Cheval d’attaque est une revue de poésie franco-wallonne publiée à Paris par Didier Paschal-Lejeune de 1968 à 1978.
Une revue franco-wallonne née en 1968
Le wallon Didier Paschal-Lejeune, provisoirement de nationalité belge, est né en 1947 à Verviers, c’est-à-dire dans la ville même où, en 1953, André Blavier fonde sa revue Temps mêlés. Une fois installé à Paris, l’animateur et fondateur de Cheval d’attaque continue de le fréquenter assidument, ainsi que les autres représentants de la poésie post-surréaliste francophone en Belgique : Marcel et Gabriel Piqueray, Théodore Koenig et sa revue Phantomas, et beaucoup d’autres. Il restera également en étroite relation avec son ami de jeunesse Guy Jungblut, le fondateur de Yellow Now[1].
Dès sa première livraison, Cheval d’attaque revendique fièrement son implication, au moins morale et intellectuelle, dans les « événements de mai 68 »[2] : « Cheval d’attaque s’inscrit dans l’actuelle contestation. Celle-ci est l’Acte révolutionnaire et libère la créativité. Toute révolution, d’essence ludique, met pour tous la poésie en jeu et en action, car l’Acte poétique, fermement révolutionnaire, n’est jamais vain... » , etc.[3].
« Paraît six fois l’an », est-il indiqué en tête du no 0. La promesse ne sera pas tenue, et la périodicité est très irrégulière. Chaque livraison est imprévisible aussi bien quant au format et au nombre de pages que quant au contenu. Parallèlement, est publié un bulletin d’information intitulé Cavalier seul, d’abord ronéoté, puis imprimé sur une feuille pliée en quatre et distribué gratuitement aux abonnés. Enfin, la limite est assez floue entre le numéro de revue et le livre. Certains numéros (par exemple les numéros 2, 6, 7) publient le texte d’un auteur unique, et en dehors de la revue, plusieurs livres sont publiés. Cheval d’attaque devient alors une petite maison d’édition.
Didier Paschal-Lejeune racontera en 1974[6] les circonstances de sa rencontre avec André Martel (1893-1976), l’inventeur du langage Paralloïdre : « Au Quartier Latin, le , dans le grand Amphithéâtre Richelieu, devant des milliers de jeunes révolutionnaires de l’époque, André Martel, muni d’un laissez-passer du C.R.A.C. ( « comité révolutionnaire d’action culturelle » ), présente le Paralloïdre et chante Le Badingo et Les Robots. La foule reprend en chœur les refrains. Vers minuit, après la manif, il enregistre ses chansons à Radio-Sorbonne alors occupée. » Un premier texte d’André Martel figure dès le n° zéro. En 1974, les 160 pages du numéro 10-12 lui sont entièrement consacrées.
Le Collège de ’Pataphysique
André Martel appartenait (depuis 1955) au Collège de ’Pataphysique, dont il ne tarda pas à être nommé « Régent ». André Blavier, lui, était "Satrape" du Collège de ’Pataphysique et Commandeur de l’ordre de la Grande Gidouille. L’importance du lien qui unit le fondateur de Cheval d’attaque audit Collège est évidente. D’où, par exemple, la place occupée dans la revue par le poète et « artiste non-peintre » Thieri Foulc, autre dignitaire du Collège. Il y publia Maton au désert[7] ainsi que Mécanique de l’os du sable en 1975. Il fut également l’illustrateur de Gorgomar d’André Martel, publié par les éditions Cheval d’attaque en 1974.
N° 3, 1972, 26 pages, format 19 x 25 : « Les deux pôles (rétrospective théâtrale 70/71) par Suzanne Arlet.
N° 4, , 17 pages ronéotées rassemblées dans une couverture imprimée format 19 x 2 illustrée par Mirabelle Dors[10] : « L’espoir se ferme parfois : ne pas accepter » par Jean-Claude Chastaing.
N° 5, 1973, 32 pages, format 19 x 25. Numéro spécial consacré au poète et musicien Maurice Delaistier. La livraison comporte, outre les textes dus au seul Delaistier, un poème intitulé « Barricades », dont Didier Paschal-Lejeune explique (page 25) qu’il fut écrit « sur l’esplanade de la gare de Lyon, à Paris, le vendredi , vers 19 heures 30, c’est-à-dire au début de la nuit d’émeutes que l’on sait. Il est signé conjointement par Alain Frontier et Maurice Delaistier. » Cette même livraison comporte également un texte (en anglais, non traduit) de Carl Weissner.
N° 6, , 40 pages, format 19 x 25 : « Chroniques meldeuses », nouvelles et collages, par Alain Frontier.
N° 7, , 40 pages, format 19 x 25 : « Maton au désert » par Thieri Foulc.
↑Yellow Now est alors une galerie d’art sise à Liège, dans le quartier de la Roture. Jungblut y exposa notamment une œuvre du plasticien Paul-Armand Gette, qu’il fit connaître aux animateurs de Cheval d’attaque. Yellow Now deviendra par la suite une maison d’édition, aujourd'hui spécialisée dans le cinéma.
↑Toutefois son animateur est trop attaché à son indépendance pour s’être jamais engagé dans aucun parti ni dans aucun « groupsucule » politique.
↑ « Prière d’insérer » du numéro zéro de Cheval d’attaque, datée du 1er juin 1968. Ce même texte cite in fine un long extrait de la Lettre aux Recteurs des Universités européennes d’Antonin Artaud.
↑Jean-Paul Séguin a notamment signé les anthologies « L’année poétique 1974 » et « L’année poétique 1975 », publiées respectivement en 1975 et en 1976 par Pierre Seghers.
↑Présent depuis le n°1, il fut le bras droit de Didier Paschal-Lejeune.