Le , Wadea al-Fayoume (arabe : وديع الفيوم, romanisé : Wadīʿa al-Fayyūm), un garçon palestino-américain de six ans, a été tué après avoir reçu 26 coups de couteau dans sa maison à Plainfield Township, dans l'Illinois. Sa mère, Hanaan Shahin, a également été poignardée et étranglée, la laissant grièvement blessée. Les autorités ont décrit cet assassinat comme un crime de haine motivé par l'islamophobie et l'antipalestinisme, ainsi qu'une réaction extrémiste à la guerre Israël-Hamas de 2023.
Cet assassinat a suscité de nombreuses déclarations et condamnations de la part de responsables gouvernementaux et d'organisations. Une collecte de fonds a été organisée pour offrir à Shahin un logement sécurisé, couvrir les frais funéraires et d'hospitalisation, et établir une œuvre de charité au nom de Wadea al-Fayoume. Une veillée a été tenue en son honneur peu de temps après sa mort.
L'accusé, Joseph Czuba, âgé de 71 ans, qui était le propriétaire du logement de Shahin, a été arrêté et inculpé de cinq chefs d'accusation, ce qui pourrait lui valoir une peine de prison à perpétuité[1],[2].
Faits
Selon le bureau du shérif du comté de Will, vers 11h30 le 14 octobre 2023, le propriétaire Joseph Czuba aurait frappé à la porte de la maison de Hanaan Shahin, âgée de 32 ans. Shahin a déclaré aux détectives que l'accusé s'était présenté à sa porte, en colère contre elle à propos des événements se déroulant à Jérusalem[3],[4],[5]. Après que Shahin eut ouvert la porte, l'accusé l'aurait étranglée tout en criant : « Vous, les musulmans, devez mourir. »[6],[7] Après que Shahin eut répondu : « Donnons une chance à la paix », Czuba l'aurait attaquée avec un couteau. Shahin l'a griffé, s'est enfuie vers la salle de bain et a appelé le 9-1-1. Lorsqu'elle est sortie, elle a trouvé son fils de six ans, Wadea al-Fayoume, blessé de multiples coups de couteau[1]. Al-Fayoume et Shahin ont été transportés à l'hôpital, où Al-Fayoume a été déclaré mort, tandis que Shahin a été soignée dans un état critique. Les forces de l'ordre arrivées sur les lieux ont trouvé l'accusé assis à l'extérieur de la maison de Shahin, avec une coupure au visage[7].
Enquête judiciaire
Les autorités ont déclaré que l'attaque était motivée par un extrémisme antimusulman et antipalestinien[8], dans le contexte de l'escalade du conflit israélo-palestinien en octobre 2023. La femme de Czuba a indiqué que son mari écoutait régulièrement des émissions de radio conservatrices et s'intéressait beaucoup à l'actualité. Il craignait qu'une « journée nationale du djihad » ne se produise le 13 octobre et que ses locataires appellent des amis palestiniens pour venir lui faire du mal, ainsi qu'à sa femme. Il avait également retiré 1 000 $ de son compte bancaire au cas où « le réseau » tomberait en panne. En décembre 2023, il a été rapporté que sa femme avait demandé le divorce.
Sanctions judiciares
Les procureurs ont inculpé le suspect de meurtre au premier degré, de tentative de meurtre au premier degré, de coups et blessures aggravés avec une arme mortelle, ainsi que de deux chefs d'accusation de crimes de haine. S'il est reconnu coupable, il risque la réclusion à perpétuité. Le 15 octobre, le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, et le département de la Justice des États-Unis ont ouvert une enquête fédérale sur ce crime motivé par la haine. Le FBI a annoncé une enquête distincte pour crime de haine le 16 octobre.
Le 21 novembre 2023, une plainte pour mort injustifiée a été déposée par le père de Wadea al-Fayoume contre Czuba, sa femme et leur société de gestion, affirmant qu'ils « ont fait preuve d'indifférence et n'ont pas reconnu la menace ni empêché des blessures corporelles graves ». Une audience pour cette affaire a été fixée au 11 mars 2024[9].
Réactions
L'attaque a suscité de nombreuses déclarations publiques et condamnations, notamment de la part du gouverneur de l'Illinois, J. B. Pritzker, des sénateurs américains Tammy Duckworth et Dick Durbin, de l'Anti-Defamation League et du Conseil des relations américano-islamiques. Le président des États-Unis, Joe Biden, a également condamné l'attaque dans une déclaration publique[10]. Ils ont exprimé leur « choc et leur indignation » face à ce meurtre, en affirmant que la famille d'al-Fayoume était venue en Amérique pour chercher ce que nous recherchons tous : « un refuge pour vivre, apprendre et prier en paix. » Le diocèse catholique romain de Joliet, dans l'Illinois, ainsi que la paroisse St. Mary Immaculate de Plainfield, où l'accusé et sa femme sont paroissiens, ont également publié des déclarations condamnant l'événement. Le rabbin Rosen[11], de Tzedek Chicago, a dénoncé ce meurtre et exprimé sa préoccupation quant au fait que l'attaque résulte de la déshumanisation continue des Palestiniens et des musulmans. Des commentaires similaires ont été partagés par un bénévole de Jewish Voices for Peace de Chicago, qui a mis en garde contre la poursuite de l'antisémitisme et de l'islamophobie[12].
L'attaque a poussé de nombreux Américano-palestiniens et autres musulmans à annuler leurs projets, à surveiller leur discours et leurs actions, et à s'inquiéter pour leur sécurité et celle de leurs proches.[réf. souhaitée] Une préoccupation similaire a été observée chez les Américains juifs, et la sécurité a été renforcée autour des mosquées et des synagogues à travers le pays[13].
↑(en-GB) Maia McDonald, « Chicago religious leaders urge peace after killing of six-year-old Muslim boy », The Guardian, (ISSN0261-3077, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) Danielle Paquette et Emily Wax-Thibodeaux, « Fearing blame for Gaza conflict, anxiety grows among U.S. Palestinians », The Washington Post, (ISSN0190-8286, lire en ligne, consulté le )