Christophe Gabriel Jean Marie Rodocanachi-Jacquin de Margerie est le fils de Pierre Rodocanachi (1921-2010), ancien officier militaire, et de Colette Taittinger (née en 1928)[1]. Abandonné par son père, il est adopté à l’âge de onze ans par le deuxième mari de sa mère, Pierre-Alain Jacquin de Margerie[Note 1],[2]. Par sa mère, il est le petit-fils de Pierre Taittinger et le demi-frère de Victoire de Margerie.
Christophe de Margerie entre comme stagiaire chez la Compagnie française des pétroles (future Total) en 1974[3], à la direction financière. Il aime raconter qu'il a choisi Total « uniquement parce que c'était l'entreprise la plus proche de chez lui[4] ». En 1995, il est nommé au poste de directeur général de Total Moyen-Orient. Il entre ensuite au comité exécutif. Il est nommé en 1999 directeur général pour l'exploration et la production, et apparaît alors progressivement comme le dauphin naturel de Thierry Desmarest[5]. Le 13 février 2007, il est nommé directeur général de Total par le Conseil d'administration du groupe, Thierry Desmarest restant président de ce conseil sans mandat exécutif jusqu'au 21 mai 2010, date à laquelle Christophe de Margerie le remplace à cette fonction et devient PDG[6]. Son caractère jovial et sa moustache lui valent dans son entreprise le surnom de « Big moustache »[7].
À sa mort, il est décrit comme « aussi puissant que le Quai d'Orsay » tant l'influence de Total, en raison de son poids économique et de ses rapports privilégiés avec le gouvernement français, est grande[15].
Il sera décoré, à titre posthume par le Président de la Russie, Vladimir Poutine, de la Médaille d'honneur « pour sa contribution au développement des liens économiques et culturels franco-russes », selon un décret du Kremlin signé par Vladimir Poutine[16]. Vladimir Poutine avait déploré la perte d'«un vrai ami» de la Russie et avait déclaré apprécier au plus haut point les qualités d'homme d'affaires de Margerie, son dévouement continu non seulement dans les relations franco-russes mais dans toutes les formes de coopération.»
Le 20 octobre 2014 vers 23 h 57 (MSK)[17],[18], il meurt à Moscou dans l'accident du Falcon 50[19] immatriculé F-GLSA (opéré par Unijet) lors du décollage vers Paris alors que l'appareil a heurté un engin de déneigement[20] présent sur la piste. Tous les occupants de l'avion sont morts sur le coup (le pilote Yann Pican, l'hôtesse de bord Ruslana Vervelle et Christophe de Margerie), à l'exception du copilote Maxime Rassiat, mort au bout de plusieurs secondes, comme en témoignent les traces de suie retrouvées dans sa trachée, conséquence de l'incendie s'étant déclaré au moment de l'impact. Le bilan est de 4 morts ce soir-là, sur la piste de l'aéroport international de Vnoukovo.
D'après la journaliste Muriel Boselli, sa mort pourrait être due à l'action de ses opposants : « Christophe de Margerie a également beaucoup critiqué l'hégémonie du dollar dans le monde, notamment dans le secteur pétrolier [...]. Il a ouvertement évoqué l'idée d'acheter le pétrole dans une autre devise »[15],[22]. Celle-ci note aussi que la justice russe s’accommode des incohérences de l'enquête tandis que la justice française manque d'empressement pour lever les zones d'ombre de l'enquête russe[23].
Il laisse une veuve, née Bernadette Prud'homme, et trois enfants, Fabrice, Laëtitia et Diane.
Distinctions
Le , Christophe de Margerie est promu, à titre posthume, officier de la Légion d'honneur. Il avait été nommé chevalier en 2003[24].
Le , Christophe de Margerie est classé 12e patron du CAC 40, en matière de performances boursières (dividende), par Challenges[31].
Selon un sondage réalisé entre juillet et août 2014 par le cabinet Advent, sa cote de popularité est de 40 %. Selon le magazine Capital, où l'enquête est dévoilée, ce résultat est dû « à la fois [à] l'essence trop chère, [aux] dividendes colossaux qu'il verse à ses actionnaires et [à] la marée noire de l'Erika ». Le journal ajoute que l'homme « séduit tous ses interlocuteurs par sa jovialité et son franc-parler »[32].
À la suite de l'accident d'avion causant sa mort et celui de tout l'équipage, des journalistes de la presse française rendent hommage à un patron « original et sympathique »[33].
↑Jean-Michel Bezat et Dominique Gallois, « Mort de Christophe de Margerie, patron stratège et truculent de Total », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).