Née le à Saint-Mihiel, autrefois riche capitale du duché de Bar, d’un père chef de musique militaire et d’une mère professeur de piano, Jeanne Leleu est dès sa plus tendre enfance initiée à la musique[1],[2],[3].
Prodige du piano, elle se produit en soliste dès son plus jeune âge. Elle crée le (elle n'a pas encore douze ans) la première version de Ma Mère l'Oye, une pièce enfantine pour piano à quatre mains de Maurice Ravel, avec Geneviève Durony[2],[6]. Le compositeur la rend un peu plus tard, en 1913, dédicataire de son Prélude pour le concours de piano du Conservatoire de Paris (morceau de déchiffrage, Durand), lui écrivant : « Continuez à jouer ainsi, pour vous seule, et sans vous occuper du public. C'est d'ailleurs le plus sûr moyen d'obtenir sa faveur. »[2].
Ralentie par la Première Guerre mondiale, sa carrière s'oriente peu à peu vers la composition. En 1923, elle est Premier Grand Prix de Rome de composition musicale pour sa cantate Béatrix[1], soit un an après la composition de son Quatuor pour piano et cordes[6], pour lequel elle avait reçu le prix de composition. En janvier 1924, elle s'installe à la Villa Médicis et y reste pensionnaire quatre ans avant de rentrer à Paris[5],[7].
Jeanne Leleu n’a pas cessé de composer sa vie durant. Ses compositions sont variées : œuvres pour instruments à vent, piano, cordes, mélodies, suitessymphoniques, ballets et musique de scène[8]. Ses œuvres connaissent un succès retentissant si l'on en croit la presse de l'époque et sont de nombreuses fois radiodiffusées. Elle reçoit plusieurs commandes d'État et de la radio.
Atteinte d'une maladie neurodégénérative depuis le début des années 1960[12], Jeanne Leleu cesse peu à peu de jouer en concert et de défendre ses compositions. Cette grande dame de la musique méconnue du grand public meurt à Paris le [13],[1],[14].
Selon Marc Honegger, « sa musique se recommande par sa sensibilité, sa fraîcheur et sa grâce »[11].
Cortège d'Orphée, pour soli, chœurs et orchestre[15],[5] ;
Six sonnets de Michel-Ange pour voix et orchestre, ou piano (1924)[15] ;
Esquisses italiennes, pour orchestre (Leduc), 1926[1],[15] ;
En Italie, pour piano (1926) ;
Par les rues éclatantes, pour piano ou orchestre (1926) ;
Suite symphonique pour instruments à vent (Leduc), 1926[1],[15] ;
Deux danses (Nocturne et Rustique) pour orchestre (Heugel), 1927[1],[15] ;
Le Cyclope, musique de scène pour le drame satirique Euripide (1928)[1],[15] ;
Fronton antique pour orchestre (1928) ;
Transparences pour orchestre (Leduc), 1931[1], suite symphonique en trois parties créée par Walter Straram en 1933 et reprise par Philippe Gaubert aux Concerts du Conservatoire en 1935, qualifiée par Florent Schmitt de « merveilles de fraîcheur, de finesse et de grâce »[16] ;
Pièces en trio, pour harpe, basson et flûte (vers 1939) ;
Suite d'orchestre pour un jour d'été[17] , créée par l'Orchestre national à Rennes en décembre 1939 sous la direction d'Eugène Bigot[15] ;
Un jour d'été, ballet (1940)[1],[17], représenté à l'Opéra Comique en 1940 avec une chorégraphie de Tcherkas et avec des décors de Marie Laurencin[15] ;
Jeanne Leleu, une consécration éclatante, volume 1, musique de chambre et mélodies, La Boîte à Pépites, janvier 2024[19].
Bibliographie
Carole Bertho-Woolliams, Les femmes lauréates du Premier Prix de Rome de composition musicale : 1913-1966, Paris, L'Harmattan, coll. « Univers musical », , 286 p. (ISBN978-2-343-15697-2, présentation en ligne).
Anne Bongrain, Le Conservatoire national de musique et de déclamation, 1900-1930 : documents historiques et administratifs, Paris, Vrin, , 750 p. (ISBN978-2-7116-2398-3, BNF42627971), p. 542.
Odile Bourin, « Jeanne Leleu », dans Association Femmes et Musique, Compositrices françaises au XXe siècle, Sampzon, Delatour, (ISBN2-7521-0043-4, présentation en ligne), p. 157-161.
Marc Honegger (dir.), Dictionnaire de la musique : Les hommes et leurs œuvres. L-Z, Paris, Bordas, coll. « Marc Honegger », , nouvelle éd. (1re éd. 1970), 1232 p. (ISBN2-04-019972-1).
Contient 3 correspondances de Maurice Ravel à Jeanne Leleu (1910-1914) n°329, 553, 592, ainsi qu'1 correspondance du général Picquart à Maurice Ravel (26 juin 1913) n°543 recommandant la pianiste