Attentat de la prison de Condé-sur-Sarthe
L'attentat de la prison de Condé-sur-Sarthe est une attaque au couteau survenue le à la prison de Condé-sur-Sarthe, en France. Michaël Chiolo et sa femme attaquent deux surveillants au couteau en céramique, et revendiquent leur geste au nom de l'État islamique. Sa femme est tuée durant l'opération tandis que deux surveillants pénitentiaires sont blessés. ContexteEntre janvier 2015 et l'attentat du marché de Noël de Strasbourg en décembre 2018, la France est confrontée à une vague d'attentats ayant causé la mort de 251 personnes[1]. Michaël Chiolo effectuait une peine de trente ans, assortie d’une période de sûreté de vingt ans pour enlèvement et séquestration suivie de mort et vol avec arme[2], pour des faits remontant à 2012 quand il s'était attaqué à un octogénaire. Il a été converti depuis 2010 et dit avoir commencé à « s'intéresser à la religion » et être « rigoureux dans la pratique » depuis 2016-2017. En détention, il est condamné à un an de prison pour apologie du terrorisme, pour avoir vanté l'attaque du Bataclan[3]. Michaël Chiolo et Cherif Chekatt, l'auteur de l'attentat de Strasbourg, étaient codétenus. DéroulementVers 9 h 45, Hanane Aboulhana, l'épouse de Michaël Chiolo, simule un malaise dans une unité de vie familiale. Deux surveillants arrivent pour lui venir en aide quand Michaël Chiolo et sa femme les poignardent à plusieurs reprises avec des couteaux en céramique (qu'Hanane Aboulhana avait fait entrer) en criant Allahu akbar selon plusieurs témoins. Les surveillants réussissent à s'enfuir et à fermer la cellule, Michaël Chiolo menace alors de faire exploser une ceinture explosive. Il refuse de se rendre et se revendique de l'État islamique et prête allégeance à son chef Abou Bakr al-Baghdadi[4]. Peu avant 20 h, le RAID mène l'assaut et neutralise les deux terroristes. L'opération, qui mobilisa des troupes d'intervention et des hélicoptères de l'armée, a duré près de 10 h. Hanane Aboulhana, touchée par balles lors de l'assaut, mourra quelques minutes plus tard alors que Michaël Chiolo est blessé par balle à la mâchoire[3],[5]. EnquêteMichaël Chiolo a déclaré vouloir « venger la mort de Cherif Chekatt », auteur de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg en décembre 2018. Le 22 mars, quatre personnes sont mis en examen, trois pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et un pour complicité de tentative d’assassinats sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste. Selon un enregistrement d'une conversation entre détenus, les suspects ont incité au passage à l'acte et donné des conseils au tueur, alors que celui-ci semble encore hésitant[2]. Parmi eux, on trouve Jérémy Bailly, un des membres de la cellule terroriste de Cannes - Torcy, et Abdelaziz Fahd, considéré comme l'instigateur des faits par le parquet[6],[4]. Lors de l'instruction, Michaël Chiolo a assumé son attentat (« Si c'était à refaire, je ferais exactement la même chose avec plus de haine, plus de violence, plus d'inimitié, plus de ferveur »)[7] et a affirmé avoir voulu tuer. Il a affirmé n'avoir préparé l'attentat qu'avec sa femme, sans l'aide des quatre personnes mis en examen. Le 21 juillet 2023, deux juges d'instructions ordonnent un procès pour trois des cinq personnes mises en examen, dont l'auteur principal Michaël Chiolo, ainsi que Abdelaziz Fahd et Nabil G., Jérémy Bailly bénéficiant alors d'un non-lieu, contrairement aux réquisitions du parquet[8], qui fait appel. Début 2024, France bleu indique que les cinq mis en examen sont renvoyés pour un procès prévu à l'été 2025 devant la Cour d'assises spéciale de Paris[9]. Réactions nationales
ConséquencesLa réalisation de cet attentat dans l'une des prisons les plus sécurisées de France pose questions et les syndicats Force ouvrière et CGT lancent un appel au blocage de tous les établissements pénitentiaires pour dénoncer un manque de moyen. Un rapport d'inspection pointe en effet de nombreux problèmes, dont une vidéosurveillance insuffisante, l'absence de matériel pour contrôler les visiteurs (portail à onde millimétrique) et surtout une insuffisante communication avec le renseignement pénitentiaire, qui manque également de moyen pour analyser les écoutes. En effet, un enregistrement d'une conversation entre détenus captée la veille de l'attentat n'avait pas pu être écoutée à temps par les agents[10],[6]. Le jeune Bureau central du renseignement pénitentiaire (BCRP), créé le 16 janvier 2017, commence à peine à se structurer d'autant que selon une source du Parisien, « aucun service de renseignement ne possède les moyens humains d'écouter en temps réel les conversations (...) Il y avait plus de deux heures d'enregistrements à traiter, ce qui correspond à huit heures de travail. Il n'est pas possible de mettre 30 agents sur chaque écoute. »[6]. De plus, selon Le Figaro, « les surveillants n’ont pas osé fouiller - même légèrement - la compagne du terroriste de peur des représailles des détenus »[10]. Références
|