En 1826, le magicien et ventriloque Louis Comte doit quitter le passage des Panoramas où il a installé son théâtre des Jeunes-Élèves. Il commande alors aux architectes Allard et Brunneton la construction d'une nouvelle salle dans le quartier Choiseul, en cours de réaménagement. Dotée d'un double accès passage Choiseul et rue Neuve-Ventadour (aujourd'hui rue Monsigny), elle est inaugurée le . En 1846, une loi interdisant de faire jouer les enfants au théâtre, Louis Comte cède la direction à son fils Charles.
En 1855, Jacques Offenbach — qui vient d'inaugurer son théâtre des Bouffes-Parisiens dans la salle Lacaze au carré Marigny, sur les Champs-Élysées — cherche une salle susceptible de l'accueillir pour l'hiver. Il rachète le bail, et ouvre le les Bouffes d'hiver (en référence à la salle des Champs-Élysées qui devient les Bouffes d'été). Lorsqu'Offenbach abandonne la salle Lacaze en 1859, la salle du passage Choiseul prend définitivement le nom de théâtre des Bouffes-Parisiens.
En 1862, Offenbach doit céder pour des raisons juridiques la direction à son chef d'orchestre Alphonse Varney. Celui-ci fait raser la salle pour en reconstruire une plus spacieuse[1], sur les plans de l'architecte Théodore Ballu.
Édouard Prévost lui succède en 1864 mais, ne pouvant plus exploiter le répertoire léger qui a fait la renommée du théâtre, cède la direction des Bouffes en à Delphine Ugalde, qui s'était fait acclamer comme Eurydice dans Orphée aux Enfers et fit ensuite une création dans, Les Bavards, d'Offenbach[2].
En 1867-1868, François Varcollier, le mari de Delphine Ugalde, et Gabriel Hugelmann dirige le théâtre, où, le , débute la courtisane anglaise et ancienne danseuse Emma Crouch, plus connue dans le monde galant sous le nom de Cora Pearl. Elle se met aussi nue que possible pour remplir le rôle de Cupidon d'Orphée aux enfers. Les connaisseurs assez nombreux qui assistent à cette représentation applaudissent ses formes plastiques, mais elle chante si désagréablement que spectateurs, chanteurs et directeurs abandonnent le théâtre[3].
Delphine Ugalde doit renoncer à la direction en [4] et passe la main à Charles Comte, qui est entretemps devenu le gendre d'Offenbach en épousant sa fille, Berthe. Associé au dramaturge Jules Noriac, Comte renoue avec le succès en créant plusieurs œuvres de son illustre beau-père comme L'Île de Tulipatan, La Princesse de Trébizonde ou, après l'interruption de la guerre de 1870, Madame l'Archiduc, La Créole et La Boîte au lait. D'autres compositeurs seront sollicités, dont Léon Vasseur en 1872 avec La Timbale d’argent, sur un livret d'Adolphe Jaime et de Jules Noriac, ainsi qu’Emmanuel Chabrier avec L’Étoile en 1877. Cette même année, Louis Cautin prend la direction du théâtre. C'est à lui que l'on doit, entre autres, en 1880, la création des Mousquetaires au couvent de Louis Varney (fils d'Alphonse) et de La Mascotte d'Edmond Audran.
Delphine Ugalde dirige de nouveau les Bouffes de 1885 à 1888 avec son mari François Varcollier[4]. Pour sa première production, La Béarnaise de Messager, elle sort Jeanne Granier de sa semi-retraite pour le double ouvrage de Jacquette et Jacquet[5].
De 1986 à 2007, les Bouffes-Parisiens sont dirigés par Jean-Claude Brialy, remplacé depuis sa mort par son compagnon et collaborateur, Bruno Finck[7]. Celui-ci s'associe avec Dominique Dumond, directeur de la société Polyfolies qui produit entre autres Le Quatuor, avant de lui céder la direction en . Dominique Dumond est rejoint par Alain Sachs en 2014[8].
En 2010, cinquante théâtres privés de Paris réunis au sein de l’Association pour le soutien du théâtre privé (ASTP) et du Syndicat national des directeurs et tourneurs du théâtre privé (SNDTP), dont font partie les Bouffes-Parisiens, décident d'unir leurs forces sous une nouvelle enseigne : les « Théâtres parisiens associés »[9].
Notes et références
↑Cette première phase du théâtre a été le sujet d'un colloque organisé en 2005 par la Société Jacques-Offenbach dans le cadre du Festival Offenbach de Bad Ems en Allemagne.
↑ a et bMalou Haine Haine, 400 lettres de musiciens au Musée royal de Mariemont, Mardaga, , 526 p. (présentation en ligne).
↑Albert Vanloo, Sur le plateau: Souvenirs d'une librettiste (Paris, 1913).
↑reprise de la pièce le , vingt ans après sa création, avec Jean Marais alors nommé directeur artistique du théâtre par Albert Willemetz. Cf Jean Marais, Histoires de ma vie, Éditions Albin Michel, 1975, page 203 (ISBN2226001530).
Geneviève Latour, Florence Claval (études réunies par), « Théâtre des Bouffes Parisiens », dans Les théâtres de Paris, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris. Bibliothèque historique de la Ville de Paris. Association de la régie théâtrale, (ISBN2-905118-34-2), p. 164-167
Peter Ackermann, Ralf-Olivier Schwarz et Jens Stern, « Jacques Offenbach und das Théâtre des Bouffes-Parisiens 1855 » in Jacques-Offenbach-Studien, tome 1, Muth, Fernwald, 2006 (ISBN3-929379-15-5).