À quelques pas se trouve la Naumachie (inspiré des naumachies de l'Antiquité romaine, spectacles de batailles navales), bassin ovale bordé d'une colonnade corinthienne qui provient de la Rotonde des Valois, le monument funéraire imaginé par Catherine de Médicis en 1559 pour son époux en ajout à la basilique Saint-Denis et détruit en 1719 ; les colonnes furent récupérées et installées par Carmontelle pour décorer le bassin[1]. À proximité se dresse une grande arcade style Renaissance, relique de l'hôtel de ville de Paris incendié en 1871 (on compte également des fragments de colonnes)[2].
Le parc mesure un kilomètre de circonférence et s'étend sur 8,2 ha. Un tour complet de parc mesure 1 050 mètres (+/- 10m) en contournant l'aire de jeu pour enfants, et 1 000 mètres sans la contourner.
Entre 1769 et 1773, le duc de Chartres fait construire par Colignon la folie de Chartres, pavillon octogonal à deux étages entouré d'un jardin à la française, construit sur un terrain d'un hectare à « Mousseau » (aujourd'hui parc Monceau)[3]. Par la suite, le rez-de-chaussée fut complété par quatre galeries en étoile[4].
Entre 1773 et 1779, afin de rivaliser avec les jardins de Bagatelle, d'Ermenonville et le désert de Retz, voire les derniers aménagements de Versailles, le duc décide de faire réaliser sur ces vingt hectares un jardin de style anglo-chinois plus vaste et demande à Carmontelle, ordonnateur de ses fêtes, de concevoir un « pays d'illusions » avec des fabriques de jardin : ferme suisse, moulins hollandais, pagode, pyramide, ruines féodales, temple romain disséminés le long de sentiers accidentés, de bouquets d'arbres et d'îles. Un recueil de gravures présente diverses vues du parc, « ruines d'un temple de Mars, château gothique, moulin hollandais, tentes tatares »… Une rivière est creusée, alimentant un grand bassin destiné à des représentations de combats navals, et des grottes sont érigées pour abriter jeux ou collations.
Enfin, entre 1781 et jusqu'à la mort du duc en 1793, l'aménagement des nouveaux terrains acquis au nord et à l'est, ainsi que les modifications du parc (réfection des allées, agrandissement des serres chaudes, plantation d'arbres) sont confiés à Thomas Blaikie dans l'objectif d'en faire un jardin à l'anglaise[5].
Le lieu fut vanté successivement par l'abbé Delille (Les Jardins ou l'Art d'embellir les paysages, 1782) et par Luc-Vincent Thiéry (Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, 1787).
Deux dessins aquarellés de Claude Mathieu Delagardette (1762-1805) intitulés Relevé du nouveau berceau ou jardin d'hiver de Monceau. Plan au-dessus de la grotte. Plan de la grotte, datés de 1783, ont figuré dans une vente aux enchères publiques du (Monceau anglais, article signé AF dans La Gazette Drouot, no 12, , p. 33, ill.)
En 1787, une partie du jardin est amputée afin de permettre à Ledoux de construire « un bureau d'observation sur la plaine » dite barrière de Chartres (rotonde), pavillon d’octroi entouré d’un péristyle de seize colonnes, dans le cadre de la construction des barrières du mur des Fermiers généraux ; son rez-de-chaussée et son premier étage étaient occupés par les bureaux de la Ferme générale, tandis que le duc disposait de la terrasse supérieure pour jouir de la vue sur son jardin. Les colonnes à fût lisse et le dôme supérieur ont été modifiés en 1861[4].
Sous la Révolution, le jardin est confisqué et devient en 1793 bien national. En 1797, André-Jacques Garnerin, aérostatier des fêtes publiques, y effectue le premier saut en parachute de l'histoire en s'élançant d'une montgolfière[6].
Après la Révolution, le parc en piteux état est restitué à la famille d'Orléans ; entre 1802 et 1806, la folie est démolie et un autre pavillon construit à sa place, des travaux et un plan plus resserré mis en œuvre ; les Orléans vendent, puis rachètent en 1819.
En 1860, le percement du boulevard Malesherbes permet à l'État d'exproprier le jardin réduit à 18 hectares et quelques ares ; la Ville de Paris ne conserva que 86 000 m2 sur les 184 000 m2.
Sous la direction d'Adolphe Alphand, ingénieur des Ponts et Chaussées, responsable du service des Promenades, le parc et les abords sont aménagés sur 8,4 hectares et inaugurés le 14 août 1861 par Napoléon III[8] ; Gabriel Davioud est chargé des entrées monumentales avec leurs grandes grilles dorées. Une partie des anciennes fabriques est conservée et associée à de nouveaux éléments : la rivière et son pont, la cascade et la grotte. Dans la grotte, les premières stalactites en ciment artificiel sont une invention de l’entrepreneur Combaz[9].
En 1861, le reste est revendu aux frères Pereire qui créent un lotissement dont les rues devront rester fermées par des grilles ; les familles Pereire, Rothschild, Cernuschi, Menier, Camondo feront alors élever des grands hôtels particuliers dont les jardins donnent sur le parc[réf. nécessaire]. Sont créées sur l'emplacement du parc :
Pendant la Semaine sanglante de la Commune de Paris (21-) des pelotons d'exécution y sont installés avec le système des « fournées », dans l'exécution des jugements sommaires rendus par les cours prévôtales du Châtelet, de l'École polytechnique, de la gare du Nord et de la gare de l'Est[réf. nécessaire].
Les statues de musiciens, d’écrivains, de poètes accompagnés de leurs égéries et de leurs inspiratrices ont pris place sur les pelouses du parc à la fin du XIXe siècle, rappelant que ce nouveau quartier fut à l’époque habité par de nombreux artistes et écrivains, qui se promenaient souvent dans le parc[10].
En , à l'occasion de leur visite en France, le tsar russe Nicolas II et son épouse Alexandra se rendent à l'église de la rue Daru. Sur le trajet, ils traversent le parc Monceau (fermé au public pour l'occasion) d'est en ouest, de l'avenue Vélasquez à l'avenue Van-Dyck, « noires de monde », alors que certains parmi la foule grimpent aux grilles du parc, pour apercevoir le couple impérial[11].
L'ancien terminus en boucle de la ligne 3 au-delà de la station Villiers, abandonné lors du prolongement de la ligne vers l'ouest en 1910, a été transformé en centre de formation de la RATP, sous le parc Monceau.
En 1982, une lanterne japonaise (tōrō) prend place dans le parc, à proximité de la pyramide, pour symboliser l'amitié entre Paris et Tokyo[12].
Botanique
Platane d'Orient, un des platanes les plus anciens de Paris, planté en 1814, hauteur 31 m, circonférence 7 m, classé arbre remarquable[13].
Le parc Monceau dans l'art
Peinture
Claude Monet a réalisé six tableaux du parc, trois en 1876 et trois en 1878[14].
Il a été photographié par Eugène Atget et attirera aussi deux photographes majeurs, San Damon, créateur de l'oniroscopisme, qui par sa technique particulière des couleurs y célébra la faune et la flore, ainsi que Willy Ronis qui apporta la densité du mouvement de la vie du parc.
↑« Au parc Monceau, Paris VIIIe », encreviolette.unblog.fr. Inscription sur la plaque commémorative : « Le pacte d'amitié entre les villes de Paris et de Tokyo a été scellé le 14 juillet 1982, par Jacques Chirac, maire de Paris et Shunichi Suzuki, gouverneur de Tokyo. Cette lanterne construite en 1786 pour le dixième shogun […] fut gardée au temple Kan'ei-ji de Ueno bâti pour le shogunat Tokugawa dont le règne se situa à l'époque d'Edo (1603-1867). Cette œuvre d'art historique a été offerte pour symboliser l'éternelle amitié entre les deux capitales. »