Cet article concerne les genres de fusion dérivés du rock. Pour un article général sur la fusion de genres en musique, voir fusion de genres musicaux. Pour les autres significations, voir Fusion.
Fusion est un terme général autrefois utilisé dans la scène musicale rock essentiellement dans les années 1990 pour désigner divers styles de fusion de genres musicaux comme le funk rock ou le rap rock. Ce courant ne doit pas être confondu avec le jazz fusion, un courant dérivé du jazz et incorporant des éléments du rock.
Parmi les précurseurs, il faut citer les Bad Brains[1], groupe de punks à dreadlocks qui alternent sur leurs albums, dès la fin des années 1970, des morceaux hardcore avec d'autres 100 % reggae, ou encore Defunkt, qui depuis sa fondation en 1978 mêle savamment des influences de funk et de jazz avec des rythmiques de rock. En 1984 paraît le premier album des Red Hot Chili Peppers, où ils mélangent déjà le rock, le funk et le rap. Les Red Hot deviendront plus tard un groupe emblématique de ce mouvement. Celui de Fishbone sort en 1985. Ce groupe injecte dans son funk-rock une bonne dose de ska. Plus sobrement, les groupes Faith No More et Jane's Addiction font aussi des expérimentations dans ce sens[2],[3]. En 1986, Aerosmith et Run DMC sont les premiers à oser le mariage du hard rock et du hip-hop. Leur exemple sera suivi par Anthrax et Public Enemy l'année suivante avec Bring the Noise. C'est en 1986 aussi que sort Licensed to Ill, le premier album rap des Beastie Boys, un groupe blanc d'anciens punks, qui ajoutent des éléments sonores volontiers des guitares électriques. En 1988, les Living Colour enfoncent le clou avec l'album Vivid[4]. En Europe, ce sont les néerlandais d'Urban Dance Squad qui sont les premiers à suivre le mouvement. En France, la Mano Negra tente quelques incursions vers le hip-hop (King Kong Five), mais c'est le groupe FFF qui est vraiment le premier à métisser ouvertement funk, rock puissant, rap et reggae, « parrainés » par le précurseur George Clinton.
En 1991, l'énorme succès de l'album Blood Sugar Sex Magik des Red Hot Chili Peppers et celui du premier album de Rage Against the Machine font découvrir la fusion au grand public, aidés par la programmation de Perry Farrell au festival américain itinérant Lollapalooza. Un confidentiel mais incontournable album Playin' Foolz de Smokin Suckaz Wit Logic et dans la même année 1993, la bande originale du film Judgment Night offre une série de duos associant la crème des groupes de rock et de rap. Dans la foulée, tout un tas de nouveaux groupes s'engouffrent dans la brèche. En France les No One Is Innocent et Silmarils remportent un franc succès. Beaucoup de ces nouveaux groupes se contentent hélas de parodier la formule metal-rap des RATM, et face à cette surenchère, le mouvement finit par s'étouffer de lui-même. Certains, malgré tout, sauront se montrer plus inventifs. Le groupe Korn retient la recette de la fusion tout en lui donnant un visage beaucoup plus metal.
Un genre dérivé du funk rock, le funkcore est une branche du funk rock qui mélange le punk hardcore avec le funk. En général, le tempo est rapide et le son de guitare est brutal, mais l'accent est surtout mis sur la basse slappée et la batterie qui mêlent des rythmiques funk. Parmi les premiers groupes jouant cette sorte de musique, on peut citer les Red Hot Chili Peppers et Fishbone. Un autre dérivé, le funk metal, est une branche du funk rock qui utilise des riffs saturés caractéristiques du metal avec un battement rythmique de la basse caractéristique du funk et parfois des rythmes hip-hop. Les quatre groupes emblématiques du genre sont Extreme, Infectious Grooves, Faith No More et Rage Against the Machine, et également Incubus à leurs débuts[6].
En France, l'album L'Angle mort, issu de la collaboration de Hamé, Casey et Zone libre et l'album Les Contes du chaos (avec B.James et sans Hamé cette fois-ci) prouvent qu'il n'y a pas lieu de renvoyer dos-à-dos rap et rock, et que l'alliance des deux peut engendrer une musique hautement subversive.
Thèmes
Ce n'est pas systématique, mais les paroles des chansons sont assez souvent engagées. Elles peuvent parler par exemple de la liberté d'expression (Freedom of Speech de Body Count) ou de la dépénalisation du cannabis (Fishbone). Aux États-Unis, Vernon Reid, guitariste des Living Colour, fonde la Black Rock Coalition, et des groupes comme Rage Against the Machine ou Downset sont également très politisés. Mais un des thèmes les plus récurrent de la Fusion est la lutte contre le racisme et l'intolérance. C'est particulièrement vrai en France où les groupes réagissaient à la montée du Front national dans les années 1990. Des titres comme AC2N de FFF, La Peau de No One Is Innocent, ZOB d'Atomic Kids ou L'Œuf de Lofofora illustrent bien cette tendance.