Dans le Royaume de Roumanie de 1906, et dans la steppe du Bărăgan, un adolescent, Matache (lire Mataque) et ses parents paysans, vivent péniblement de la terre. Ils quittent leur village dans l'espoir de trouver un meilleur sort, mais la mère meurt après un accident. Pour subsister, le père se fait engager dans une ferme. Après un vol, le propriétaire, un riche boyard, le désigne comme coupable, et lâche sur lui ses chiens qui le tuent. Matache, désormais seul, est recueilli par une famille compatissante.
Les récoltes sont mauvaises, les paysans vivent mal ; les boyards, eux, vivent bien. Au printemps 1907, les paysans poussés à bout se révoltent. La répression est sanglante, les massacres effroyables. Matache, qui a survécu à l'horreur, décide, encore une fois, de partir.
À la suite du visionnage de ce film, dans un débat télévisé en 1972 (époque où le régime de Nicolae Ceaușescu, qui avait soutenu le « Printemps de Prague », apparaissait dans les médias français comme un communisme indépendant du bloc de l'Est et plutôt sympathique), François Mitterrand, alors en plein processus de constitution du « Programme commun » avec les communistes français, déclara que dans la Roumanie d'avant le communisme, « les boyards s'amusaient à tirer sur les paysans comme sur du gibier », ce qui déclencha les protestations, passées largement inaperçues, de l'historien Emil Turdeanu(ro) (exilé en France, professeur à la Sorbonne) et du dissident Virgil Ierunca (autre exilé travaillant à l'ORTF), car outre la fausseté de l'affirmation, au moment du tournage du film comme au moment de la déclaration de François Mitterrand, les Camps de travail forcé du Bărăgan(ro) étaient le principal lieu de travail forcé des prisonniers politiques de la dictature roumaine, avec une mortalité élevée en raison des conditions de détention et du climat[2].
↑Virgil Ierunca, Au contraire, éd. Humanitas, Bucarest, 1994 et Nicolae Florescu, Emil Turdeanu et le respect de la vérité, in „Jurnalul literar” n° 11, 2000.