L'assaillant, Nathan Chiasson, schizophrène, a un long passé de soins en psychiatrie. L’enquête permet par la suite d'établir une radicalisationislamiste certaine de son auteur ainsi qu'une préparation organisée de son passage à l'acte.
L’assaillant, Nathan Chiasson, commence ses agressions peu avant 14 h dans le parc départemental des Hautes-Bruyères de Villejuif. Il porte une djellaba bleue et se dirige vers un homme en hurlant « Allah Akbar », un cri qu’il réitère à plusieurs reprises lors de l’attaque[5],[6]. Le passant menacé déclare alors à son agresseur être de confession musulmane. L’assaillant lui a alors demandé de réciter une prière en arabe, ce qu’il a fait. Nathan Chiasson décide de l'épargner et se dirige vers d'autres passants[7].
Il se dirige vers un couple de passants et attaque d’abord la femme. Son mari, Janusz Michalski, 56 ans, s’interpose et reçoit un violent coup de couteau, infligeant une plaie transfixiante au niveau du cœur, qui lui sera fatale. Ensuite, le tueur s'attaque à la femme qui reçoit un coup de couteau au niveau du cou. La blessure est importante. L’assaillant s'attaque ensuite à une joggeuse sur une route qui longe le parc. La joggeuse est touchée à plusieurs reprises au niveau du dos de blessures superficielles. Plusieurs autres personnes sont attaquées par l’assaillant. Hormis l’homme épargné après avoir fait état de sa religion, la gardienne du parc et un SDF ont aussi été menacés[7].
Enquête
Les premiers éléments, ainsi que le profil psychologique de l'auteur, ne permettent pas d'affirmer, avec une certitude totale, une motivation terroriste. Néanmoins, dès la fin d'après-midi du , la section antiterroriste de la brigade criminelle de la direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris (DRPJ) est saisie de l'affaire[8]. Des signes de radicalisation sont entrevus le samedi , le parquet national antiterroriste se saisit alors de l’enquête[9]. Par la suite, les investigations permettent d'établir une radicalisation certaine du mis en cause ainsi qu'une préparation organisée de son passage à l'acte[10]. Les policiers craignent un autre attentat qui serait effectué par plusieurs membres de l'entourage de l'auteur[11].
Nathan Chiasson[1] est né le [15] aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Il est décrit par sa famille comme ayant présenté très tôt de « hautes capacités intellectuelles », mais aussi une souffrance psychique précoce. Il fait l'objet d'un suivi psychiatrique dès l'enfance et est hospitalisé à plusieurs reprises, parfois « à la demande de ses parents »[16].
Après un parcours scolaire classique jusqu’au bac, il intègre l’école de commerce ESSCA à Angers. Au bout d’un an, il arrête cependant cette formation. « Ce qui va créer des obstacles à la poursuite de ses études […], c’est à la fois ses problèmes psychologiques et des problèmes d’addictions à divers produits stupéfiants »[17].
Il est interné à l'hôpital Saint-Anne, entre et . Il est diagnostiqué schizophrène[8],[18],[19]. Il se convertit à l'islam en « ou »[20]. Il est connu des services de police pour des délits de droit commun, mais n'est pas soupçonné de radicalisation. Il n'a pas de fiche S. Les premiers éléments de l'enquête montrent qu'il a minutieusement préparé son acte et laissent penser qu'il prévoit d'être tué lors de son attaque. Il a notamment vidé son appartement et écrit un testament[9],[21].
La mère du tueur évoque un « mariage religieux refusé » par un imam au motif que la démarche n'est pas précédée d'un mariage civil[16], ce qui aurait déclenché le passage à l'acte[22]. Le matin de son attaque, il emmène à Villejuif un sac contenant notamment des ouvrages « salafistes » ainsi qu'une lettre aux accents testamentaires laissant entendre, selon les enquêteurs, qu'il songeait à « faire le grand saut »[16].
Compagne de l'auteur
Marie M.[23], la compagne de Nathan Chiasson, 22 ans, est mise sur écoute dès qu'elle est identifiée. Les enquêteurs la soupçonnent alors de prévoir de commettre une action violente contre les forces de l’ordre. Le , elle est interpellée à son domicile de Palaiseau (Essonne) et placée en garde à vue pour « association de malfaiteurs terroristes »[24],[25]. Elle porte un couteau sur elle[23]. Elle s'est convertie récemment mais est très croyante, a confié à une amie qu’elle souhaitait commettre un « suicide par police interposée », c’est-à-dire mourir sous les balles de policiers[26]. Elle est considérée comme psychologiquement fragile[27]. Marie fait déjà de nombreux séjours en psychiatrie et doit prochainement y retourner[28]. Elle confirme en garde à vue sa volonté de tuer des policiers[11]. Sa garde à vue est levée le et une hospitalisation est envisagée, compte tenu de la forte dominante suicidaire dans ses propos[29]. Elle est libérée car le psychiatre n'a décelé « aucun trouble particulier chez elle ». En conséquence, les policiers des commissariats de Palaiseau et des Ulis sont appelés à la plus grande vigilance aux abords et dans l'enceinte des commissariats mais aussi lors des interventions policières "jusqu'à nouvel ordre". Par ailleurs, les fonctionnaires assurant l'accueil des commissariats sont priés d'utiliser le détecteur de métaux sur toutes les personnes désirant pénétrer dans les lieux [30]. Les policiers considèrent que le "passage à l'acte" peut concerner d'autres membres de l'entourage de "Marie M" et "Nathan C."[11].
Analyses
L'ancienne élue socialiste Céline Pina critique l'utilisation systématique du mot « déséquilibré » pour expliquer la raison de cette attaque[31],[32].
↑ a et bJean-Michel Décugis et Vincent Gautronneau, « Villejuif : pourquoi le parquet national antiterroriste se saisit de l’enquête », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
↑« LE CONTRAT DE MARIAGE, UN ACTE NOTARIE », dans Contrats de mariage à Québec, 1790-1812, Canadian Museum of History (ISBN978-2-7603-2528-9, lire en ligne), p. 39–41.