Stagire (en grec ancien d'abord Στάγειρος / Stágeiros puis τὰ Στάγειρα / tà Stágeira) est une ancienne cité grecque située en Chalcidique, sur le golfe Strymonique (actuellement située au nord-ouest du territoire de la municipalité de Stagira-Akanthos). Elle est principalement connue pour être le lieu de naissance d'Aristote.
Dès le VIe siècle, Stagire frappe des statères d'argent[13]. En , elle est occupée par le roi achéménideXerxès Ier. Elle entre dans la Ligue de Délos[2]. Elle relève du district de Thrace[2] et s'acquitte d'un tribut annuel de 1 000 drachmes[2]. En , suivant l'exemple d'Acanthos[14], Stagire et Argilos[15],[16] se révoltent et rejoignent le SpartiateBrasidas[2],[17] ; Sane, la quatrième colonie andrienne, reste fidèle à la ligue[15]. En , Athènes envoie le démagogue Cléon comme stratège pour prendre la cité, mais celui-ci échoue[2],[18]. À la paix de Nicias, Stagire figure — avec Argilos, Acanthos, Skolos, Olynthe and Spartolos — au nombre des six poleis membres de la ligue de Délos dont le traité définit les conditions de leur adhésion[19] : elle est déclarée autonome[2].
Philippe II, alors aux prises avec les Chalcidiens, réussit à prendre la cité en 348 et la fait détruire[20],[21]. En hommage à Aristote, natif de Stagire et précepteur de son fils Alexandre, Philippe restaure la cité quelques années plus tard.
À l'époque de Strabon, Stagire est active mais a été déchue de son rang de cité[22].
Le sanglier (κάπρος) est l'emblème de la cité[30]. Il apparaît sur son monnayage[30]. Le linteau de la porte principale du rempart de la cité est orné d'un relief représentant un lion et un sanglier[30]. Le sanglier rappelle le nom de son port et de la petite île qui lui fait face[31].
Stagire et Aristote
Aristote est né à Stagire en 384 av. J.-C. Le philosophe est surnommé pour cette raison le « Stagirite » ou le « philosophe de Stagire ». Selon la tradition rapportée par la Vita Marciana, après la mort d'Aristote à Chalcis, les habitants de Stagire ramenèrent le corps ou les cendres de leur bienfaiteur[32],[33],[34] ; érigèrent un autel sur sa tombe[32],[33] ; appelèrent le lieu de sa sépulture Aristoteleion[32] qu'ils utilisèrent ensuite comme lieu de réunion de leur conseil[32],[35],[33] ; appelèrent un mois de l'année en son honneur[32],[36],[37],[38] ; et célébrèrent un festival annuel à sa mémoire[32],[36],[37],[38]. La cité abrite peut-être son tombeau[39].
La ville est entourée d'un mur construit en différents types de maçonnerie[40] : d'environ 2 mètres d'épaisseur, sa longueur est de 1,5 à 2 kilomètres[40] ; le début de sa construction est daté de vers [40].
Sur la colline septentrionale, trois sanctuairesarchaïques ont été découverts[40] : le premier, proche de la mer, pourrait avoir été dédié à Déméter[40] ; le second est probablement un Thesmophorion[40] ; le troisième, proche du sommet de la colline, est un temple dédié à une divinité qui n'a pas été identifiée[40]. La colline septentrionale abrite aussi les vestiges d'un complexe de l'époque byzantine dans lequel ont été découverts les restes du mur archaïque avec un linteau daté du VIe siècle av. J.-C. et portant une inscription, elle-même datée du IVe siècle av. J.-C.[40].
Dans la dépression entre les deux collines, l'agora a été découverte[40]. S'y trouve un portique (stoa) en appareilpseudo-isodome et daté du IVe siècle av. J.-C.[40]. Près de l'agora, se trouve une voie pavée de 3 mètres de large[40].
[Haake 2020] (de) Matthias Haake, « Städtische Philosophenkulte in der griechischen Welt zwischen Archaik und Hellenismus – Fakten und Fiktionen », Mythos, no 14, , p. 187-197 (DOI10.4000/mythos.1901, résumé, lire en ligne [PDF]).
[Flensted-Jensen 2004] (en) Pernille Flensted-Jensen, « Thrace from Axios to Strymon », dans op. cit., partie II, chap. 27, p. 810-853 ;
[Hansen et Nielsen 2004] (en) Mogens Herman Hansen et Thomas Heine Nielsen, « Toponyms as evidence for polis identity », dans op. cit., partie I, p. 55-57 ;
[Reger 2004] (en) Gary Reger, « The Aegean », dans op. cit., partie II, chap. 25, p. 732-793.
[Parisot 2015] Pierrick Parisot, Le contrôle de l'espace européen par les rois de Macédoine : des origines à la fin de la monarchie (VIe siècle av. J.-C. – ), t. Ier : Texte (thèse de doctorat en histoire ancienne, préparée sous la direction de Michel Sève et soutenue le ), Metz, Université de Lorraine, École doctorale Fernand-Braudel, Centre de recherche universitaire lorrain d'histoire, , 633 p. (OCLC935067617, HALtel-01754456, SUDOC190747986, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]).
[Struck 1907] (de) Adolf Struck, Makedonische Fahrten, t. Ier : Chalkidike, Vienne et Leipzig, A. Hartleben, coll. « Zur Kunde der Balkanhalbinsel : Reisen und Beobachtungen » (no 4), , 1re éd., 88-[1] p., 24 cm (OCLC494458117, BNF31415044, SUDOC130881368, lire en ligne).