Après la précédente saison ratée, le Stade rennais aborde 2000-2001 avec des ambitions toujours plus affirmées. L'arrivée du Groupe Pinault aux commandes du club s'est traduite par des investissements financiers massifs. Au stade de la route de Lorient, qui est en pleine rénovation après le début des travaux en janvier 1999, s'ajoute la création du centre d'entraînement Henri Guérin à la Piverdière, qui est inauguré en grande pompe en juin 2000[1]. Les investissements concernent enfin et surtout le marché des transferts, et lors de l'été 2000, un vent de folie souffle sur Rennes. Trois joueurs majeurs de l'effectif quittent la Bretagne : David Sommeil, Christophe Revault, et surtout Shabani Nonda, dont l'indemnité de transfert vers Monaco est à hauteur de 21 millions d'euros, un record pour le club[2]. Mais ce sont les arrivées qui créent l'évènement. La cellule de recrutement, composée de Gérard Lefillatre, Jean-Michel Moutier et Hubert Guidal (bras droit de François Pinault et directeur général du club)[2], opte pour l'arrivée massive de joueurs sudaméricains dont le club s'offre les services à prix d'or.
C'est ainsi que débarque le défenseur brésilien César, arrivé la saison précédente au Paris SG, qui est recruté contre 5,3 millions d'euros[2] ; deux joueurs évoluant dans le club de Ponte Preta, et recrutés contre 6 millions d'euros, à savoir le milieu de terrain Vânder et le jeune attaquant Luís Fabiano[2] ; et le jeune attaquant argentin Mario Hector Turdó, arraché au Celta Vigo contre 12,2 millions d'euros[2]. Enfin, l'argent du transfert de Shabani Nonda est intégralement réinvesti dans celui d'un jeune attaquant brésilien, présenté comme un futur grand joueur et comparé à Ronaldo[3], Severino Lucas. Lucas devait initialement signer à l'Olympique de Marseille[4], le club phocéen étant prêt à débourser 11 millions d'euros pour acquérir 50 % des droits du joueur[4]. Mais au dernier moment, le Stade rennais surenchérit, et débourse 21 millions d'euros pour obtenir la totalité de ces droits[4].
Ces opérations spectaculaires occultent le reste du recrutement, excepté peut-être celui du gardien de but Bernard Lama. À 37 ans, l'international est en fin de carrière, et est notamment recruté pour encadrer les jeunes du groupe professionnel[5]. Autres recrues, les milieux de terrains Philippe Delaye et Olivier Echouafni, ainsi que le jeune attaquant Cyril Chapuis, révélé la saison précédente sous le maillot des Chamois niortais.
La mutation sportive du Stade rennais s'accompagne pourtant d'un retour en arrière. Pierre Blayau, perçu comme trop autoritaire, est remplacé fin août par... l'ancien président du club, René Ruello, qui revient aux affaires après avoir assuré la vice-présidence depuis l'été 1998. Le Groupe Pinault fait ainsi appel à une personnalité qui lui est extérieure, plutôt que de promouvoir l'un de ses dirigeants à ce poste.
Le début de saison du Stade rennais est loin de combler les attentes générées par les investissements financiers. Aucune des clinquantes recrues sudaméricaines ne donne réellement satisfaction, et la « future star » Severino Lucas se révèle être un bon joueur, mais bien loin du niveau sportif que le coût de son indemnité de transfert supposait. Contre toute attente, c'est même Cyril Chapuis qui s'impose le mieux sur le front de l'attaque rennaise, quand l'Argentin Turdó montre également que le prix de son transfert était injustifié. Parfois brillant à l'extérieur, le Stade rennais peine à domicile, où les victoires sont rares. Fin novembre, alors que la phase aller touche à sa fin, les « Rouge et Noir » pointent à la quinzième place, celle du premier non-relégable. Lâché par ses dirigeants, Paul Le Guen apparaît fragilisé. Alors que le Stade rennais rend visite au Paris Saint-Germain, le , son sort paraît même scellé, et le nom de Christian Gourcuff revient avec insistance pour le remplacer[6]. Mais ce soir-là, ses joueurs sauvent Le Guen en allant décrocher la première victoire de l'histoire du Stade rennais contre le PSG au Parc des Princes (1 - 0). Un mois et cinq matchs sans défaite (dont quatre victoires) plus tard, le SRFC boucle l'an 2000 en septième position.
Pour autant, l'ambiance reste détestable au sein du club. Au mois d'avril, Bernard Lama attaque durement dans la presse les dirigeants du club, taxés « d'incompétence » et coupables selon lui de vouloir faire partir coûte que coûte Paul Le Guen[7]. Quant aux résultats, ils restent mitigés, mais permettent au Stade rennais de conserver sa place dans la première moitié du classement. 2001, année du centenaire du club, débute par une élimination en Coupe de la ligue face au voisin nantais, futur champion de France (2 - 4 a.p.). En Coupe de France, le succès n'est pas plus au rendez-vous, le Stade rennais étant sorti sans gloire dès les seizièmes de finale par Amiens, pourtant sociétaire du National (1 - 3). Une défaite qui prive le Stade rennais de match le , jour où le club fête les cent ans de sa fondation, et où se jouent les huitièmes de finale de la compétition[8].
En championnat, les Rennais alternent défaites sans gloire et victoires convaincantes. Le 17 mars, le SRFC s'en va ainsi étriller l'EA Guingamp au Roudourou (6 - 1), mais reste capable de perdre à Toulouse relégable, ou devant Bastia route de Lorient. À la lutte pour les places européennes, les joueurs de Paul Le Guen ont pour adversaires principaux de surprenants Sedanais. Arrachant la cinquième place qualificative pour la Coupe UEFA grâce à une victoire à Auxerre, ils la cèdent une semaine plus tard lors de la journée, Lyon venant s'imposer route de Lorient. Qualifié néanmoins pour la Coupe Intertoto, le Stade rennais clôt ainsi une saison aussi surprenante que décevante.
↑D'abord prêté à Fulham, Fabrice Fernandes est prêté de nouveau en mars 2001, cette fois aux Glasgow Rangers, jusqu'à la fin de la saison
↑ a et bMatch donné perdu sur tapis vert au FC Metz à la suite de « l'affaire des faux passeports » : le gardien messin Faryd Mondragón est reconnu coupable d'utiliser un faux passeport grec. Le Stade rennais récupère les trois points de la victoire sur décision du bureau du Conseil fédéral de la FFF, suivant l'avis du CNOSF