Son travail sur la sexualité des Samoans publié sous le titre d'Adolescence à Samoa est un best-seller vendu à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde entier et devient l’étude la plus citée, sans interruption depuis sa parution en 1928, dans les encyclopédies, les ouvrages de vulgarisation et différents débats, concernant l’éducation, la sexualité et l’adolescence. La critique de cet ouvrage par l'anthropologue néo-zélandais Derek Freeman suscite une longue controverse[3], la recherche académique moderne mettant en avant le fait que l'essai de Margaret Mead correspond largement aux préjugés de son temps concernant la sexualité des Polynésiens.
Dans le contexte de la révolution sexuelle des années 1960, Mead s'exprime en faveur d'une ouverture des mœurs sexuelles au sein de la vie traditionnelle religieuse occidentale.
Biographie
Margaret Mead est la fille aînée des cinq enfants d'un professeur d'économie et d'une enseignante qui a quitté son métier au moment de son mariage (Geertz 1989, p. 330). Margaret entre d'abord à l'université DePauw, qu'elle quitte au bout d'un an pour étudier la psychologie pendant deux ans à l'université Barnard. Elle entre en 1923 à l'Université Columbia dans le département d'anthropologie dirigé par Franz Boas et Ruth Benedict. En 1929, elle obtient son doctorat à l'université Columbia[4]. Son mémoire de thèse est une recherche sur la stabilité de la culture en Polynésie, basée sur les publications disponibles.
Elle épouse en 1923 son premier mari, Luther Cressman, étudiant en théologie. Elle divorce en 1928 pour épouser l'anthropologue néo-zélandais Reo Fortune qui l'accompagne dans ses voyages jusqu'à leur divorce en 1935. En 1936, elle épouse l'anthropologue Gregory Bateson rencontré chez les Chambulis. En 1939, naît la fille de Mead et Bateson, Mary Catherine Bateson Kassarjian.
Sur le terrain
Dès 1925, elle part à Samoa (sur Ta‘ū), seule, à 23 ans, malgré les craintes de ses amis et de Boas, qui lui conseillaient d'effectuer sa première enquête de terrain en Amérique[5]. Elle y reste entre 5 et 9 mois[6],[7]. En 1926, elle rejoint l'American Museum of Natural History de New York[8]. Elle retourne en 1928—1929 à Manus dans les Îles de l'Amirauté pendant huit mois, dont elle tirera un livre populaire Growing Up in New Guinea (1930) et une étude technique Kinship in the Admiralty Islands (1934)[5].
En 1928, elle produit le livre controversé Adolescence à Samoa et la monographie technique The Social Organization of Manu'a (1930)[9]. En 1930 elle fait une saison d'été chez les Indiens Omaha ; l'étude qui en sort en 1932 aura peu d'impact[5] ; elle part pour la Nouvelle-Guinée où elle s'intéresse à trois groupes, les Chambuli, les Mundugumor et les Arapesh, avec un point de vue comparatiste. Arrivée en , elle rentre aux États-Unis au printemps 1933, et produit le livre Sex and Temperament in Three Primitive Societies (1935), ainsi que The Mountain Arapesh publié en quatre parties de 1938 à 1949. Selon Clifford Geertz, le premier est un livre « pour le grand public, militant et controversé », tandis que le second est « destiné aux anthropologues, structuré et peu remarqué[5] ».
De à , plus six semaines en 1939, elle travaille à Bali, dont elle produit, avec son mari l'anthropologue Gregory Bateson, son ouvrage le plus remarqué[8], Balinese Character: a Photographic Analysis (1942), ainsi qu'un film, Transe and Dance in Bali. En 1953, elle retourne pour six mois à Manus, et écrit New Lives for Old : Cultural Transformation — Manus 1928—1953 (1956).
Carrière aux États-Unis
En dehors de courtes visites à ses sites d'enquête, Mead aura passé presque six ans de recherches sur le terrain dans six cultures néolithiques, et une technologiquement plus avancée, Bali, situées dans le Pacifique Sud (à l'exception des Omaha). En parallèle, elle poursuit sa carrière au musée d'histoire naturelle de New York, d'assistante-conservateur en 1926 à conservatrice en 1964 et conservatrice émérite en 1969[8].
Au musée, elle réunit des objets, organise des expositions et des films, recueille des fonds (et en donne), et crée la salle des Peuples du Pacifique, ouverte en 1971. Dans les années 1930, elle travaille avec le psychiatre et psychanalyste Harry Stack Sullivan[10]. Avant de devenir professeur-adjoint à Columbia en 1954, elle a enseigné dans de nombreuses universités[11], tout en participant comme chercheur associé au département d'anthropologie de Columbia. Elle y a parfois remplacé Ruth Benedict, avec une influence notoire, et parfois tumultueuse[12], sur les carrières de femmes plus jeunes qui arrivaient dans le département, comme Zora Neale Hurston ou Ruth Landes[13]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle dirige un programme d'étude anthropologiques, basé sur des entretiens avec des expatriés, sur les cultures européennes. Elle développe une notion de caractère national d'où sortiront Soviet Attitudes Towards Authority (1951) et Themes in French Culture, écrit avec Rhoda Métraux (1954).
Engagement
Mead fut aussi une conférencière et une organisatrice inlassable, dans une foule d'organisations. Elle fut en particulier présidente de la Société américaine pour l'Anthropologie Appliquée (1949), de l'American Anthropological Association (1960), et de l'American Association for the Advancement of Science (1975).
Ingénierie sociale
De 1942 à 1949, elle participa aux rencontres interdisciplinaires connues sous le nom de conférences Macy qui réunit ingénieurs, biologistes, psychologues et anthropologues pour examiner les « mécanismes de contre-réaction et causalité circulaire dans les systèmes biologiques et sociaux[14] ».
En 1949, elle déclare à l'appartement de Clemens Heller rue Vaneau à Paris : « Un petit groupe de citoyens engagés et réfléchis est capable de changer le monde. D'ailleurs rien d'autre n'y est jamais parvenu[17] ». Cette citation, éditée en affiche, devient un élément marquant de la personnalité publique de Mead[18].
Bisexualité
Dès les années 1950, elle est adoptée par les communautés LGBT américaines pour ses travaux, car ses études sur la variété et la fluidité des expériences sexuelles dans d'autres cultures donnaient un fondement scientifique à leurs critiques de la société puritaine et hétérocentrée[19]. Dans un article de 1975, Mead écrit que « le temps est venu, je crois, où nous devons reconnaître la bisexualité comme une forme normale de comportement humain[20]. » Elle prend également parti pour l'hypothèse de la bisexualité innée, notant qu'« un grand nombre d'êtres humains - probablement la majorité - sont bisexuels en ce qui concerne leur capacité à éprouver des sentiments amoureux[21]. » Margaret Mead est elle-même bisexuelle[22], mais cet aspect de sa personnalité ne sera dévoilé qu'en 1984, par sa fille[23].
Après avoir assisté en 1974 à Bucarest à la conférence de l'ONU sur la surpopulation, dont elle rend compte la même année dans un article publié dans le magazine Science[24], Margaret Mead organise du 26 au en Caroline du Nord avec le parrainage de deux agences du U.S. National Institutes of Health[25] et avec la participation de Stephen Schneider, George Woodwell, James Lovelock, George Holdren, William Kellogg, une conférence intitulée « L’Atmosphère : menacée et menaçante » , dans laquelle elle alerte l'opinion mondiale sur le fait que les émissions anthropiques de gaz carbonique augmentent massivement en raison de la surpopulation humaine et que cela provoque un réchauffement global de la Terre[26], ce qui fait d'elle une des premières militantes contre le réchauffement climatique[27].
Hommages
Margaret Mead meurt des suites d'un cancer, le . Elle fait alors la une du New York Times[11].
Connue pour être très engagée, elle a participé activement à définir le concept de « cultural patterns » (modèles culturels) et à promouvoir la dimension humaniste de l'anthropologie[réf. nécessaire].
Dans Trois Sociétés primitives de Nouvelle-Guinée (1935), qui s'inscrit dans le courant culturaliste, elle montre comment les civilisations modifient les caractères et la psychologie humaines, affirmant que toutes sont égales. Elle se situe dès lors à rebours de la pensée politique traditionnelle en ne plaçant pas la civilisation occidentale au sommet de l'humanité (ce qui permettait de justifier la colonisation) ou encore en déconstruisant la prétendue supériorité masculine, en remettant en cause les caractères masculins et féminins jusque là considérés comme naturels. Dans ses travaux, l'éducation est vue comme la base de toute société. Sa pensée nourrira les mouvements féministes, de libération sexuelle et anticoloniaux[11].
La production de Margaret Mead, extrêmement fournie, est inégale. Dans la biographie qu'il rédige en 1989 pour l'Académie américaine des sciences, Clifford Geertz écrit : « Une partie est évidemment hâtive, mal pensée, négligemment argumentée, et même irresponsable. Une partie est routinière, banale, dans le meilleur des cas conjoncturelle, dans le pire pur remplissage. Une partie était professionnelle, soigneuse, une contribution modeste, mais véritable au savoir. Et une partie était extraordinairement bonne, révolutionnaire au moment où elle fut écrite et encore aujourd'hui[28]. » Cette inégalité explique sans doute les réactions extrêmement contrastées qu'elle a suscitées.
La contribution de Mead se divise en quatre grands secteurs :
l'anthropologie psychologique ;
l'anthropologie appliquée ;
la méthode ethnographique ;
les études sur la famille, l'éducation, et les rôles sexués, qu'on appellerait aujourd'hui les études de genre.
Anthropologie psychologique
Son travail se répartit en trois phases qui se succèdent progressivement :
une attaque sur les vérités admises sur les étapes de l'éducation et du développement des enfants et adolescents ;
les études sur la culture et la personnalité, où elle cherche à relier des traits culturels, comme la moquerie, à des tendances psychologiques, comme la réserve ;
les études sur le caractère national, où elle caractérise en termes psychologiques des sociétés entières.
Dans la première, elle souffre d'une propension à pousser exagérément une thèse, dans la seconde, d'une conception plutôt mécanique de la relation entre socialisation enfantine et le caractère de l'adulte, et dans la troisième un certain excès d'ambition[29]. Ces trois phases réunies ont cependant formé, pour Geertz, les fondations de pratiquement tous les travaux ultérieurs sur les Manus, les Balinais, et les Américains[30].
Anthropologie appliquée
Mead se montre déterminée à faire de l'anthropologie une science utile à la satisfaction de besoins humains. Elle s'engage dans de nombreuses activités politiques, comme le secrétariat exécutif du Comité sur les habitudes alimentaires du Conseil national de la recherche pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce comité mis en place en décembre 1940, après l'attaque de Perl-Harbour s’inscrit dans une politique de préparation à la guerre, il gère un appel d'offres de recherche pluri annuel centré sur une question d'importance stratégique : comment changer les habitudes alimentaires ? Fin 1941, Carl Guthe, (université du Michigan) prend la présidence du comité et appelle Margaret Mead à ses côtés. Elle publie à cette occasion, en collaboration avec Guthe, un Manuel d’enquête alimentaire[31]. La définition des habitudes alimentaires (food habits), proposée incarne la posture culturaliste[32]. C'est dans le cadre de cet appel d’offres, que Kurt Lewin a réalisé sa célèbre étude sur les abats qui faisait suite à celle sur la consommation du lait (Lewin, 1943), au cours de laquelle les concepts de gate keeper et de pression de conformité ont été élaborés. Parmi les chercheurs impliqués dans l'appel d'offres se trouvent également Alex Bavelas ou encore Leon Festinger.
La réponse aux problèmes américains de l'heure imprègne tout son travail et en détermine la réponse fondamentale[33]. Elle intervient sur presque tous les sujets, où elle a souvent quelque chose de brillamment provoquant à dire, et ses déclarations font d'elle l'anthropologue la plus notoire de son siècle.
Méthode ethnographique
La hardiesse des formulations de Mead et son option fondamentale de mélanger les approches psychologiques et anthropologiques, attirent rapidement les critiques. Elle est caractérisée comme impressionniste, intuitive, subjective, et non-scientifique. Cependant, déterminée à faire de l'anthropologie une science comme les autres, elle entreprend d'exposer et de justifier ses procédures d'investigation, et rend, à sa mort, publics tous ses dossiers déposés à la Bibliothèque du Congrès. Ces documents montrent une variété de méthodes, dont certaines, comme l'usage de la photographie et du film, sont relativement nouvelles dans sa spécialité, sans forcément convaincre[34].
Questions de genre
Plus encore que ses autres domaines d'intervention, les questions concernant l'éducation, les droits des femmes, la sexualité engagent personnellement Mead, ses propres expériences familiales et affectives, particulièrement sa relation intime avec l'anthropologue Ruth Benedict. Son engagement personnel dans ces questions teinte ses investigations de la sexualité des jeunes filles de Samoa, de la dominance maritale des femmes Chambuli ou de l'inconsistance émotionnelle des mères balinaises[35].
Le mouvement féministe américain renaissant après la Seconde Guerre mondiale la considéra de diverses manières. La plupart des questions qu'elle aborde, en effet, ne font pas l'accord dans le mouvement. Elle insiste davantage sur la différence des genres que sur leur égalité, et sur l'accomplissement personnel, plutôt que sur la revendication professionnelle[36]. Selon plusieurs commentateurs, elle assume, dans sa vie académique, le rôle d'un homme, « exigeant la dépendance et le contrôle »[37].
Margaret Mead publie en 1928 Adolescence à Samoa, qui devient un véritable best-seller vendu à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde entier, et publié en édition de poche dans les années 1960[38].
Des objections s'élèvent dès l'après-guerre. Des ethnologues ayant travaillé à Samoa ou Samoans critiquent l'ouvrage sans se faire entendre[39].
En 1983, l'anthropologue néo-zélandais Derek Freeman, publie Margaret Mead and Samoa: The Making and Unmaking of an Anthropological Myth, dans lequel il réfute les principales conclusions de Mead à propos de la sexualité au sein de la société samoane.
L'Association Anthropologique Américaine, que Margaret a présidée en 1960, vote alors une motion considérant l'ouvrage critique de Freeman comme « mal écrit, pas scientifique, irresponsable et trompeur[40]. » La dispute Mead-Freeman devient une controverse universitaire majeure. L'ouvrage de Margaret Mead est défendu aussi par les partisans du libéralisme sexuel ou du freudo-marxisme.
L'ethnologue français Serge Tcherkézoff retracera l'historique et les enjeux de cette polémique dans un ouvrage publié en 2001 sous le titre : Le mythe occidental de la sexualité polynésienne. Il conclut que « la renommée acquise par le livre de Mead découle d'un malentendu inauguré un siècle et demi auparavant » et que le « mythe occidental sur la Polynésie[41] », illustré dès les Supplément au voyage de Cook et Supplément au Voyage de Bougainville était la cause profonde de l'erreur de Mead aussi bien que de son succès, et que cela expliquait la vigueur avec laquelle de nombreux collègues l'ont défendue après sa mort.
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↑Elle écrit : « A Bucarest, il fut affirmé qu’en restant incontrôlée, la croissance démographique pouvait nuire aux développement socio-économiques, et mettre l’environnement en péril [...] Les idées antérieures radicales, selon lesquelles une justice sociale et économique pourrait seule, en quelque sorte, compenser la croissance démographique, et que la simple mise à disposition de contraceptifs pourrait réduire la population, furent rejetées. » « World Population : World Responsibility » éditorial, Science, vol. 185, n° 4157, 27 septembre 1974.
↑Le John E. Forgaty International Center for Advanced Study in the Health Sciences et le National Institute of Environmental Health Sciences.
↑Elle déclare : « J’ai demandé à un groupe d’experts sur l’atmosphère de se réunir ici pour réfléchir sur la manière d'annoncer avec crédibilité et persuasion les vraies menaces pesant sur l’humanité et la vie sur la planète, avant que la société des nations commence à légiférer sur l’air, et à programmer des "déclarations internationales sur l’impact environnemental.[...] À moins que les peuples du monde ne saisissent les conséquences immenses et durables de ce qui paraît être de petits choix immédiats — forer un puits, bâtir une route, construire un gros-porteur, mener un essai nucléaire, installer un surgénérateur à liquide, libérer des produits chimiques dans l’atmosphère ou rejeter des déchets en quantité concentrée dans la mer — la planète entière court un grand danger.[...] A cette conférence, nous proposons, avant que l’on tente de mettre au point une "loi de l’air", que les scientifiques conseillent les Nations unies (ainsi que chaque puissante nation et regroupement de nations plus faibles) et donnent une vision d’ensemble de ce que nous connaissons sur les catastrophes atmosphériques dues à l’intervention de l’homme, et comment la connaissance scientifique conjuguée avec une politique intelligente peut protéger les populations du monde entier contre des interférences dangereuses et évitables dans l’atmosphère dont dépend toute vie.[...] Nous attendons des scientifiques des estimations présentées avec suffisamment de prudence et de crédibilité mais en même temps avec le moins de polémique possible, pour que les politiques puissent les exploiter, et que nous lancions la construction d’un système d’alertes, artificielles mais efficaces, des alertes semblables à l’instinct des animaux qui fuient avant l’a tempête, constituent des réserves de graines avant l’arrivée d’un hiver rigoureux, ou des chenilles, qui à l’approche d’un changement de climat épaississent leur carapace.[...] Ce que nous avons besoin d’inventer – en tant que responsables scientifiques – ce sont des moyens par lesquels la clairvoyance pourra devenir une habitude citoyenne des populations à travers le monde. Ceci, bien sûr, pose des problèmes techniques aux sciences sociales, mais sans une expression clairement exprimée et hautement responsable des positions des naturalistes, elles sont impuissantes. C’est seulement lorsque les sciences naturelles peuvent développer des moyens de faire des déclarations sur l’état actuel du danger qui soit crédible aux yeux des uns et aux autres, que l’on peut espérer les rendre vraisemblables (et compréhensibles) aux spécialistes des sciences sociales, politiques, et aux citoyens. »
↑Nicolas Truong, « Le nouveau conflit des générations », Le Monde, , p. 28-29 (lire en ligne)
↑« Some of it was clearly hasty, ill-considered, and casually argued, even irresponsible. Some of it was routine, banal, momentarily useful at best, page-filling at worst. Some of it was professional, careful, a modest but genuine addition to knowledge. And some of it was extraordinarily fine, revolutionary when written and revolutionary still ». (Geertz 1989, p. 335).
↑« the first of these suffered from a tendency toward thesis driving, the second from a rather mechanical conception of the relation between child socialization and adult character, and the third from a certain over-ambitiousness »(Geertz 1989, p. 336).
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↑Jean Pierre Poulain, “Margaret Mead”, (biographie scientifique), in Dictionnaire des cultures alimentaires,, Paris, PUF, , 1584 p. (ISBN978-2-13-078613-9), p. 829-831
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