La seigneurie de Beaujeu, dont le Beaujolais tire son nom, est une ancienne seigneurie du Moyen Âge. Elle se situait au nord de la ville de Lyon et certains de ses seigneurs, originaires du Mâconnais[1], ont marqué de leur empreinte l'histoire de France.
Le titre de seigneur de Beaujeu fut en usage du Xe siècle au XVIIIe siècle.
Origines
La seigneurie de Beaujeu fut constituée et tenue à l'origine par les seigneurs de Beaujeu qui figuraient parmi les principaux barons du Mâconnais, du Lyonnais et des pays de l'Ain[2]. Ils détenaient la rive gauche de la Saône depuis Montmerle jusqu'à Jassans. Ils sont possessionnés autour de Chalamont et Saint-Paul-de-Varax et d'une partie de la seigneurie de Loye (château de Loyes). Cette dernière avait été engagée, en 1227[3], par besoin d'argent, par Étienne de Villars à Humbert de Beaujeu.
On a cherché à rattacher les sires de Beaujeu aux comtes de Lyon et de Forez, sans certitude. Au Xe siècle, sont actifs (fl.) dans le Mâconnais un certain Guichard et ses neveux Guichard, Bernard, Bérard (Ier) et Lambert. Béraud (II) qui suit leur est manifestement lié par l'onomastique, et semble donc leur être apparenté (par sa mère ?).
Liste chronologique des seigneurs de Beaujeu
La liste chronologique[4],[5],[6],[7],[8] présente les seigneurs, comtes et ducs qui ont détenu des droits sur les terres de Beaujeu, y compris la Dombes dès le début du XIIIe siècle[9],[10],[11],[12],[13].
(????-987/996) : Guichard (Ier) de Beaujeu, frère du précédent et seigneur de Beaujeu mais subordonné à son frère aîné[14]. Il épouse Almodis. Ce Guichard n'étant pas reconnu par tous les historiens, c'est son neveu qui est ici considéré comme étant Guichard Ier. → Humbert Ier et Guichard (Ier) avaient de nombreux frères.
(1016-1030/1050) : Guichard Ier (ou II) de Beaujeu (mort entre 1030 et 1050), fils d'Humbert Ier et de sa femme Emeldis/Emelde/Helmest[15]. → Guichard Ier avait de nombreux frères.
(1030-vers 1070/1078) : Guichard II (III) de Beaujeu, (mort après 1070), fils du précédent et de sa femme Adélaïde[10],[16]. → Guichard II avait plusieurs frères.
→ Parmi ses nombreux frères et sœurs, une fille de nom inconnu marie Liébaud de Digoin, fils de Josserand de Digoin ; et une autre, Wandelmode de Beaujeu, épouse peut-être Guillaume Ier dit « l'Ancien », comte de Forez.
→ Un de ses frères, Hugues, est chanoine de Lyon et de Mâcon, abbé de St-Just de Lyon vers 1117 ; leur sœur Wandelmode de Beaujeu épouse Renard III comte de Joigny.
→ Dans sa nombreuse fratrie, une sœur, Pontia/Ponce de Beaujeu, épouse peut-être Guillaume IV de Mâcon. Une nièce, Guicharde (peut-être fille de Pontia), semble épouser Archambaud VI de Comborn.
(1216-† en Égypte) : Humbert V de Beaujeu[25],[26], fils du précédent et de Sybille, épousée vers 1196/98, fille de Baudouin VIII-V de Flandre-Hainaut ; connétable de France. Souverain ou prince des (ou de la) Dombes par son mariage avec Marguerite de Baugé/Bâgéde Miribel (désormais, jusqu'à la Grande Mademoiselle ci-dessous, tous les titulaires de la seigneurie de Beaujeu sont prince/souverain de(s) Dombes ; Marguerite était la fille de Guy de Baugé, lui-même fils d'Ulrich II, petit-fils de Renaud III et demi-frère aîné de Renaud IV de Bâgé ci-dessous).
→ Frère d'Isabelle/Elisabeth de Beaujeu (1225-1297), qui suit. Guichard V et Isabelle avaient des sœurs cadettes (avec postérité) : - Sibylle/Florie, x Aymar III de Poitiers-Valentinois ; - Béatrix, x Robert de Montga(s)con : parents de Faucon III et grands-parents de Béatrix de Montgascon, femme de Robert VI d'Auvergne ; et - Marguerite de Beaujeu, † 1260, x Béraud de La Motte-Saint-Jean.
1265-1270 : Renaud de Forez, époux de la précédente, héritière de Beaujeu et des Dombes[30].
1270- : Louis Ier de Beaujeu, deuxième fils des précédents, l'aîné Guigues VI de Forez, † 1279, ayant hérité du comté de Forez[31]. Marié, en 1270[3], à Éléonore de Savoie (†1296), fille de Thomas II et sœur d'Amédée V. → Guigues VI du Forez et Louis de Beaujeu avaient un frère cadet, Guichard de Forez ou de Beaujeu, † vers 1270, marié en 1269 Eléonore, fille d'Amédée IVde Savoie et de Cécile Passerosedes Baux.
→ Sa sœur - Marguerite de Beaujeu devient en 1291 la troisième femme de Jean Ier de Chalon d'Auxerre (1243-1309), fils cadet de Jean l'Antique ci-dessus. Leur autre sœur - Eléonore de Beaujeu épouse en 1291/1296 Humbert V de Thoire-Villars. Leur dernière sœur - Catherine de Beaujeu marie en 1305 Jean Ierde Châteauvillain-Luzy
→ Ses demi-frères et sœur cadets, fils de la troisième femme de Guichard VI, Jeanne de Châteauvillain : - Guichard de Beaujeu sire de Perreux et de Semur (dit parfois Guichard VII ou VIII ; † 1356 à Poitiers ; père d'Édouard II de Beaujeu ci-dessous) ; - Guillaume de Beaujeu, † 1406, seigneur d'Amplepuis et de L'Estours ou des Tours, souche de la branche de Beaujeu-Amplepuis précisée ci-dessous ; - Robert de Beaujeu († 1380 ; ou 1390 ?), x Agnès/Alix de Vienne de Roulans de Chaudenay, sœur de l'amiral de Vienne), dont certains disent fonder la branche dite du Colombier (Le Colombier, lieu-dit à Beaujeu, ou à St-Julien ?) précisée ci-dessous, sires de Joux-sur-Tarare, Saint-Bonnet (-des-Bruyères qui avec Aigueperse était aux Beaujeu, ou plutôt à Montmelas ?), Belleville (-sur-Saône ?), Asnois, Montcoquier... ; - Louis de Beaujeu d'Aloignet (x 1356 Jeanne de Beaujeu-sur-Saône, d'où Antoinette de Beaujeu qui épouse Jacques d'Arguel (1358-1387), petit-fils de Jacques d'Arguel, † 1339, et de Jeanne de Basserans) ; - Jeanne/Blanche de Beaujeu (x Jean de Li(g)nières-en-Berry, grand-oncle de Jacqueline de Linières ci-dessous).
1374-1400 : Édouard II[34], cousin germain du précédent, fils de Guichard (VI ou VII) de Beaujeu sire de Perreux et de Semur — demi-frère cadet d'Édouard Ier car fils de Guichard VI et Jeanne de Châteauvillain, comme ses frères cadets Guillaume de Beaujeu seigneur d'Amplepuis et de L'Estours, Robert, et Louis Ier de Poitiers-Valentinois et de Marguerite de Vergy de Vadans, épousée en 1343. Né vers 1351/1353 et décédé dans son château de Perreux le ; marié en 1370 sans postérité survivante à Éléonore, fille de Guillaume III Roger de Beaufortde Turenne et d'Eléonore de Comminges, nièce de Grégoire XI. Il menait grande et dispendieuse vie dans ses châteaux, notamment à Perreux et Pouilly-le-Châtel. À cause de ses exactions, il est même incarcéré au Châtelet à Paris en . Sous Charles VI, il lègue ses biens le puis le à Louis IIduc de Bourbon, qu'il avait en grande estime, au mépris des branches cadettes notamment des Beaujeu-Amplepuis. Cependant, il légua Coligny-le-Neuf à sa cousine Jeanne fille de Robert du Colombier ci-dessous.
la branche de Beaujeu-Amplepuis[35] est spoliée de la succession de Beaujeu en 1400. Guillaume de Beaujeu d'Amplepuis et de L'Estours[36] ci-dessus, † 1406, fils de Guichard VI et Jeanne de Châteauvillain, a pour fils < Édouard de Beaujeu (fils de sa troisième femme, Marguerite de Gorse, comme → sa sœur Jeanne de Beaujeu, femme de Jean de St-Symphorien de Chamouset). Guillaume d'Amplepuis avait hérité L'Estours de sa deuxième épouse, Agnès de St-Germain. Édouard de Beaujeu-Amplepuis devient seigneur de Li(g)nières-en-Berry par son mariage avec Jacqueline, fille du Grand-queux Jean V et petite-fille du Grand-queux Philippe de Linières (le frère de Jean de Linières rencontré plus haut : deux fils de Jean IV de Linières), d'où :
d'où < Philibert de Beaujeu, fils de Jacques de Beaujeu et Jacquette Jouvenel, conseiller-chambellan de François Ier, † 1542 : il épouse en 1501 sans postérité sa cousine Catherine de Chaumont d'Amboise (1481-† 1549 ; fille de Charles Ier d'Amboise et Catherine de Chauvigny ci-dessus ; elle est dame de Linières par son mari, et aussi de son propre chef en partie par sa grand-mère Jacqueline de Beaujeu ci-dessus). Aussi seigneur de Thizy (seigneurie/châtellenie que Guichard VI le Grand réunifia en 1297 en achetant la part de Guichard de Marzé, que ce dernier avait acquise en 1284 sur Guichard III de Châtelperronde La Ferté-Chauderon, dont la belle-mère était Isabelle de Roanne) et Sevelinges en 1522, et d'Alloignet et Coux[37]. Linières-en-Berry passera aux La Rochefoucauld-Barbezieux évoqués ci-dessus, alors que Thizy, Sevelinges, Amplepuis, écherront aux Nevers-Clèves, Catherine d'Amboise ayant épousé en troisièmes noces Louis de Clèves-Nevers, comte d'Auxerre, fils d'Engilbert petit-fils de Jean de Clèves ;
la branche du Colombier : Robert de Beaujeu ci-dessus, † 1380 (ou 1390 ?), sire de Joux-sur-Tarare, St-Bonnet et Belleville, avant-dernier fils de Guichard VI et Jeanne de Châteauvillain, épouse Agnès/Alix de Vienne-Roulans dame de Chaudenay, d'où : - Guichard († 1390 sans postérité en Afrique où il accompagnait le duc Louis II de Bourbon dans son expédition tunisienne, au siège de Mahdia ; Moréri donne la même fin à son père Robert : si cela est avéré, alors Robert est mort lui aussi en 1390) ; - Marguerite, x 1391 Louis Aycelin-Montaigut-Listenois ; elle hérite de la seigneurie de Joux - Jeanne hérite Coligny-le-Neuf de son cousin Édouard II sire de Beaujeu, qu'elle transmet à son mari Jean de Cusances de Belvoir ; ; - Jean (Ier) de Beaujeu, dont la postérité est incertaine : pour Louis Moréri ([5], p. 243), il hérite des fiefs paternels et il est aussi seigneur de Montcoquier/Montcoquet (à moins que ce ne soit seulement son fils Pierre, par son mariage avec Marguerite de La Palice ?), † entre 1415 et 1419 (à Azincourt en 1415 ?), chambellan du roi, maître d'Hôtel du duc de Berry en 1380, marié à Isabelle dame d'Asnois, fille de Jean de St-Vérain, d'où Pierre qui suivra. Mais le Père Anselme est plus circonspect et écrit : « Jean, dont on ne connaît que le nom »[38]; Paul de Varax est, quant à lui, affirmatif : Jean, le fils de Robert, est mort en 1386 à Montmerle sans descendance[39]. D'autre part, des historiens actuels rapportent que : « En 1366, Jean du Colombier est dit seigneur de Moncoquier, que sa femme Isabelle de Montfan lui a apporté en dot. En 1378, Jean du Colombier (deuxième du nom), est damoiseau et son père rendit en son nom foi et hommage pour la terre de Moncoquier »[40]. Si ces Beaujeu du Colombier de Montcoquier se rattachent bien à la Maison de Beaujeu, ce qui, on le voit, n'est pas assuré, il faudrait donc admettre que notre Jean (Ier) se décompose en fait en deux Jean, père et fils, le premier ayant épousé Isabelle de Montfan de Moncoquier, et le second Isabelle de St-Vérain d'Asnois...
Pierre, † vers 1462, sire d'Asnois et Montcoquier, x Marguerite de La Palice, parents de :
Blain/Blénet, † 1469/1475, (il vend en 1469 une part d'Asnois : Asnois-le-Bourg, à Pierre de Digoine de Thianges, part cédée en 1487 à Jeanne de Corbigny, grand-mère de Léonarde de Clèves ci-dessous), x 1453 Catherine, fille de Pierre de Chamigny seigneur de Tanlay
et Jean (II ou III) du Colombier ou de Montcoquier, frère cadet de Blain, x Marguerite du Poulliner, < Claude de Montcoquier, x Louise de Larguin, père de < François de Montcoquier, x 1595 Esther fille de Pierre d'Amanzé et d'Antoinette de Coligny-Saligny, d'où < Gilberte de Montcoquier, x 1612 Etienne de La Souchede St-Augustin : Postérité.
1522-1531 : Louise de Savoie, cousine germaine de Suzanne de Bourbon et petite-fille de Charles Ier de Bourbon par sa mère Marguerite de Bourbon. Elle conteste la succession au connétable Charles III et obtient de son fils le roi François Ier l'investiture pour les duchés de Bourbon et d'Auvergne, les comtés de Clermont, de Forez et de la Marche ainsi que la seigneurie de Beaujeu, le . Le Beaujolais reste ensuite à la Couronne des Valois-Angoulême jusqu'en 1560.
1627-1693 : Anne-Marie-Louise d'Orléans dite la Grande Mademoiselle, fille de la précédente. À sa mort, ses biens reviennent à la Couronne. Ses titres, dont celui de baron du Beaujolais, sont donnés à son cousin germain Monsieur, duc d'Orléans, frère de Louis XIV. Louis XIV et Monsieur étaient les petits-fils d'Henri IV, lui-même arrière-petit-fils de Louise de Savoie ci-dessus par sa mère Jeanne d'Albret et sa grand-mère Marguerite d'Angoulême. La Grande Mademoiselle donne la Dombes en 1693 à Louis-Augustedu Maine (1670-1736), fils légitimé de Louis XIV, dont le dernier fils Louis-Charles cède la Dombes à Louis XV en 1762.
Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793), dit Philippe Égalité sous la Révolution. Il donne le titre de comte de Beaujolais à son troisième fils Louis-Charles.
Louis-Charles d'Orléans (1779-1808), comte de Beaujolais. Dernier prince à avoir porté le titre, il est le frère cadet de Louis-Philippe, duc d'Orléans, futur roi des Français.
Clémentine d'Orléans (1817-1907), dernière fille de Louis-Philippe, duc d'Orléans, futur roi des Français, elle est connue jusqu'en 1830 sous le titre de Mademoiselle de Beaujolais
Possessions
Liste non exhaustive des possessions relevant de la sirerie de Beaujeu :
fief du Mottadet, à Villeneuve ; au XIIIe siècle[43]. En 1277, Béatrix, rend hommage à Louis de Beaujeu pour la domus dicte ly Motadays et pertinentiarium et appenditiarum[44]. En 1337, le château et la seigneurie de la Mottadet font partie du fief de Marguerite, dame de Saint-Triviers, sous la suzeraineté du sire de Beaujeu[45] ;
Attention, la numérotation des Guichard et des Humbert diverge selon les sources. Celle qui est utilisée dans cet article reprend celle proposée par Marie-Claude Guigue en 1868. On note d'ailleurs que cet auteur en proposait une différente 10 ans auparavant mais qu'il l'a corrigé.
Dans les ouvrages d'Honoré Caille du Fourny il y a un décalage vers le bas pour les Guichard à partir de Guichard Ier de Beaujeu qui correspond donc à Guichard II dans cet article.
↑ a et bAlain Kersuzan, Défendre la Bresse et le Bugey - Les châteaux savoyards dans la guerre contre le Dauphiné (1282 - 1355), collection Histoire et Archéologie médiévales n°14, Presses universitaires de Lyon, Lyon, 2005, (ISBN272970762X), p. 29.
↑Amédée de Foras, Chevaliers de l'ordre du Collier de Savoie, dit de l'Annonciade, appartenant au duché de Savoie, de 1362 à 1860, Grenoble, Impr. de E. Allier, , 42 p. (lire en ligne), p. 8-10.
↑« Maison de Beaujeu (p. 724-736) : les enfants de Robert de Beaujeu, p. 732 », sur Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, t. VI, par le Pères Anselme, Ange et Simplicien, continuée par Honoré Caille du Fourny, à la Compagnie des Libraires associés, à Paris, 1730 ; en ligne sur Gallica
↑Louis Aubret, Marie-Claude Guigue, Mémoires pour servir à l'histoire de Dombes, par Louis Aubret, conseiller au Parlement de Dombes 1695-1748, publiés pour la première fois, d'après le manuscrit de Trévoux, avec des notes et des documents inédits, par M. C. Guigue, tome III, Trévoux, 1868, p. 1 [lire en ligne].
↑André Bazzana, Guillemine David, Agnès Gonnet, Jean-Michel Poisson, Mottes castrales de Dombes (Ain) - Éléments pour un atlas, Lyon, Direction des Antiquités Historiques Rhône-Alpes, 1986, p. 86.
↑André Bazzana, Guillemine David, Agnès Gonnet, Jean-Michel Poisson, Mottes castrales de Dombes (Ain) - Éléments pour un atlas, Lyon, Direction des Antiquités Historiques Rhône-Alpes, 1986, p. 43.