Parmi les quatre stades de développements successifs du lépidoptère (œuf, chenille, chrysalide, papillon), la chenille est l'un des deux stades mobiles et celui qui assure l'essentiel de la croissance de l'animal, la fonction reproductive étant réservée au papillon.
Le développement de la chenille nécessite plusieurs mues dont la dernière, appelée nymphose, marque le passage au stade de nymphe, appelée chrysalide chez les lépidoptères.
Les chenilles de certaines espèces tissent autour d'elles une structure de soie appelée cocon afin de s'y mettre à l'abri en vue de leur nymphose (le cas le plus célèbre est la chenille de Bombyx mori, appelée ver à soie, fondement de la sériciculture). D'autres chenilles (notamment celles des rhopalocères) se contentent de se fixer à un support par une ceinture de soie qui maintiendra la chrysalide. D'autres encore s'enterrent dans l'humus à faible profondeur, dans une loge plus ou moins soyeuse : c'est le cas de la plupart des sphinx.
Biologie
Les chenilles de lépidoptère possèdent un corps métamérisé avec une tête ayant des pièces buccales broyeuses. Les yeux sont réduits à 5 ocelles en arc autour d'une ocelle centrale.
Après la tête, on trouve 13 segments. Les 3 premiers correspondent au thorax. Les 10 suivants constituent l'abdomen.
L'appareil excrétoire est constitué de tubes de Malpighi (deux groupes de trois se déversant dans un tronc commun). Le système nerveux est formé d'un cerveau et d'une chaîne ganglionnaire ventrale comprenant un ganglion sous-œsophagien, trois ganglions thoraciques et sept abdominaux.
Les chenilles possèdent en outre deux glandesséricigènes (produisant de la soie) tubulaires qui débouchent par un canal unique près des pièces buccales. Deux glandes mandibulaires également tubulaires ont un rôle encore mal connu.
Au cours de sa croissance, qui peut varier de deux semaines à plusieurs mois selon qu'elle hiberne ou non, la larve connaîtra quatre ou cinq mues et pourra également changer de couleur.
Depuis des millénaires en Afrique du Sud, les peuples de la brousse consomment des larves de papillons de nuit. L'ethnie tswana les prépare bouillies ou grillées. Pour les conserver, elles sont séchées au soleil dans des corbeilles. Avec l'urbanisation et l'exode rural, une industrie s'est constituées dans ce pays pour la mise en conserve de chenilles. Elles sont principalement destinées aux paysans déracinés qui s'entassent dans les banlieues. Dans les faubourgs de Johannesburg, les amateurs de chenilles sont pour la plupart d'anciens ruraux qui dans leur enfance en ont consommé ainsi que bien d'autres insectes. Aujourd'hui citadins pauvres, ils n'ont pas les moyens de s'acheter de la viande. Des industriels ont eu l'idée de leur vendre, séchées ou mijotées, les chenilles qui leur rappellent le village natal. En effet, moins chères que le bœuf et deux fois plus nourrissantes[réf. nécessaire].
Noms vernaculaires
« Chenille » vient du latincanicula, petite chienne, en référence à l'allure de la tête de l'une et de l'autre[1].
Les chenilles, en tant que ravageur possèdent souvent un nom vernaculaire, repris pour nommer le papillon (l'adulte). Exemple non exhaustif de nom :
Dans le Nord de la France et en patois picard, on parle ou parlait de carplute ou caplute[2], càrpleuze[3] ou capleuze[4], capluche[5] ou capluque[6], caplure[7] ou càrplu[8], cazèie[9], canilhe[10], cnilhe ou écnilhe[11], chnile ou échnile[12], olin·ne[13], ulin·ne[14], onin·ne[15]. Le mot huelaine (ou honaine, el'holaine, houlaine, houlainne, huelainne...) a aussi désigné la chenille (on en trouve encore des traces dans les lieux-dits ou nom de rues de l'Avesnois)[16].
Culture scientifique
Pour les besoins de l'entomologie scientifique et parfois de l'agriculture, les naturalistes ont constitué des collections iconographique et historique de papillons, mais aussi de chenilles dont la forme et l'aspect évolue au rythme de sa croissance[17]. Et divers ouvrages ont été consacrés aux chenilles, dont par exemple une iconographie des chenilles par Philogene Auguste Joseph Duponchel en 1849[18], ou encore un Catalogue des chenilles européennes connues publié par le naturaliste lépidoptériste Georges Roüast en 1883[19].
Culture populaire
La chenille se retrouve dans la culture populaire sous diverses formes et via différents supports :
↑« En patois du pays les chenilles s'appellent des houlennes. Ce fait, signalé à la Révolution dans les pâtures de Locquignol, s'est reproduit il y a 6 ans dans les pâturages de Cartignies, proche de Huelainne, et pendant un mois, les visiteurs ont afflué pour voir ce phénomène ; en quelques jours des hectares de prairies étaient rasés par des milliards de chenilles grises. Ces visites s'appelaient : aller voir les Houlennes ». Source :Marie Delcourte, d'après A. Duvaux (1904) Histoire du fief de la Motte et de Coutant. DAH Avesnes Tome VI (Chap : Seigneurs de la erre et prairie d'Avesnesp 97 à 100)
↑Philogene Auguste Joseph Duponchel, Iconographie et histoire naturelle des chenilles, pour servir de complément à l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France de MM. Godart et Duponchel, Germer Baillière, (lire en ligne)
↑Georges Roüast, Catalogue des chenilles européennes connues, Pitrat, (lire en ligne)
David J. Carter et Brian Hargreaves (trad. de l'anglais), Chenilles d'Europe, Paris, Delachaux et Niestlé, , 311 p. (ISBN978-2-603-02398-3)
Tristan Lafranchis, Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Biotope, coll. « Parthénope », (ISBN978-2-9510379-2-2)
Pro Natura – Ligue Suisse pour la Protection de la Nature, Les papillons et leurs biotopes : Espèces • Dangers qui les menacent • Protection. Suisse et régions limitrophes., vol. 1–3, 1987–2000