La ville compte des industries alimentaires (conserverie, fromagerie) et électriques (équipements ménagers) mais vit aussi un peu de tourisme par sa citadelle, agrandie et consolidée sous Étienne III de Moldavie.
Cet emplacement s'avérant extrêmement stratégique, une forteresse fut édifiée pour protéger l'un des principaux gués sur le Dniestr, et la république de Gênes y ouvrit un comptoir nommé Policronia, Olicronia ou Olihonia[2].
Les voïvodes moldaves devront cependant abandonner l'embouchure du Dniestr aux Turcs en 1484 mais Soroca, mentionnée depuis le XIVe siècle comme une cité de la Principauté de Moldavie, le reste jusqu'en 1812 lorsqu'avec toute la moitié orientale de la Moldavie, elle devient russe. En 1917, la Moldavie proclame son indépendance, puis en 1918 son union avec la Roumanie, et Soroca devient une base de l'« office Nansen » chargé d'accueillir les personnes fuyant l'URSS : Russes blancs, anciens aristocrates, bourgeois, marchands (dont un grand nombre de juifs russes), soi-disant « koulaks », intellectuels, indépendantistes ukrainiens, anarchistes, paysans affamés, tous indistinctement classés comme « éléments contre-révolutionnaires » par les autorités soviétiques. Certains parviennent à passer le Dniestr à la nage ou sur la glace, surtout de nuit, mais bien rares sont ceux qui parviennent à emporter quelque bagage, et beaucoup sont tués, noyés, ou capturés et envoyés au Goulag par les gardes-frontières soviétiques : parmi ceux qui leur échappent, plus d'un est rançonné par les garde-frontière roumains avant de recevoir le « passeport Nansen »[3].
De 1940 à 1941 (pacte Hitler-Staline) et à nouveau de 1944 à 1991, la ville est soviétique et vidée des réfugiés qui s'y trouvaient encore, ainsi que de tous les Moldaves qui avaient été salariés de l'état roumain ou qui ont été classés comme « koulaks », tous dirigés vers le Goulag[4] ; entre 1941 et 1944 c'étaient les Juifs de la ville, tous indistinctement accusés d'avoir soutenu les soviétiques, qui avaient été déportés en Transnistrie par le régime Antonescu[5], de sorte qu'à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, Soroca était aux trois-quarts dépeuplée. Par la suite, elle fut repeuplée de Moldaves par l'exode rural depuis les villages alentour, et de Russes et Ukrainiens par la mise en place de l'administration soviétique et des industries. Depuis la seconde indépendance de la Moldavie en 1991, elle est le chef-lieu du raion de Soroca.
↑Piero Boccardo, Clario Di Fabio (dir.), Il secolo dei genovesi, ed. Electa, Milan, 1999, 472 p. (ISBN9788843572700) ; G.I. Brătianu, Recherches sur Vicina et Cetatea-Albă, Univ. de Iaşi, 1935, 39 p. ; Octavian Iliescu, Contributions à l'histoire des colonies génoises en Roumanie aux XIIIe – XVe siècles, Revue Roumaine d'Histoire, nr. 28 din 1989, p. 25-52, et le Codex Parisinus latinus in Ph. Lauer, Catalogue des manuscrits latins, p. 95-6, d'après la Bibliothèque nationale Lat. 1623, IX-X, Paris, 1940.
↑Anthony Babel, La Bessarabie, éd. Félix Alcan, Genève et Paris, 1932 et Anatol Petrencu, Les déportations staliniennes, Journal de Chisinau, no 294 du 2 juillet 2004.
↑Nikolaï Théodorovitch Bougaï, Informations des rapports de Béria et de Krouglov à Staline, éd. de l’Acad. de sciences de Moldavie nr. 1, Chișinău, 1991 (Н.Ф. Бугай «Выселение произвести по распоряжению Берии…» О депортации населения из Молдавской ССР в 40-50- е годы – Исторические науки в Молдавии. no 1. Кишинев, 1991. 1.0), Déportation des peuples de Biélorussie, Ukraine et Moldavie, éd. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, Essen, Allemagne, 1999, p. 567-581 (Депортация народов из Украины, Белоруссии и Молдавии : Лагеря, принудительный труд и депортация. Германия. Эссен. 1999. 1.3).