L'hiver 1788-89 est très froid ; le thermomètre descend à -18° et la Seine et la Loire sont gelées pendant deux mois ; le dégel entraîne des inondations catastrophiques ; l'année précédente avait été particulièrement humide. Ces conditions extrêmes entrainèrent une situation difficile dans la période de soudure entre les deux récoltes 88-89, une hausse du prix du pain et un accroissement sensible des émeutes frumentaires pendant les premiers mois de 1789[1].
2 février : Monseigneur Loménie de Brienne, archevêque de Sens, ancien ministre proche de la reine de France, reçoit à Nice le chapeau de cardinal des mains du nonce apostolique Tibério Piccolomini[7] et fait d’abondantes aumônes au milieu de la disette générale[8].
23 mars : émeutes de subsistance à Marseille dues à l'augmentation du prix du blé ; une municipalité illégale et une garde citoyenne sont créées, le régime fiscal est modifié[18].
26 - 28 avril : affaire Réveillon. Manifestations ouvrières à Paris, au faubourg Saint-Antoine, à la suite d'un mot mal interprété d’un entrepreneur de papier peint. Pillage de la manufacture Réveillon : la troupe ouvre le feu (12 soldats et près de 300 manifestants tués)[24].
29 avril : protestation des nobles entrants contre toute modification des droits et prérogatives de la noblesse des États d’Artois[25].
parution, sous le titre d’États généraux, du premier numéro du premier journal écrit par un député, gazette fondée par Mirabeau et supprimée le 7 mai[28].
présentation à Versailles de l'ensemble des députés au roi[29].
les députés du Tiers se réunissent dans la salle des États, tandis que le clergé et la noblesse décident de vérifier séparément leurs pouvoirs respectifs dans des chambres particulières[30]. Le Tiers État prend le nom d'Assemblée des Communes[18].
Brissot publie le premier numéro du « Patriote français »[31]. Un arrêt du Conseil d'État interdit la publication toute espèce de journaux sans autorisation expresse[28].
7 mai : saisie du journal de Mirabeau (États généraux). Interdiction de publier des comptes rendus des séances des États. Mirabeau n'en tient pas compte et continue à publier le compte rendu des séances de l'Assemblée ainsi que les analyses sur les questions politiques à l'ordre du jour, d'abord sous le titre Lettres du comte Mirabeau à ses commettants du 10 mai au , puis sous le titre Courrier de Provence, qui parait jusqu'au [28].
11-13 mai : la noblesse refuse de se réunir au tiers état pour faire en commun la vérification des pouvoirs. Le clergé également invité par le tiers état propose de nommer des commissaires conciliateurs. Les Communes acceptent de participer aux conférences de conciliations, mais elles échouent (23-26 mai). La noblesse rejette la vérification des mandats en commun, qui sous-entend le vote par tête, proposé par le Tiers. Malgré l’intervention du roi le et la tenue de conférences supplémentaires sous l'égide du garde des Sceaux à partir du , les débats sont bloqués[30],[32].
19 mai : Le roi permet aux journaux de rendre compte des opérations des États Généraux[33].
20 mai : renonciation du clergé à ses privilèges pécuniaires[33].
22 mai : La noblesse renonce également à ses privilèges pécuniaires et consent à être imposée à raison des biens qu'elle possède[33].
le roi concentre ses troupes qui arrivent autour de Paris (40 000 hommes) sous les ordres du maréchal de Broglie du 25 juin au 10 juillet. Les Parisiens craignent un coup de force et que soient bloqués les convois de blé. Des émeutes éclatent début juillet aux barrières d’octroi[38].
23 juin : séance royale[40]. Le roi ordonne aux députés de siéger par ordre séparé, annule toutes les décisions du Tiers et propose un programme de réforme conforme aux pratiques de la monarchie consultative. À l’issue de la séance royale, le Tiers refuse de quitter la salle. l'Assemblée nationale déclare inviolable la personne de ses députés. Apostrophe apocryphe de Mirabeau : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes »[33].
24 juin : le clergé vient siéger avec le Tiers[33].
27 juin : le roi ordonne aux députés de la noblesse de rejoindre les élus du Tiers état et du clergé[18]. Le vote se fera par tête et non par ordre.
12-14 juillet : troubles ouvriers à Rouen, animés par les carabots. Une bande de deux ou trois cents pillards envahit le faubourg Saint-Sever, met à sac la manufacture de velours Debourges et Calonne, brise et brûle les machines. Trente métiers mécaniques sont détruits[45].
12 juillet : mécontentement, agitation dans Paris à l’annonce du renvoi de Necker dans la matinée du dimanche. À midi, Camille Desmoulins harangue la foule sur une table du café de Foy au Palais-Royal. Dans l’après midi, des manifestations réclament la fermeture des théâtres en signe de deuil. Paris est en état d’émeute généralisée. Dans la soirée, il y a des heurts aux Tuileries entre les manifestants et les cavaliers du Royal-Allemand. Les gardes-françaises passent du côté des émeutiers[38],[46].
en raison de l'éloignement des troupes, arrêté de l'Assemblée des électeurs, portant création du Comité permanent, pour demander au roi le rétablissement d'une milice bourgeoise pour assurer l'ordre dans la capitale, avec un effectif de 48 000 hommes. Elle reçoit des armes (armuriers, invalides)[33]. Malgré le refus du roi, les officiers sont élus. Dès le lendemain, 14 juillet, elle participe à la prise de la Bastille, et le 15, elle est placée sous le commandement du général de La Fayette et prend le nom de Garde nationale.
au matin, le roi annonce devant l’assemblée qu’il a donné l’ordre de retirer les troupes de Paris[33].
commune de Paris : Bailly, maire de Paris. La Fayette est nommé commandant de la garde nationale[47].
à la nouvelle du renvoi de Necker le peuple de Dijon s’empare du château et des munitions, établit une milice, emprisonne le commandant militaire Gouvernet et consigne chez eux les nobles et les prêtres[48].
17 juillet : à dix heures du matin, Louis XVI, accompagné de cent membres de l'Assemblée nationale, se rend à Paris, recevoir l'hommage de ses sujets. Il est reçu à l'hôtel de ville de Paris par le maire Jean Sylvain Bailly. À cette occasion, il arbore la cocarde tricolore que La Fayette aurait fait adopter à la garde nationale parisienne au lendemain du [49]. On a dit, à tort que c'était l'origine des trois couleurs nationales. Il reparaît à Versailles vers onze heures du soir.
19 juillet : à Rennes, la foule s'empare de l'arsenal ; les soldats refusent de tirer sur le peuple. Le commandant militaire Langeron doit quitter la ville[48].
23-24 juillet: les soixante districts parisiens sont invités à choisir chacun deux commissaires pour former l’administration municipale de Paris. L’assemblée municipale des 120 se réunit pour la première fois le 25 juillet et se constitue en Assemblée générale des Représentants de la Commune de Paris[53].
3-4 août : à Rouen, le peuple est incité à piller les demeures des riches par Bordier et Jourdain. Thomas-Charles Jourdain, avocat de Lisieux, et François Bordier, acteur du spectacle des Variétés-Amusantes, au Palais-Royal à Paris, sont arrêtés, condamnés à mort pour fait de sédition et pendus le 21[58].
4 août : nuit du 4 août[4]. Abolition des privilèges par l'assemblée nationale constituante en réponse à l’agitation paysanne (4-11 août).
9 août : émission d'un premier emprunt de trente millions lancé par Necker[59].
10 - 14 août : décret pour le rétablissement de l'ordre et de la tranquillité dans le royaume ; création des unités de garde nationale sous la tutelle des municipalités. L'armée a l'obligation de prêter serment à la Nation, au Roi et à la Loi[60].
19-20 août : affaire de la Tourette ; émeute à Marseille pendant laquelle le brigadier de la garde bourgeoise Garcin est tué, la maison de l’échevin Laflèche est pillée et ses meubles brûlés par la foule. La loi martiale est proclamée et le comte de Caraman fait entrer la troupe dans la ville. Le lendemain, les émeutiers qui réclament la libération des prisonniers sont dispersés[63].
une lettre signée « Nous les Nègres » est remise à Mollerat, commandant militaire de Saint-Pierre, en Martinique : « Nous savons que nous sommes libres et vous souffrez que ces peuples rebelles résistent aux ordres du Roi. Eh bien souvenez-vous que nous sommes Nègres, tous tant que nous sommes, nous voulons périr pour cette liberté ; car nous voulons et prétendons de l'avoir à quelque prix que ce soit, même à la faveur des mortiers, canons et fusils. Comment depuis combien de centaines d'années nos pères ont été assujettis à ce sort qui rejaillit jusqu'à présent sur nous. Est-ce que le Bon Dieu a créé quelqu'un esclave ? »[65]. Le 29 août, une nouvelle lettre adressée au gouverneurs de la Martinique déclare « la nation entière des esclaves noirs, réunie ensemble, ne forme qu'un même vœu, qu'un même désir d'indépendance, et tous les esclaves d'une voix unanime ne font qu'un cri, qu'une clameur pour réclamer une liberté qu'ils ont justement gagnée par un siècle de souffrances et de servitudes ignominieuses. »
1er - 2 septembre : les ouvriers quincaillers de l'usine de Jacques Sauvade à Saint-Étienne détruisent un atelier équipé d'une nouvelle machine à fabriquer des fourchettes[67].
8 - 9 septembre : nouvelle émeute à Troyes contre la disette et les machines. Une foule de femmes, d'ouvriers du textile, d'artisans et de chômeurs assassinent le maire, Claude Huez, et mutilent son cadavre. Des machines sont détruites[23].
10 - 11 septembre : l’Assemblée adopte le principe du monocamérisme et règle le droit royal de s’opposer à ses décisions par un veto suspensif pour deux législatures[38].
émeute frumentaire à Orléans[23]. La municipalité tenue par la haute bourgeoisie réprime l'insurrection des vignerons et des ouvriers des faubourgs qui attaquent un convoi de blé.
22 septembre : l'Assemblée adopte un article constitutionnel qui fonde le nouveau régime. À la fin du mois, 19 articles de la future constitution sont adoptés. Le roi refuse de promulguer les décrets qui ne sont pas appliqués et commence à concentrer les troupes[38].
3 octobre : adresse de l’assemblée nationale à ses commettants de Mirabeau, diffusée dans tout le royaume[38].
5 et : au cours des journées révolutionnaires des 5 et 6 octobre 1789, une foule, composée majoritairement de femmes, se dirige de Paris à Versailles, officiellement pour réclamer du pain à Louis XVI qui répond favorablement à cette demande[69]. Elles réclament aussi que les gardes du corps de sa majesté soient remplacés par la Garde nationale, commandée par La Fayette. L'assemblée constituante en profite pour exiger la ratification des décrets relatifs à la constitution et à la déclaration des droits. Au fur et à mesure du déroulement de ces journées, elles finissent par exiger la venue du Roi à Paris. Sur ce point, Louis XVI se laisse la nuit pour réfléchir. Mais il est réveillé par une foule plus revendicative. Chargé désormais de la sécurité du château, La Fayette, en retard, est incapable d'empêcher son invasion meurtrière. Il sauve néanmoins à Versailles la famille royale. Le roi accepte de venir résider à Paris au palais des Tuileries et d’y appeler l’Assemblée, qui s’y installe le 19 octobre[33].
les députés décrètent que le souverain portera le titre de roi des Français[38]. Il ne peut plus s'opposer aux lois et décrets de l'Assemblée dont la primauté est confirmée[72].
le docteur Joseph Guillotin présente aux députés de l'Assemblée Constituante une nouvelle machine servant à exécuter les condamnés à mort. L'engin, mis au point en collaboration avec le chirurgien Antoine Louis, est selon ses inventeurs le moyen « le plus sûr, le plus rapide et le moins barbare » pour réaliser une exécution capitale. Il sera d'abord appelé « Louison » ou « Louisette » (en référence au prénom du roi), mais très vite les parlementaires et les journalistes lui donneront le nom de « guillotine » en souvenir du nom de son créateur[78].
16 décembre : le projet de mise en place d'un système de recrutement basé sur la conscription, sur le rapport du général Dubois-Crancé, est rejeté par l'Assemblée[80].
21 décembre : Stanislas de Clermont-Tonnerre (° 1757- † 1792), député de la noblesse de la prévôté et de la vicomté de Paris, tente un tour de force juridique, en essayant de faire adopter, sans motion, la question de l'accès des Juifs aux emplois publics, maintes fois repoussée. Mais cette manœuvre habile, qui aurait permis aux Juifs d'obtenir leur première émancipation, échoue[81].
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