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Pères fondateurs des États-Unis

Les pères fondateurs réunis pour la signature de la Constitution des États-Unis.

Les Pères fondateurs des États-Unis (en anglais : the Founding Fathers) est une expression qui a plusieurs sens et désigne plusieurs groupes plus ou moins larges ou restreints. Par Pères fondateurs, au sens large, on entend l'ensemble des personnalités politiques, militaires, civiles qui ont dirigé la guerre d'Indépendance jusqu'à la victoire des Américains, aidés par les Français en 1781 à Yorktown et à l'indépendance reconnue par le Royaume-Uni en 1783 au traité de Paris, appelé également « paix de Paris ». Parfois, cette expression ne couvre que les délégués au deuxième congrès continental ou groupe dit des « signataires », qui en juillet 1776 à la Pennsylvania State House de Philadelphie (connue en 2020, sous le nom de Independence Hall) ont déclaré l'indépendance américaine et adopté la déclaration d'indépendance modifiée de Thomas Jefferson. Plus souvent, cette expression désigne les délégués à la Convention fédérale, qui se sont réunis de mai à septembre 1787 et ont rédigé et signé le projet de Constitution des États-Unis. Au sens le plus restreint, selon l'historien Richard B. Morris[1], elle désigne un groupe comprenant les sept Pères fondateurs clés, à savoir : Benjamin Franklin (17061790), George Washington (17321799), John Adams (17351826), Thomas Jefferson (17431826), John Jay (17451829), James Madison (17511836) et Alexander Hamilton (17551804)[2],[3],[4],[5] .

Histoire

Introduction

L'expression Pères fondateurs est plurivoque et son sens varie selon qui l'utilise et dans quel contexte. Dans une première acception, certains l'ont utilisée pour identifier non seulement le cadre habituel d'une élite de juristes, de philosophes, de clercs, d’écrivains appartenant à la bourgeoisie mais aussi l'ensemble des gens ordinaires blancs, afro-américains, amérindiens qui ont combattu dans les rangs des Patriots lors de la guerre d'Indépendance et ont contribué à la naissance de la nouvelle république et du gouvernement des États-Unis. Des essayistes comme Mary Beth Norton, Cokie Roberts, Linda Grant DePauw (en) ont rappelé aux Américains le rôle des femmes, comme Abigail Adams, Mercy Otis Warren, Deborah Sampson, dans l'histoire du pays en induisant le terme de Mères fondatrices[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12].

Au-delà les emplois différents, la signification fondamentale de Pères fondateurs reste constante, elle désigne ceux et celles qui, d'une manière ou d'une autre, ont contribué à fonder les États-Unis en tant que nation. C'est ainsi que l'expression intègre tous ceux qui ont siégé au Congrès qui a déclaré l'indépendance américaine, cela inclut même le délégué de la Pennsylvanie John Dickinson qui s'est opposé à l'indépendance et a refusé de signer la Déclaration mais s'est battu pour la cause américaine pendant la guerre d'indépendance. Il englobe également d'autres personnalités qui ont combattu pour la cause des indépendantistes ou ont joué des rôles importants en tant que journalistes, juristes, signataires ou opposants à la Constitution des États-Unis[2],[3].

Origines de l'expression

L'expression est relativement tardive puisqu'elle apparaît la première fois par Warren G. Harding lors de son discours d'ouverture à la Convention nationale des Républicains de 1916 et reprise le alors qu'il était sénateur républicain de l'Ohio pour célébrer l'anniversaire de George Washington, où il dit : « Debout en cette présence, conscient de la solennité de cette occasion, ressentant les émotions que personne ne peut connaître tant qu'il n'a pas senti le grand poids de la responsabilité pour lui-même, je dois affirmer ma foi en l'inspiration divine des Pères fondateurs. Il doit certainement y avoir eu l'intention de Dieu dans la création de cette république du nouveau monde. »[13], expression qu'il avait déjà utilisée de façon moins précise lors d'un discours à la Convention nationale des Républicains de 1912 où il avait dit : « Les droits de l'homme et leur défense sont aussi vieux que la civilisation, mais, plus important pour nous, les Pères américains fondateurs ont écrit l’alliance de la loi du peuple à la vie nationale. »[14],[3].

La citation de Warren G. Harding avait été quelque peu oubliée et c'est le journaliste du New York Times William Safire qui, après des recherches auprès de la Bibliothèque du Congrès, identifie toutefois Warren G. Harding comme étant le créateur historique de l'expression dans son roman historique Scandalmonger[15],[16],[3].

Qui sont les Pères fondateurs ?

Selon les historiens, la notion de Père fondateur des États-Unis varie et il n'y a pas de consensus en la matière[17]. Autant les noms de George Washington, James Madison, John Adams et de Alexander Hamilton sont unanimement admis, autant pour les autres le débat est ouvert. Si on prend comme Pères fondateurs la liste des cinquante-cinq délégués qui ont participé à la Convention de Philadelphie, il faudrait écarter Thomas Jefferson qui n'y était pas et pourtant a joué un rôle essentiel pour la fondation des États-Unis par sa rédaction de la Déclaration d'Indépendance et donc doit être inclus dans la liste des Pères fondateurs[18],[19].

Si on prend les signataires de la Constitution des États-Unis,la liste comprend alors douze noms : John Adams, John Dickinson, William Findley, Benjamin Franklin, Alexander Hamilton, John Jay, Thomas Jefferson, Richard Henry Lee, James Madison, Thomas Paine, George Washington et James Wilson . Cette liste écarte l'ensemble des autres personnes qui ont œuvré à la guerre d'Indépendance et à sa victoire, que ce soit par leur actions militaires ou leurs actions politiques ou tout simplement de logistique en assurant le ravitaillement en nourriture, soins médicaux, munitions, armes ayant permis la victoire de la Continental Army[20].

Les différents Pères fondateurs

Les cinquante-cinq délégués qui forment la Convention constitutionnelle américaine du 25 mai au 17 septembre 1787 sont pour la plupart des hommes instruits et des notables dans leur localité ou leur colonie.

Au moins vingt-neuf d'entre eux servent dans la première armée des futurs États-Unis, la Continental Army, souvent à des postes de commandement. Quarante-et-un sont membres du Congrès continental et pratiquement tous occupent des charges politiques au niveau de leur colonie ou de leur État.

Trente-cinq sur cinquante-cinq sont avocats ou étudient le droit et certains sont juges[21]. Au moins douze sont des marchands : William Blount, Jacob Broom, George Clymer, Jonathan Dayton, Thomas Fitzsimons, Nicholas Gilman, Nathaniel Gorham, John Langdon, Robert Morris, William Pierce (en), Roger Sherman et James Wilson.

Douze possèdent ou administrent des plantations avec des esclaves ou de grandes exploitations : Richard Bassett, John Blair, William Blount, Pierce Butler, Daniel Carroll, Daniel of St. Thomas Jenifer, George Mason, Charles Pinckney, Charles Cotesworth Pinckney, John Rutledge, Richard Dobbs Spaight et George Washington. Benjamin Franklin et Hugh Williamson sont des scientifiques, parallèlement à leurs fonctions politiques ou administratives. James McClurg, James McHenry et Hugh Williamson sont médecins. George Washington et Robert Morris appartiennent à l'aristocratie la plus aisée. Daniel Carroll, William Houston, Daniel of St. Thomas Jenifer et Thomas Mifflin sont également prospères. William Few, Benjamin Franklin, Nathaniel Gorham, Alexander Hamilton et Roger Sherman sont issus de milieux modestes et connaissent une importante ascension sociale.

La majorité des délégués sont nés dans l'une des treize colonies. Parmi les huit nés ailleurs, Pierce Butler, Thomas Fitzsimons, James McHenry et William Paterson sont nés en Irlande, William Richardson Davie et Robert Morris en Angleterre, James Wilson en Écosse et Alexander Hamilton dans les Antilles. Les Pères fondateurs étaient tous instruits : certains furent autodidactes comme Benjamin Franklin. Environ la moitié ont fréquenté un établissement secondaire présent déjà dans les treize colonies britanniques ou dans un établissement au Royaume-Uni.

Vingt-huit des Pères fondateurs étaient épiscopaliens, vingt-et-un étaient protestants et deux étaient catholiques romains. D'autres se déclaraient déistes (Benjamin Franklin, Thomas Jefferson, Thomas Paine et Ethan Allen). John Blair, Benjamin Franklin, James Mchenry, George Washington, Abraham Baldwin, Gunning Bedford, Jr., William Blount, David Brearley, Daniel Carroll, Jonathan Dayton, Rufus King, John Langdon, George Read, Roger Sherman, James Madison, Robert Morris, William Paterson et Charles Pinckney étaient francs-maçons[22],[23].

Portraits des Pères fondateurs

Les 56 signataires de la Déclaration d'indépendance

Les 36 signataires de la Constitution

Les 15 délégués présents à la Convention qui n'ont pas signé la Constitution

Autres


Notes et références

  1. (en) « Richard B. Morris | American educator and historian », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  2. a et b (en) « Founding Fathers | List, Achievements, & Religion », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  3. a b c et d (en-US) « Founding Fathers | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  4. (en-US) « Citizens of the United States », sur www.citizensoftheunitedstates.org (consulté le )
  5. (en-US) « Learn About the United States (U.S.) Founding Fathers & More | Constitution Facts », sur www.constitutionfacts.com (consulté le )
  6. (en-US) Mary Beth Norton, Founding Mothers & Fathers: Gendered Power and the Forming of American Society, Knopf, 1996, rééd. 29 juillet 1997, 520 p. (ISBN 9780679749776, lire en ligne)
  7. (en-US) Katharine Susan Anthony, First lady of the Revolution: The life of Mercy Otis Warren, New York, , 268 p. (ISBN 9780804616560, lire en ligne)
  8. (en-US) Nancy Rubin Stuart, The Muse of the Revolution: The Secret Pen of Mercy Otis Warren and the Founding of a Nation, Beacon Press, , 332 p. (ISBN 9780807055168, lire en ligne)
  9. (en-US) Harold W. Felton, Deborah Sampson, Soldier of the Revolution, Dodd Mead, , 120 p. (ISBN 9780396073437, lire en ligne)
  10. (en-US) Lucy Freeman, America's First Woman Warrior: The Courage of Deborah Sampson, New York, , 256 p. (ISBN 9781557785145, lire en ligne)
  11. (en-US) Cokie Roberts, Founding Mothers: The Women Who Raised Our Nation, Harper Perennial, 13 février 2004, rééd.15 février 2005, 388 p. (ISBN 9780060090265, lire en ligne)
  12. (en-US) Linda Grant De Pauw, Founding Mothers: Women in America in the Revolutionary Era, Boston, , 244 p. (ISBN 9780606075350, lire en ligne)
  13. (en-US) « THE FOUNDING FATHERS AND WARREN G. HARDING », sur Faith and History, (consulté le )
  14. (en-US) jfderry, « “Founding Fathers” », sur EVIDENCE & REFUTATION, (consulté le )
  15. (en-US) William Safire, « The Way We Live Now: 1-30-00: On Language; Federalism (Published 2000) », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  16. (en-US) William Safire, Scandalmonger, New York, 2 février 2000, rééd. 7 juin 2001, 504 p. (ISBN 9780684867199, lire en ligne)
  17. (en) History com Editors, « 8 Founding Fathers and How They Helped Shape the Nation », sur HISTORY (consulté le )
  18. (en-US) « Jefferson, Thomas », sur American History Central (consulté le )
  19. (en) National Geographic Society, « The Founding Fathers », sur National Geographic Society, (consulté le )
  20. (en-US) « The Founding Fathers of the U.S. Constitution - Online Library of Liberty », sur oll.libertyfund.org (consulté le )
  21. (en-US) Richard D. Brown, « The Founding Fathers of 1776 and 1787: A Collective View », The William and Mary Quarterly, Vol. 33, No. 3,‎ , p. 465-480 (16 pages) (lire en ligne)
  22. (en-US) Steven C. Bullock, « The Revolutionary Transformation of American Freemasonry, 1752-1792 », The William and Mary Quarterly, Vol. 47, No. 3,‎ , p. 347-369 (23 pages) (lire en ligne)
  23. (en-US) « United States Masonic Founding Fathers », sur Freemason Information, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Essais

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Articles

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  • (en-US) Neil L. York, « Freemasons and the American Revolution », The Historian, Vol. 55, No. 2,‎ , p. 315-330 (16 pages) (lire en ligne Accès payant),


Liens externes

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