De 1988 à 2008, il occupe différents postes dans le domaine hôtelier, est recherchiste pour la Société Radio-Canada et est correcteur rédacteur pour diverses maisons d'édition[2]. Il est bénévole d'Amnistie internationale de 1993 à 2000, où il coordonne les dossiers liés à Israël, au Liban, à la Palestine et à la Syrie, quelques-uns des pays qu'il visite dans le cadre de ses activités[2]. Il retourne vivre à Moncton en 2005 et prend la direction littéraire des Éditions Perce-Neige ; il en est le directeur général de 2005[3] à 2023[4].
La septième chute (1990), pour lequel il obtient le prix France-Acadie, s'inspire de ses voyages dans des pays en guerre ou des pays communistes[2]. Il poursuit une démarche spirituelle d'un recueil à l'autre et en arrive au constat que l'Homme est seul face à lui-même, et toujours en mouvement[2]. Son écriture est également marquée par l'errance du peuple acadien, thème qui revient dans ses recueils de poèmes La septième chute (1990), Le cycle de Prague (1992) et Le Quatuor de l'errance (1995)[5]. Ces deux derniers recueils sont les plus connus de l'écrivain[5].
À partir des années 1990, il est militant pour les droits de la personne et est porte-parole pour Amnistie internationale[1]. Il a travaillé à l"abolition de la torture avec l'équipe canadienne francophone puis, de 2000 à 2001, il a formé des militants pour la troisième Campagne mondiale d'AI contre la torture[1].
C'est la vie amoureuse de l'auteur qui lui inspire ses recueils de poésie Le Passage des glaces (1992) et Lamento (1992)[2]. Il affiche avec originalité la structure formelle de son écriture à partir de son recueil Le Cycle de Prague, aussi publié en 1992[2]. Il est lauréat du prix de poésie Émile-Nelligan pour ce texte[2]. Il publie également, en 1995, Nous, étrangers, un recueil de poèmes dont le titre fait référence à l'Acadie, sans cesse appelée à réaffirmer son identité[3].
En 1997, il participe au moyen-métrage Désir et l'argile de Baz Shamoun, une immersion dans une quête spirituelle où le personnage part à la recherche de la vérité, dans lequel il prête sa voix pour la narration[6].
Deux ans plus tard, en 1999, il publie un essai militant à propos de la torture, intitulé La Disgrâce de l'humanité[7]. Ses voyages inspirent plusieurs autres de ses textes dont Lieux cachés (2005), un recueil de ses récits de voyages réalisés entre 1997 et 2004 qui retracent les lieux habités par sa lignée paternelle[7]. Ses récits vont voyager au Brésil, aux Pays-Bas, en Tchécoslovaquie, au Liban, en France, au Canada et dans d'autres pays[7].
Son retour en Acadie cause un changement dans son écriture, qui devient plus intime, notamment avec Le Roseau et Seuils, publiés respectivement en 2000 et 2002[2]. Le voyage, marquant son œuvre, devient intérieur dans Seul on est pour lequel il obtient le prix du Gouverneur général en 2007[2]. Le voyage reste toutefois fondé sur un lieu, Moncton dans ce cas[2].
Serge Patrice Thibodeau explore différentes formes d'écritures dont les versets, dans Le Quatuor de l'errance, en 1995, et s'invente même des formes fixes dans Les Sept dernières paroles de Judas, en 2008[2]. Dans Chemin cassé suivi de Chemin sans fin, publié en 2021, il s'impose une écriture sans "r", consonne caractéristique du parler acadien[8].
En 2010, à la demande de deux historiens, il se lance dans la traduction du Journal de John Winslow à Grand-Pré, l'officier chargé de ce qui est devenu le « Grand Dérangement »[9]. Né en Acadie, il est celui qui permettra aux Acadiens de découvrir la personne derrière les actes de la Déportation.
En 2007, il reçoit le prix d'excellence Pascal-Poirier du Conseil des arts du Nouveau-Brunswick pour l'ensemble de son œuvre[2]. En 2023, l'Université de Moncton lui décerne un doctorat honoris causa en littérature en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à sa profession et à la société[10].
Choix des textes et présentation pour L'arbre vaincu, précédé de Un mutilé de la vie, de Eddy Boudreau, Moncton, Perce-Neige, 2003, 89 p. (ISBN2922992098 et 9782922992090)
Anthologie de la poésie acadienne, Moncton, Éditions Perce-Neige, 2009, 296 p. (ISBN978-2-922992-49-6)
Tante Blanche : biographie de Marguerite Blanche Thibodeau (1738-1810), Éditions Perce-Neige, 2014, 63 p. (ISBN9782896911363)
Édition et traduction de La liste de Winslow expliquée de Paul Delaney, Moncton, Perce-Neige, 2020, 494 p. (ISBN9782896911622 et 2896911626)
↑ a et bPénélope Cormier, « Serge Patrice Thibodeau, poète du Grand Livre », Nuit blanche, magazine littéraire, no 148, , p. 10–14 (ISSN0823-2490 et 1923-3191, lire en ligne, consulté le )
↑Gérard Grugeau, « L’âme du voyage / Moyen métrage. Le désir et l’argile de Baz Shamoun », 24 images, no 91, , p. 54–54 (ISSN0707-9389 et 1923-5097, lire en ligne, consulté le )
↑ ab et cDavid Lonergan, « Quand le voyage nous ouvre au monde / Serge Patrice Thibodeau, Lieux cachés, Moncton, Éditions Perce-Neige, collection « Prose », 2005, 129 pages », Liaison, no 131, , p. 60–60 (ISSN0227-227X et 1923-2381, lire en ligne, consulté le )
↑Désiré Nyela, « Thibodeau Serge-Patrice, Journal de John Winslow à Grand-Pré, Moncton, Les Éditions Perce-Neige, « Essais et Documents », 2010, 312 pages. (ISBN978-2-922992-57-1) », Port Acadie : revue interdisciplinaire en études acadiennes / Port Acadie: An Interdisciplinary Review in Acadian Studies, nos 18-19, , p. 211–214 (ISSN1498-7651 et 1916-7334, DOI10.7202/1010318ar, lire en ligne, consulté le )
↑Sylvie Mousseau, « Où en sont les Éditions Perce-Neige ? Serge Patrice Thibodeau fait le point », Liaison, no 135, , p. 33–33 (ISSN0227-227X et 1923-2381, lire en ligne, consulté le )
↑« Prix et distinctions », Lettres québécoises : la revue de l’actualité littéraire, no 77, , p. 63–63 (ISSN0382-084X et 1923-239X, lire en ligne, consulté le )