En 1967, il tient le rôle de Jean-Sébastien Bach dans le film de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, Chronique d'Anna Magdalena Bach[2]. En 1970-71, il fonde, sur proposition de la Deutsche Harmonia Mundi, l'Orchestre de la Petite Bande, avec pour chef permanent attitré le violoniste Sigiswald Kuijken. En 1969, il obtient une chaire à l'université Harvard. Il donne environ une centaine de concerts par an, la plupart comme soliste (orgue, clavecin, clavicorde et claviorganum), et dirige des orchestres baroques. À partir de 1965, Leonhardt fait partie du jury du concours triennal international pour clavecin de Bruges, qui en 2010 a connu sa seizième édition. Il est le frère de la pianiste Trudelies Leonhardt.
Gustav Leonhardt est considéré comme une autorité intellectuelle et artistique sur la musique ancienne. En tant que musicologue, il a publié une étude sur L'Art de la fugue de Bach (1952/85), et édité les œuvres pour claviers de Sweelinck.
Le [3], Gustav Leonhardt met fin à sa carrière en raison de problèmes de santé, après un concert au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris[4]. Il meurt des suites d'un cancer[3], le à Amsterdam[1], « la ville où il résidait avec son épouse, la violoniste Marie Leonhardt, dans une maison splendide de 1617, sur le Herengracht, où rien n'avait été modifié depuis 1750 et où trônait, dans une grande pièce donnant sur un jardin, sa collection d'instruments anciens[3] ».
Gustav Leonhardt a beaucoup enregistré, tour à tour en tant qu'organiste, claveciniste et chef d'orchestre. Sa discographie compte plus de 200 références, partagées entre les labels Vanguard, Das alte Werk (Teldec/Warner), Deutsche Harmonia Mundi (DHM), Seon (repris successivement par RCA puis par Sony), puis Philips et finalement Alpha. Citons aussi un récital Forqueray sur le clavecin Hemsch 1751 du Château de Flawinne, enregistré en pour le petit label russe Early Music Records (EMR), republié en France par le magazine Diapason en 2015 (Les indispensables no 67).
Gustav Leonhardt - pionnier (2010) film. Au programme : Froberger, Kuhnau, Bach : récital Gustav Leonhardt, clavecin (Prod. : NOS, 33 min) ; Bach : L'Art de la fugue (Emission « Musique en 33 tours » Gustav Leonhardt, clavecin Prod. : Ina, 1970, 10 min) ; Bach : Variations Goldberg (Pierre Hantaï, clavecin Prod. : Morgane prod., 2000, 15 min) ; Sweelinck: Variations sur « Engelsche Fortuyn » Buxtehude : Preludium en sol mineur (Cathédrale de Poitiers Emission « Histoire de l'orgue » Gustav Leonhardt, orgue Prod. : Ina, 1991, 15 min) ; Bach : Cantate BWV 106 « Actus Tragicus » (Leonhardt Consort, Collegium Vocale de Gand, dir. : Gustav Leonhardt. Avec René Jacobs, Marius van Altena.)
Écrits
L'Art de la fugue, dernière œuvre de Bach pour le clavecin (1952), trad. Jacques Drillon (Van de Velde, 1985)
« Sur L'Art de la fugue », texte d'accompagnement de l'enregistrement vinyle de L'Art de la fugue, Deutsche Harmonia Mundi, 1969.
« Glanz des alten Klavierklanges », texte d’accompagnement de l'enregistrement vinyle du récital « Gustav Leonhardt an historischen Cembali », Deutsche Harmonia Mundi, 1969.
« In Praise of Flemish Two-manual Harpsichord », in Keyboard instruments, éd. Edwin Ripin et all., Edinburgh University Press, 1971.
« Preface », in The Amsterdam Harpsichord Tutor, éd. Kees Rosenhart Amsterdam, Muziekuitgeverij Saul B. Groen, 1977.
Het huis Bartolotti en zijn bewoners [La Maison Bartolotti et ses habitants], Amsterdam, Meulenhoff, 1979.
« Introduction », in Early Music, vol. 7, No. 4, Keyboard Issue 1, oct. 1979.
« Points d’interrogation dans Froberger », in Hommage à F.L. Tagliavini (Patrone Editore, Bologna, 1995), publié dans Symphonia (Paris), trad. Dennis Collins.
« Préface », in Le mouvement en musique baroque, éd. Hervé Lacombe, Metz, Ed. Serpenoise, 1996.
Amsterdams Onvoltooid Verleden [Le passé inachevé d’Amsterdam], Architectura & Natura P., .
« Préface », in Michel Verschaeve, Le traité de chant et de mise en scène baroques, Bourg-la-Reine, Zurfluh, 1997.
Collection
Gustav Leonhardt résidait dans le Huis Bartolotti(de) (c.1617), maison des canaux historique au Herengracht à Amsterdam. En parallèle avec ses activités de musicien, il était collectionneur des arts décoratifs, des tableaux et gravures et des instruments de musique. En , sa collection de presque 300 lots était vendue aux enchères par Sotheby’s[9] et ses instruments étaient vendus à quelques anciens élèves, dont Skip Sempé (copie du Vaudry et le « Lefebvre, 1755 » par Skowroneck)[10] et Pierre Hantaï (copie du Mietke par William Dowd Paris 1984 / Bruce Kennedy 1994[11]).
Instruments joués
Il est intéressant de retrouver, d'enregistrement en enregistrement, les mêmes instruments.
Clavecins
Gustav Leonhardt possède chez lui une collection d'instruments[1],[12],[13]. « Douze, quinze, pas plus. J’ai aussi fait des échanges ; je gardais les meilleurs : 7 clavecins de factures et d'écoles diverses dont un seul ancien, un virginal, un clavicorde, un orgue Ch. Muller 1730 (jusqu'en 1998, un autre orgue de Ch. Muller disparu dans un incendie lors de sa restauration et divers instruments variés très nombreux : violes, violoncelles, violons (un Jakobus Stainer de 1676 à Marie Leonhardt), diverses flûtes anciennes... »[14]
Martin Skowroneck, Brème 1984 (Suites anglaises 2 divers récitals Philips et DHM) — Leonhardt et Skowroneck ont longtemps fait passer cet instrument pour un ancien clavecin fait à Rouen en 1755 par un facteur fictif, Nicolas Lefebvre, pour prouver aux spécialistes qu'il était possible de retourner aux matériaux, méthodes et pratiques du dix-huitième siècle. Cet instrument « ancien » restauré par Skowroneck ne sera pas reconnu comme un faux jusqu'à ce que Skowroneck et Leonhardt dévoilent publiquement leur travail pour la première fois en 2002 dans un article publié dans The Galpin Society Journal[15].
Martin Skowroneck, Brême 1961 d'après des modèles italiens (Froberger-1970/Teldec)
Cornelis et Hubrecht Bom 1987 d'après Giusti (Frescobaldi-1991/Philips)
Flamands
Andreas Ruckers, Anvers 1637 (actuellement au musée de Copenhague) (ancienne collection G. Leonhardt) (DHM, Sony/Seon, Teldec)
Andreas Ruckers, Anvers 1640 (château de Velen [Allemagne] collection Baron von Landsberg-Velen) -(recital virginalistes 1969 et Froberger 1962) (DHM)
Joel Katzman, Amsterdam, 1987 (Fantasia, Pavans and Galliards/Philips ; Récital Bach, Couperin Purcell, Scarlatti/Philips) Le livret Philips contient une photographie
Geert Karman, Amsterdam, 1994 d'après Johannes Ruckers, 1624 (Weckman/Froberger/ Sony)
Martin Skowroneck, Brème 1962 - d'après Jean-Daniel Dulcken (instrument très souvent utilisé durant 15 ans par G. Leonhardt, actuellement chez Glenn Wilson)
Orgue Hagerbeer de la Nieuwe Kerk à Amsterdam (1635-1640) (G. Leonhardt : titulaire) (DHM Teldec et Sony/Seon)
2 cabinets d'orgues Christian Muller à Amsterdam (c. 1730) (J. Kuhnau) (collection G. Leonhardt). L'un d'eux, détruit dans un incendie chez le facteur d'orgue en 1998)(Teldec)
Orgue de l'Oude Kerk à Amsterdam (Teldec, DHM, Sony/Seon)
Orgue de la Waalse Kerk à Amsterdam (Teldec, DHM, Sony/seon) G. Leonhardt a été titulaire de l'orgue.
↑ a et b(Leonhardt 1999), entretien avec G. Leonhardt sur J.-S. Bach. Il dit, au sujet de sa rencontre exceptionnelle avec Straub :« … enfin un réalisateur qui avait la même approche de Bach et le même respect que moi. »
↑ ab et cRenaud Machart, « Gustav Leonhardt rejoint Bach au paradis » (avec une vidéo de son dernier concert), lemonde.fr, 18 janvier 2012. (Lire en ligne).
↑Jacques Drillon, « Gustav Leonhardt met fin à sa carrière », nouvelobs.com, 13 décembre 2011. (Lire en ligne).
↑Louis Couperin, « Déclaration de G. Leonhardt lors de la remise du prix Érasme en 1980 », sur www.clavecin-en-france.org. (Lire en ligne).
↑(nl) « Koningin reikt Eremedaille in de Huisorde van Oranje uit aan Gustav Leonhardt, 22 mei 2009 » (Remise de la médaille d'honneur d'Orange par la Reine à G. Leonhardt, 22 mai 2009). (Lire en ligne).
↑Martin Skowroneck et Tilman Skowroneck, « 'The Harpsichord of Nicholas Lefebvre 1755' the Story of a Forgery without Intent to Defraud », The Galpin Society Journal, vol. 55, , p. 4–161 (ISSN0072-0127, DOI10.2307/4149034, lire en ligne, consulté le )