaha Syaifuddin Sejarah • Didirikan 1615• dibubarkan Belanda 1904 Didahului ole…
Voltairine de CleyreVoltairine de Cleyre di Philadelphia, 1901 (usia 35)Lahir(1866-11-17)17 November 1866Leslie, MichiganMeninggal20 Juni 1912(1912-06-20) (umur 45)Rumah sakit St. Mary of Nazareth Hospital di Chicago, IllinoisPekerjaanpenulis, pengajar, tutor Voltairine de Cleyre (17 November 1866 – 20 Juni 1912)[1] adalah seorang anarkis berkebangsaan Amerika Serikat. Dikenal sebagai seorang penulis dan pembicara serta menjadi penentang Kapitalisme,pernikahan negara…
1923 film The Unknown TomorrowDirected byAlexander KordaWritten bySydney Garrick (play)Alexander KordaErnest VajdaProduced byAlexander KordaStarringWerner KraussMaría CordaOlga LimburgCarl EbertCinematographySophus WangöeEdited byKarl HartlProductioncompanyKorda FilmRelease date 10 October 1923 (1923-10-10) Running time90 minutesCountryGermanyLanguagesSilentGerman intertitles The Unknown Tomorrow (German: Das unbekannte Morgen) is a 1923 German silent drama film directed by Alex…
Paleolítico medio • Paleolítico superior • X milenio a. C. El Paleolítico superior es el tercero y último de los periodos en que está dividido el Paleolítico, la etapa inicial de la Edad de Piedra. Está caracterizado por la preponderancia de las industrias líticas englobadas en el modo técnico 4 y clasificadas en distintas cronoculturas: Châtelperroniense, Auriñaciense, Gravetiense, Solutrense y Magdaleniense, según los yacimientos epónimos de Francia donde fueron iden…
Четверохолмие (corpora quadrigemina) Четверохолмие (лат. corpora quadrigemina) — четыре бугра, состоящие из верхнего и нижнего двухолмия, образующие верхнюю стенку среднего мозга птиц и млекопитающих и разделенные крестообразной бороздой. У рыб, амфибий и большинства рептилий имеется …
Міністерство оборони України (Міноборони) Емблема Міністерства оборони та Прапор Міністерства оборони Будівля Міністерства оборони у КиєвіЗагальна інформаціяКраїна УкраїнаДата створення 24 серпня 1991Попередні відомства Міністерство оборони СРСР Народний комісаріа…
Questa voce o sezione sull'argomento centri abitati del Piemonte non cita le fonti necessarie o quelle presenti sono insufficienti. Puoi migliorare questa voce aggiungendo citazioni da fonti attendibili secondo le linee guida sull'uso delle fonti. Calliano Monferratocomune Calliano Monferrato – VedutaVeduta LocalizzazioneStato Italia Regione Piemonte Provincia Asti AmministrazioneSindacoPaolo Maria Belluardo (lista civica Calliano nel 2000) dal 25-5-2014 (2º …
Canadian figure skater For other people named Patrick Chan, see Patrick Chan (disambiguation). In this Chinese name, the family name is Chan. Patrick ChanPatrick Chan at the 2015 Grand Prix FinalFull namePatrick Lewis Wai-Kuan ChanOther namesChan Wai-KuanBorn (1990-12-31) December 31, 1990 (age 33)Ottawa, Ontario, CanadaHometownVancouver, British ColumbiaHeight1.71 m (5 ft 7+1⁄2 in)Figure skating careerCountry CanadaDisciplineMen's singlesBegan skating1996RetiredAp…
Israeli football referee Alon Yefetאלון יפתBorn (1972-09-01) September 1, 1972 (age 51)Netanya, Israel Alon Yefet (Hebrew: אלון יפת, born September 1, 1972) is a former international football referee who was the first Israeli to officiate a UEFA Champions League match.[1] Yefet became a FIFA referee in 2001.[2] He has served as a referee in qualifying matches for the 2006,[3] 2010,[4] and 2014[5] World Cups. In addition, Yefet officiated…
此條目需要补充更多来源。 (2021年7月4日)请协助補充多方面可靠来源以改善这篇条目,无法查证的内容可能會因為异议提出而被移除。致使用者:请搜索一下条目的标题(来源搜索:美国众议院 — 网页、新闻、书籍、学术、图像),以检查网络上是否存在该主题的更多可靠来源(判定指引)。 美國眾議院 United States House of Representatives第118届美国国会众议院徽章 众议院旗帜…
Grube Amalienhöhe Allgemeine Informationen zum Bergwerk Grube Amalienhöhe Andere Namen Grube Dr. Geier Informationen zum Bergwerksunternehmen Betreibende Gesellschaft Gewerkschaft Dr. Geier (ab 1904) Mannesmann (ab 1927) Beschäftigte 1018 (1917) 204 (1969) Betriebsbeginn 1885 Betriebsende 1971 Geförderte Rohstoffe Abbau von Manganerz, Dolomit Größte Teufe 267 m (Violett- oder Rheinsohle) Geographische Lage Koordinaten 49° 57′ 32,2″ N, 7° 50′ 19,8″…