L'une des sept pairies du duché de Champagne, il en formait la limite nord-ouest. Le comte de Roucy portait aussi le titre de comte de Reims, et a un temps possédé le château de la Porte de Mars, le château épiscopal de Reims.
Le comté, bien que variant au fil du temps et des querelles seigneuriales s’étendait le long de l'Aisne de Pargnan en aval à Évergnicourt en amont. Au nord limité par le tracé de l'Ailette et au sud par celui de la Vesle.
Il jouxtait les terres du Laonnois au nord, du domaine royal par l'ouest et la Braine, du duché de Champagne avec la ville de Reims et les terres du Rethelois à l'est.
Les vassaux des comtes de Roucy devaient les suivre dans les guerres ; la plupart leur devaient aussi la garde du château de Roucy pendant quelques jours de l'année, ou devaient fournir un homme pour les représenter. Pendant ce même temps, le comte était obligé de les nourrir et de les héberger eux et leurs gens et leurs chevaux. Cet usage tomba peu à peu en désuétude dans le cours du XVIe siècle[3].
Un autre usage, qui subsista jusqu'en 1789, obligeait officiellement les vassaux du comte de Roucy à lui rendre foi et hommage avec dénombrement de leurs biens lorsqu'ils entraient en possession de leur seigneurie. Ceux du pays rémois ne se soumirent guère à cet usage féodal après l'annexion de la Champagne à la France, puis qu’à partir de cette époque la plupart commencèrent à relever directement de la couronne, comme les plus grands vassaux du royaume. Ils devaient néanmoins assister, avec leurs officiers, aux assises ou plaids généraux lorsqu'ils se tenaient à Roucy, pour publier les ordonnances de police, corriger les abus, punir les délinquants et reconnaître les droits dus au comte leur suzerain[3].
Elle relevait de la coutume de Vitry pour la plus grande partie, et de celle du Vermandois ou du bailliage de Châtillon-sur-Marne pour le reste. Elle était rendue aux fourches de justice situées près du moulin à vent sur la colline de Roucy pour ce qui était des fustigations ou pendaisons.
Le bailliage de Roucy fut supprimé par décret du concernant l'organisation de l'ordre judiciaire et qui traite de la suppression des anciens officiers et tribunaux[3].
Premiers comtes
Le premier sire de Roucy devient l’allié du roi de France, Louis IV d'Outremer, avec lequel il s’empare de Reims. Le roi lui donne en fief la terre de Roucy sur laquelle il fait construire le premier château, une motte féodale, en 948. Converti au christianisme, Ragenold (Renaud) est enterré dans l’église Saint-Remi à Reims[5],[6].
v.1000-1033 : Ebles Ier de Roucy, comte de Roucy puis archevêque de Reims (1021-1033). Ce fut le dernier comte de Roucy à porter également de titre de comte de Reims.
marié à Béatrice de Hainaut, fille de Régnier IV, comte de Hainaut, et d'Hedwige de France, fille d'Hugues Capet[1]:p862. → Ils ont au moins deux enfants, Alix de Roucy ci-dessous, qui lui succéda ; et Hedwige/Avoye qui x Godefroi IV de Florennes-Rumigny.
Aucun document d'époque ne mentionne la parenté entre Gislebert et son successeur Ebles Ier. On a longtemps pensé qu'Ebles de Roucy était un fils de Gislebert et d'une fille de Guillaume III Tête d'Étoupeduc d'Aquitaine et comte de Poitiers.
Une étude récente[8], visualisée dans le tableau généalogique de l'article Ebles, penche pour une autre thèse : Ebles Ier de Roucy serait fils d'Ebles de Poitiers (lui-même fils de Guillaume IV d'Aquitaine et d'Emma de Blois-Vermandois fille du Tricheur et de Liutgarde de Vermandois) et d'une fille d'Aubry II, comte de Mâcon, et d'Ermentrude de Roucy (fille du comte Renaud et sœur du comte Giselbert de Roucy ci-dessus ; souche également des comtes de Mâcon et de Bourgogne (Franche-Comté) par son second mariage avec Otte-Guillaume). Ce schéma expliquerait aussi la transmission de Marle et de Coucy, probablement venus des Vermandois carolingiens et sans doute échus au frère cadet puis à la nièce d'Ebles Ier : L(i)étaud et sa fille Ade x Enguerrand Ier sire de Boves et de Coucy. Les deux Adélaïde/Alix/Ade, de Roucy et de Coucy-Marle, sont donc cousines germaines. → Ebles Ier et Létaud de Marle ont sans doute pour sœur Judith/Iveta/Ivette/Dada, x Manassès II comte de Rethel.
1196-1200 : Jean Ier, comte de Roucy, frère du précédent
marié à Béatrice de Vignory[1]:p865, il hérite du titre à la mort de son frère, mais meurt sans postérité. Son héritière est sa sœur Eustachie (→ les autres membres de la fratrie étant Ebles chanoine de Reims, Henri, Béatrice).
Eustachie de Roucy (1170 - 1221), sœur des deux comtes précédents, fille du comte Robert Guiscard et femme de Robert de Pierrepont, hérite du titre de comtesse de Roucy après la mort de ses frères[1]:p865, mais elle ne peut s’opposer aux ambitions d’Enguerrand III de Coucy, lequel prend le titre de Roucy en 1200, en épousant la veuve Béatrice de Vignory[5].
Les raisons pour lesquelles il devint comte de Roucy ne sont pas claires :
il s'est marié à Béatrice de Vignory, veuve de Jean Ier
sa demi-sœur est l'épouse de Raoul Ier
il est le tuteur d'Eustachie de Roucy, qui ne se marie qu'en 1204 (?).
Maison de Pierrepont
1204-1221 : Eustachie de Roucy, (1170 - †1221) fille de Robert Guiscard de Roucy, comtesse et héritière de Roucy après la mort de ses frères.
mariée en 1204 (ou 1185[2]?) à Robert Ier de Pierrepont, seigneur de Pierrepont[11] (la deuxième Maison de Pierrepont a été fondée par Hugues de Montfélix, possible fils naturel de Thibaud le Grand comte de Blois et de Champagne, XIIe siècle), qui devient comte de Roucy du chef de sa femme[1]:p866. Enguerrand III de Coucy est contraint de rétrocéder le titre à Eustachie vers 1204. Robert prit le titre de comte de Roucy, que gardèrent ses successeurs[9].
1304-1346 : Jean V de Pierrepont (tué à la bataille de Crécy), fils du précédent. Jean V abandonne les armes de la maison de Pierrepont pour le lion d’azur sur champ d’or[5]. Aussi comte de Braine par sa mère : désormais, les deux titres comtaux sont réunis jusqu'à la mort d'Amé III en 1525.
marié à Marguerite de Bommiers, dame de Blaison, Chemillé, Mirebeau et Montfaucon (-en-Berry et non Montfaucon en Anjou)[1]:p867[12], probable fille de Marguerite de Nemours-Villebéon et de Thibaud (II) le Jeune, fils de Robert IV de Bommiers et de sa 2e épouse Yolande de Mello(à distinguer de ses demi-frères et sœur, les enfants de Robert IV de Bommiers x 1° Mathilde/Mahaut de Déols, petite-nièce de Raoul VI de Déols-Châteauroux : - Marguerite de Bommiers, x 1° Louis Ier de Beaujeu-Montferrand, et x 2° Henri III de Sully ; - Robert de Bommiers ; et - Thibaud (Ier) l'Aîné)
mariée à Louis de Flandre-Namur, fils de Jean Ier, sans postérité
Isabelle vendit Roucy à Louis d'Anjou en 1370, mais son oncle Simon de Pierrepont fit valoir son droit de forlignage et fit un procès devant le Parlement de Paris pour obtenir le comté. Le procès dura 20 ans et fut jugé en sa faveur.
1459-1492 : Jean VII de Sarrebruck-Commercy, fils des précédents, fut comte de Roucy par la donation que lui fit sa mère à condition pour lui de porter le nom et les armes de Roucy[1]:p535
marié à Catherine d'Orléans-Longueville fille de Dunois ci-dessus, mort sans enfant légitime (→ mais laissant deux enfants naturels : Louis seigneur de Sissonne et Marguerite).
Marié en 1520 à Renée de La Marck, fille de Guillaume d'Aigremont et petite-fille du Sanglier des Ardennes, ils n'eurent qu'un fils, Robert, mort en bas âge.
marié 1° 1760 à Louise-Suzanne Edmée Martel dame de Fontaine-Martel et Fontaine-Bolbec (à Bolbec) → leur deuxième fils Armand-Louis François Edmé (1770-guillotiné en ) ; et 2° 1783 à Henriette Adélaïde du Bouchet de Sourches ci-dessous, sans postérité.
Il est le dernier à porter le titre héréditaire de comte de Roucy. En 1767 il vend son titre de comte de Roucy à un très lointain cousin, Jacques Henri Salomon Joseph de Roucy (1747-1814)[18], seigneur de Manre (sa famille a aussi possédé Termes et Marvaux dans les environs), issu d'Hugues de Thosny et du Bois frère cadet du comte Robert Guiscard ci-dessus, dit le comte de Roucy, maréchal de camp et colonel du régiment de cavalerie de la Reine, époux de Marie Perrine de Scépeaux, mais mort sans postérité en 1814[5].
Possesseurs du domaine de Roucy
Après ce sont des possesseurs du château, des biens mobiliers et des terres, qui jouent un rôle important dans la vie, politique, économique, caritative du village.
1800-1837 : Henriette Adélaïde du Bouchet de Sourches de Tourzel. Elle devient duchesse de Charost par son mariage en 1783 avec Armand Joseph de Béthune, hérite du domaine de Roucy à la mort de son mari en 1800, mais meurt sans postérité[5].
1837-1843 : Joséphine (1769-1838), sœur de la précédente, marié en 1788 à Louis de Sainte-Aldegonde-Noircarmes[19].
1843-1872 : leur fille Albertine de Sainte-Aldegonde (1789-1843) épouse en 1808 Charles-Gédéon de Vassinhac d'Imécourt, comte d'Imécourt (1781-1872) (→ un de leurs petits-fils, Ferdinand Charles Marie Maxime de Vassinhac d'Imécourt, sera un gendre du duc Gaston d'Audiffret-Pasquier, et donc un oncle par alliance de Gérard Henri Gaston de Néverlée : cf. ci-dessous).
1872-1890 : Charles Louis Xavier, fils cadet, oncle paternel de Ferdinand Charles ci-dessus, marié à Marguerite Marie Louise Joséphine de Galliffet sœur de Gaston de Galliffet, bienfaitrice à Roucy.
1890-1924 : Madeleine de Vassinhac d'Imécourt (1863-1924), leur fille, cousine germaine de Ferdinand Charles ci-dessus, épousa en 1885 Victor Hugo Kraft Friedrich Willhelm Moritz prince de Hohenlohe-Öhringen (1861-1939 ; neveu de Hugo), divorcée en 1901 ; remariée à Jules Othon/Julius Otto de Wangenheim, chambellan et grand-maréchal de Brunswick.
En 1908, Marguerite de Galliffet met en vente le domaine de Roucy : il est acheté par Gérard Henri Gaston de Néverlée (1881-1917) petit-fils maternel du duc Gaston d'Audiffret-Pasquier et neveu par alliance de Ferdinand Charles de Vassinhac d'Imécourt ci-dessus[5],[21]
mai 1917 : mort de Gaston de Néverlée sur le plateau de Craonne, époux de Madeleine Picot de Vaulogé[5]. Veuve, cette dernière fit détruire le château alors qu'il avait assez peu souffert des dégâts de la Grande Guerre.
Notes
↑ abcdefghijklmnopqrstuvwxyzaa et abGénéalogie des comtes de Roucy, inHistoire Généalogique Et Chronologique De La Maison Royale De France, Des Pairs, Grands Officiers de la Couronne & de la Maison du Roy: & des anciens Barons du Royaume, Avec Les Qualitez, L'Origine, Le Progrès & les Armes de leurs Familles, par le P. Anselme, Augustin déchaussé. Paris, Compagnie des libraires associés, 1733.
↑ abc et dBigot, « Notice sur les droits des seigneurs de Roucy », Travaux de l'Académie nationale de Reims, vol. 111, 1901-1902 (lire en ligne, consulté le ).
↑« Chronique », Revue de Champagne et de Brie, , p. 70 (lire en ligne, consulté le ).
↑Le grand dictionnaire géographique, historique et critique, par M. Bruzen de la Martinière, article Roucy.
↑Jean-Noël Mathieu, « La Succession au comté de Roucy aux environs de l'an mil », dans Onomastique et Parenté dans l'Occident médiéval, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Prosopographica et Genealogica / 3 », , 310 p. (ISBN1-900934-01-9), p. 75-84
↑Marguerite était l'héritière d'une importante famille du Berry, seigneurs de Bommiers (à ne pas confondre avec les Beaumetz de Picardie), fille de Thibaud de Baumez (issu des sires de Montfaucon-en-Berry, Blaison et Chemellier en Anjou, Mirebeau, Mauzé et Marans en Poitou, Toucy en Puisaye, Mello d'Epoisses-Saint-Bris-Château-Chinon...), et de Marguerite de Nemours-Villebéon (issue des sires de Nemours, Villebéon, Marolles et Blandy, vicomtes de Melun, Toucy en Puisaye, comtes de Sancerre, Vierzon, Bourbon-Dampierre, Montreuil-Bellay...).
J.A Périère, Essais généalogiques et historiques sur les comtes et le comté de Roucy, Bergères-sous-Montmirail, 1957.
Honoré Fisquet, France pontificale, (gallica christiana), histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France, depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours, Repos, libraire éditeur Paris, 1864-1873.