C'est dans l'ensemble une plaine monotone, entrecoupée par les deltas et les estuaires de quelques grands fleuves : le Krishna, la Kaveri, le Pennar, le Palar et le Ponnaiyar, qui prennent leur source dans les hauts plateaux des Ghats occidentaux (monts Sahyadri) pour les deux premiers, et le plateau du Deccan pour les suivants, et se déversent dans le Golfe du Bengale en traversant le Deccan. Les plaines aval de ces fleuves, extrêmement fertiles, sont cultivées depuis la plus haute antiquité. Les deltas des fleuves Krishna et Kaveri sont cultivés de manière intensive.
Cette côte, bien que fréquentée par les Européens depuis l'époque de l'empire romain, est d'une navigation dangereuse en particulier en période de mousson de l'est, soit d'octobre à décembre. Elle est décrite dans Le Livre de Marco Polo (1298) comme un pays très riche où l'on trouve des perles « très grosses et très belles ».
Ses ports, pratiquement tous d'origine artificielle - Madras, Pondichéry, Gondelour - n'offrent pas des abris sûrs. Cependant, au cours du premier millénaire de notre ère, elle connaît une grande activité et c'est depuis cette côte que les Tchola ont amorcé leur expansion vers Ceylan, la Malaisie et Java, auxquels est traditionnellement associée la mythique cité portuaire de Kaveri Poompattinam ou Puhâr[4], l'actuelle localité de Poompuhâr dans le district de Mayavaram[4]. Les Pallavas ont également entretenus des relations commerciales maritimes avec l'Asie du Sud-Est, peut-être depuis le port de Mahâballipuram[4], dont on n'a pourtant pas retrouvé les installations portuaires.
Ptolémée aurait fait mention dans sa Géographie d'une partie de la côte sous le nom de Paralía Sōringôn (grec ancien : Παραλία Σωριγγῶν ; « Côte des Cholas ») ou de Paralia Sorētôn (grec ancien : Παραλία Σωρητῶν), où se trouve notamment Khabērìs empórion ou Chabērìs empórion (grec ancien : Χαβηρὶς ἐμπόριον) — identifiée à Kaveri Poompattinam —[5], qu'il situe sur l'estuaire de la Cauvery[5]. De cette ville, l'œuvre littéraire tamoul classique du Silappatikaram raconte la présence d'une importante colonie prospère de Yavana (யவனர் (yavanar) en tamoul, यवन (yavana) en sanskrit), appellation locale des Romains et de tout étranger issu du monde méditerranéen ou du Proche-Orient[6].
Les Arabes et les Persans appelaient la côte de Coromandel Shuli mandal ou Barr al Ṣūliyān ou Barr al Ṣhūliyān (arabe : بر الصوليان ; « Côte des Cholas »), ou simplement Al Shuliyan (arabe : الصوليان)[7],[8],[9]. Ils y faisaient également référence avec le nom de Ma'bar (arabe : المعبر), correspondant plus largement à la côte orientale de l'Inde, située au franchissement du Cap Comorin et de l'île de Ceylan[8]. Ibn Battûta désigne les commerçants hindous originaires de cette côte par al-Ṣūlīyun, desquels il affirme leur position prééminente dans le Port de Quilon (Kollam) au XIVe siècle[10].
Au terme de la guerre de Sept Ans, les Britanniques finissent par établir leur suprématie ne laissant à la France que les enclaves de Pondichéry et de Karikal qu'elle conserve jusqu'en 1954.
De nombreux objets d'origine chinoise, comme des boîtes, des coffres ou des paravents, sont dits couverts de laque de Coromandel[13],[14], malgré leur origine plus lointaine, car ces marchandises transitaient par les ports de cette côte.
↑Istituto geographico de Agostini, Atlas géographique, Paris, Éditions Atlas, , p. 42-43
↑ ab et c(en) Sundaresh, A.S. Gaur, Pierre-Yves Manguin (dir.), A. Mani (dir.) et Geoff Wade, Early interactions between South and Southeast Asia, Singapour, Institute of Southeast Asian Studies, coll. « Nalanda-Sriwijaya Series », , 514 p. (ISBN978-981-4345-10-1, 978-981-4311-16-8 et 978-981-4311-17-5, OCLC896709497), partie I, chap. 10 (« Marine Archaeological Investigations along the Tamil Nadu Coast and their Implications for Understanding Cultural Expansion to Southeast Asian Countries »), p. 221-223
↑(en) Raoul McLaughlin, Rome and the distant East : Trade routes to the ancient lands of Arabia, India and China, Londres, Continuum (Bloomsbury), , 256 p. (ISBN978-1-84725-235-7, OCLC298599815), chap. 3 (« Roman Egypt and the sea route to India »), p. 56
↑Aly Mazahéri, L'âge d'or de l'Islam : Quand Bagdad était la capitale de la moitié du Vieux Monde, Paris Méditerranée, coll. « Bibliothèque Arabo-Berbère (BAB) », (1re éd. 1951), 405 p. (ISBN9789981896314, OCLC492914533), chap. 10 (« Le trafic et le négoce »), p. 355
↑(en) Sebastian R. Prange, Monsoon Islam: trade and faith on the medieval Malabar Coast, New York, Cambridge University Press, coll. « Cambridge Oceanic Histories », , 344 p. (ISBN978-1-108-42438-7, OCLC1025358472), chap. 1 (« The Port »), p. 39-40
↑(en) William O’Reilly, P. Mansel (dir.) et T. Riotte (dir.), Monarchy and Exile : The Politics of Legitimacy from Marie de Médicis to Wilhelm II, Basingstoke, Palgrave Macmillan (Springer), (ISBN978-0-230-32179-3, OCLC721883982, lire en ligne), I (Varieties of Exile), chap. 3 (« A Life in Exile: Charles VI (1685–1740) between Spain and Austria »)
(en) Sinnappah Arasaratnam, Merchants, companies and commerce on the Coromandel coast : 1650-1740, Oxford University Press, Delhi, Bombay, 1986, 407 p. (ISBN0-19-561873-4)
(en) Arvind Sinha, The politics of trade : Anglo-French commerce on the Coromandel Coast, 1763-1793, Manohar, New Delhi, 2002, 249 p. (ISBN81-7304-419-8)
(fr) Alain Carayol, Inde : Malabar et Coromandel, Romain Pages éd., Sommières (Gard), 2002, 133 p. (ISBN2-84350-106-7)
(fr) Jacques Dupuis, Madras et le nord du Coromandel : étude des conditions de la vie indienne dans un cadre géographique, Librairie d'Amérique et d'Orient Adrien-Maisonneuve, Paris, 1960, 590 p. (thèse de doctorat de Lettres)
(fr) Alfred Martineau, Les cyclones à la côte Coromandel, Pondichéry, Paris, 1917, 96 p.
Filmographie
Kattumaram, film documentaire de Jean-Luc Chevanne, Laboratoire Images et sons/Cultures et identifications Paris 8, 2003, 2 h (VHS) ; film tourné entre 1979 et 1991