À quatorze ans, Lucien Francoeur quitte l'école et se rend à New York où il séjourne quelques mois à Greenwich Village. Il revient au Québec pour un moment et se rend à La Nouvelle-Orléans en 1969 où il termine ses études secondaires. Il revient alors à Montréal en 1970 pour entreprendre des études en lettres au Cégep de Maisonneuve[3].
Lorsqu'il résidait à Montréal durant une partie de son adolescence, Francoeur se laissait parfois tenter par les bagarres et les petits vols qu'il commettait avec ses camarades de la grande métropole[4]. Mais, il se démarquait par son goût pour les arts et la culture.
Littérature et enseignement
Dans les années 1970, Lucien Francoeur gagne sa vie en faisant du taxi. Il rencontre Gaston Miron, qui publie ses premiers poèmes aux éditions de l'Hexagone[3]. C'est l'époque des Minibrixtes réactés. Francoeur explore son américanité et témoigne de sa fascination pour la transgression et l'insanité des grandes villes[5].
Pendant ces années moins flamboyantes sur le plan musical, quelques prix littéraires viennent saluer son talent d'écrivain à partir des années 1980, notamment, le prix Émile-Nelligan pour son livre Les Rockeurs Sanctifiés[6] et Exit pour Nomades, prix du Journal de Montréal[7].
Dans la foulée de quelques lectures de poèmes à La Casanou, un bar où sont organisées des soirées de musique et de poésie dans les années 1970, Lucien Francoeur rencontre Pierre-André Gauthier, qui se montre intéressé à mettre de la musique rock sur la poésie de Francoeur. Le groupe Aut'Chose allait naître de cette rencontre[8]. En 1974, Aut'Chose signe chez CBS. Le premier album, paru le , connaît un immense succès avec les classiques Ch't'aime Pis Ch't'en Veux et Hey You Woman (une relecture québécoise d'un tube de Michel Polnareff) et Le Freak de Montréal. Le 2e album, en , contient sa floppée de classiques : Nancy Beaudoin, Ambulance Francoeur, Comme 'à Radio (une relecture d'un titre de Brigitte Fontaine), Une saison en enfer et Blue Jeans sur la Plage (clin d'œil nostalgique à Gilles Rousseau, le chanteur des Hou-Lops, un groupe yé-yé québécois des années '60). De fait, l'album Une nuit comme une autre poursuit dans la veine du rock progressif arrangé par Pierre-André Gauthier et Jacques Racine. Gauthier n'est plus là pour Le Cauchemar américain, livré en 1976. En fait, il est évincé du groupe pendant l'enregistrement de Nancy Beaudoin au studio de Morin Heights. Francoeur rebâtit Aut'Chose autour du guitariste Jacques Racine[9].
Après la dissolution d'Aut'Chose, Francoeur continue sous son nom, mais entouré de quelques nouveaux musiciens, dont Alan Lord, à donner des spectacles de poésie rock au Québec, ainsi qu'à Paris, tout en continuant à publier des livres et à enregistrer des disques. En 1977, Columbia France publie une compilation des trois premiers albums (Chaud comme un Juke-Box), qui est lancée sur le marché français[9].
Sur le plan musical de sa démarche de poète rock, dans la lignée de Jim Morrison, les efforts en solo de Francoeur ne renouvellent pas la magie des trois premiers albums du groupe Aut'Chose, malgré quelques réussites, artistiques ou commerciales, comme Nelligan, Le Rap-à-Billy (qui contribue au sous-genre hip-hop), l'album Le Retour de Johnny Frisson ou sa participation au projet Café Rimbaud, en 1987, quand son poème est mis en musique par des compositeurs divers (dont un Michel Rivard très surpris de connaître l'auteur du texte, Stephen Faulkner, Gerry Boulet et al.)[réf. nécessaire].
Francoeur retrouve Gauthier pour son l'album Dans la jungle des villes (2001), mais l'album, bien que sous le nom d'Aut'Chose, est en fait un album solo de Francoeur. Le disque compact, lancé peu de temps avant que le producteur ne fasse faillite, a peu d'impact, malgré une diffusion à MusiMax, et sera vite retiré des tablettes des disquaires. En 2005, c'est un ami, et ex-photojournaliste pour Pop-Rock, Ronald McGregor, qui décide de reformer avec des connaissances de la scène heavy metal (des membres de Grimskunk, de Voivod, de Groovy Aardvark et autres) et du vétéran guitariste Jacques Racine, le grand retour d'Aut'Chose sur la scène du Café Campus. Un album de reprises des classiques de la formation, mais beaucoup plus musclées, Chansons d'épouvantes. L'album paraît quelques semaines plus tard, le , puis est en nomination pour l'album rock de l'année 2006 à l'ADISQ[réf. nécessaire].
Médias et animation
Lucien Francoeur devient animateur à CKOI-FM à la fin des années 1980 dans laquelle il anime une série de quatorze émissions sur la chanson rock et sur la poésie moderne[3].
A la même époque, paradoxalement, il est le porte parole de la chaîne de restaurants Burger King dans des publicités télévisés[10].
En 1989, il est un des artistes piégés par les comédiens de l'émission Surprise sur prise ! avec comme complice son ami et co-animateur de son émission de radio, Michel Barrette. Barrette a fait accroire à Francoeur qu'il venait de gagner le million à la loterie Lotto 6/49.
Plus tard, en 2003, il fait un retour remarqué à la radio. Il anime avec l'humoriste Michel Barrette l'émission du retour à la maison à la station CKOI-FM. Il anime pendant quelques années la même émission à CNV, une radio internet[11].
Dernières années et mort
Lors d'un entrevue à la suite de la sortie du documentaire Francoeur : on achève bien les rockers, Lucien Francoeur témoigne de sa relation avec l'héroïne et le fentanyl. Il prit la décision d'arrêter à la suite d'une overdose et par amour pour sa fille[12].
Lucien Francoeur meurt le à l'Hôpital général juif de Montréal, à l'âge de 76 ans, deux semaines après y avoir été hospitalisé pour un malaise cardiaque[13].
Pendant plus de 45 ans, Lucien Francoeur partage sa vie avec la poète Claudine Bertrand et de cette union est née une fille, Virginie Francoeur, en 1987. Cette dernière est aussi poète avec quelques publications à son actif[15].
Gypsie rock / Tatoo, [enregistrement sonore], Montréal, KÉBEC-DISC KD-9310, 1985.
On achève bien les rockeurs / Exit highway, [enregistrement sonore], Montréal, A& M AM-732, 1987.
Rock city / Sur la place publique, [enregistrement sonore], Montréal, A & M AM-736, 1987.
M. Reagan / Le soleil sur la ville, [enregistrement sonore], Montréal, A & M AM-751, 1988
Collaboration
Tant besoin d’aimer, pour Motion
Un air pour rêver, pour Mélody Stewart, simple, Montréal, TBI records, TBC-1001, 1980.
Café Rimbaud, pour Steve Faulkner, Gerry Boulet, Lina Boudreau, Marie Bernard et Michel Rivard, in Café Rimbaud, Montréal, Société Radio-Canada SP-008, 1987.
City night, pour Gerry Boulet, in Gerry Boulet, Montréal, G.I.T. DCCD-1903, 1991.
City night / Café Rimbaud, pour Gerry Boulet, in En rappel…, Montréal, BOULET DE CANON BCCD-1903, 1996.
Dans les rues d’Amsterdam / Easy writer, pour Sendiva (Marc Arsenault), in Sendiva, Montréal, MULTIPASS MUSIC MPM2-1337, 2000.
Mal d’aimer, pour Martine St-Clair, in Un bonheur fou, Montréal, STAR STR-CD-8127, 2001.
Mémorex, pour Nathalie Lavoie, non-endisquée, 2003.
Rap à Billy. Remix pour Malik Shaheed, non endisquée, 2006 ou 2007. Un vidéoclip a été fait pour la promotion de l'album Franglais de Malik Shaheed.
Filmographie
Pierre Bastien, Exit pour nomades, [document audiovisuel], Montréal, Canada-Québec, 1991, 75 min.
Virginie Francœur, Francoeur : on achève bien les rockers, [document audiovisuel], Montréal, Canada-Québec, 2023, 94 min[16].
Prix, honneurs et hommages
1980 - Prix de la traduction John-Glasco, (pour Neons in the night)[17]
Charles Messier, L'ascension de Lucien Francoeur dans le champ littéraire québécois (mémoire de maîtrise en études littéraires), Montréal, Université du Québec à Montréal, , 123 p. (lire en ligne).