Ce monument cylindrique, en forme de tour haute de cinq mètres est cependant largement tronqué ; il est parementé en petit appareil de moellons calcaires. Il est érigé à proximité d'une nécropole gallo-romaine et certainement au bord de la voie romaine d'Agen à Bordeaux.
Dans son environnement antique, la Tourasse se trouve sur un site de basse terrasse, à la jonction de deux voies anciennes, l'une suivant la vallée du Lot et l'autre reliant Burdigala (Bordeaux) à Aginnum (Agen) en amont immédiat du confluent du Lot et de la Garonne[1],[2]. Le monument semble être desservi par une petite voie qui le relie au réseau routier plus important[3]. Sous l'Empire romain, Aiguillon se développe au nord-est du site de la Tourasse sur une superficie d'au moins cinq hectares ; c'est une agglomération secondaire de la civitas des Sotiates[4].
Dans la géographie moderne de la commune, la Tourasse est située au sud du centre-ville d'Aiguillon, à l'extrémité de l'avenue du 11 Novembre 1918 et de l'avenue du Maréchal-Joffre.
Historique
La date d'édification de la Tourasse n'est pas connue mais le contexte archéologique dans lequel elle se situe suggère une construction du Haut-Empire romain[5].
Mentionnée sous le nom erroné de « la Lugosse » sur la carte de Cassini, plusieurs fois citée au XVIIIe siècle, dessinée de manière approximative en 1842[6], la pile est décrite pour la première fois en 1859 par Jean Florimond Boudon de Saint-Amans dans l'Essai sur les antiquités du département de Lot-et-Garonne[1].
Les campagnes de fouilles réalises à proximité de la Tourasse au XIXe siècle révèlent la présence d'un copieux mobilier archéologique, dont des monnaies allant du règne d'Auguste à celui de Constantin Ier, mais également des ossements et des urnes probablement funéraires[7].
Ce monument bénéficie d'une restauration en 2001[10], après avoir été libéré d'une construction moderne qui prenait appui sur lui depuis plus d'un siècle et demi ; il figure désormais au sein d'un jardin d'agrément[11].
Architecture et fonction
Ce monument antique, tel qu'il se présente à l'époque contemporaine, est une tour cylindrique de 5 mètres de hauteur pour 9 mètres de circonférence. Il s'agit d'un édifice massif constitué d'un noyau en blocage de pierres liées au mortier, encore partiellement recouvert d'un parement en petit appareil de moellons calcaires réguliers[5],[12]. Il n'est pas possible de déterminer la nature du couronnement de la Tourasse à son origine, car le monument a perdu sans doute plus de la moitié de sa hauteur[1].
La fonction de la Tourasse a longtemps été discutée ; elle le reste. Archéologues et historiens en ont fait une borne marquant la limite de territoires ou une borne milliaire, un édifice voué à Mercure[13], un poste militaire contrôlant le confluent, une tour de signaux[14]. Il semble plus probable qu'il s'agisse d'un monument lié à la présence d'un habitat antique ou d'une pile funéraire rattachée à une nécropole[9],[15], même si sa forme cylindrique est inhabituelle et que des archéologues réfutent cette hypothèse dans les années 1990[5],[16]. Les dernières fouilles conduites à proximité de la Tourasse en 2018 semblent en effet confirmer que le monument est associé à un complexe funéraire dont la nature et l'étendue exactes restent à déterminer[17].
↑Albert Grenier, Manuel d'archéologie gallo-romaine, t. 2 : L'Archéologie du sol, les routes, la navigation, l'occupation du sol, Picard, , 622 p., p. 297.
↑Frédéric Prodeo, Laurence Benquet, Anne Lagarrigue et Marc Malatray, Aiguillon (47), Plaine de Lalanne. [Rapport de recherche], INRAP Grand-Sud-Ouest, , 146 p. (lire en ligne), résumé.
↑Jean Marie Guillaume de Castelnau d'Essenault, « Souvenirs archéologiques de la ville d'Aiguillon et de ses environs », Bulletin Monumental, vol. 41, , p. 746 (lire en ligne).
↑Frédéric Berthault (ill. Bernard Chabot), Vallée du Lot : confluences en Lot-et-Garonne, Le Festin, , 334 p. (ISBN978-2-9152-6248-3), p. 67.
↑Pierre Sillières et Georges Soukiassian, « Les piles funéraires gallo-romaines du sud-ouest de la France : état des recherches », Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France, no 6 « Monde des morts, monde des vivants en Gaule rurale, Actes du Colloque ARCHEA/AGER (Orléans, 7-9 février 1992) », , p. 201 (lire en ligne).
↑Frédéric Prodéo, « Aiguillon – 47 rue Claude-Debussy » (notice archéologique) », ADLFI. Archéologie de la France - Informations, (lire en ligne).
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Brieuc Fages, Le Lot-et-Garonne, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Carte archéologique de la Gaule » (no 47), , 365 p. (ISBN978-2-8775-4037-7).
Pascale Clauss-Balty (dir.), Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France, Pau, Presses Universitaires de Pau et des Pays de l'Adour, coll. « Archaia », , 231 p. (ISBN978-2-3531-1063-6).
Philippe Lauzun, Inventaire général des piles gallo-romaines du sud-ouest de la France, et plus particulièrement du département du Gers, Caen, A. Delesques, , 69 p. (lire en ligne), p. 31-34.