Jean († 1487), l'aîné qui continua les barons de Bonnétable et d'Olonde ; et le cadet, Jacques Ier d'Harcourt, baron de Beuvron et de Beaufou († 1487), marié en 1457 à Marie, fille de Jean IV de Ferrières (branche française). Ils eurent entre autres :
cadets (fin XVe siècle-1re moitié du XVIe siècle) : Jacques de la Motte-Cesny/Cerny ; Jean de Fontaine-Henri : sa femme Jeanne de St-Germain lui apporta Rânes et Annebecq ; Gabriel, fils naturel, fut souche d'une branche bâtarde dite de Tilly ; et l'aîné :
Charles d'Harcourt, baron de Beuvron et Beaufou, marié v. 1497 à Jacqueline de Vierville, dame de Creully, d'où :
François Ier d'Harcourt († 1558), baron de Beuvron et de Beaufou, vicomte de Caen, x 1516 Françoise de Gaillon, dame de Macy et Croisy, dont :
Guy d'Harcourt († 1567 ; fils puîné, mais l'aîné Louis, baron de Macy, mourut prédécédé dès 1553 ; deux frères davantage cadets furent autre Jacques de la Motte-Cerny, et Jean de Croissy), baron de Beuvron, époux en 1546 de Marie de St-Germain(cf. Société des Antiquaires de Normandie, t. X, 1836, p. 151). Guy et Marie enfantèrent de nombreux enfants, dont : Charles, fils puîné, abbé de Mondaye, et :
cadets : Louis, marquis de Thury (1626-1719) ; Charles, comte de Beuvron († 1688) ; Catherine-Henriette (v. 1622-1701), x 1659 Louis, duc d'Arpajon : Parents de Catherine-Françoise d'Arpajon (1661-1716) qui convola en 1689 avec François III de La Rochefoucauld-Roye, comte de Roucy ; et l'aîné :
le marquis François III (1627-1705), lieutenant général au gouvernement de la Haute-Normandie, x 1° 1648 Catherine Le Tellier de Tourneville (v. 1628-1659 ; fille d'un riche financier, receveur général des Gabelles de Rouen), et 2° 1677 Angélique Fabert (1649-1730), dont entre autres enfants :
(du 1°) Odet (1658-1692), abbé de Moutiers (Moutiers ?) ; (du 2°) Louis-François (1677-1714), comte de Sézanne, x Marie-Catherine-Louise de Nesmond ; (du 2°) Henriette (1679-1714), x 1708 Louis-Marie-Victor, comte de Béthune et de Selles († 1744), arrière-petit-fils de Philippe de Béthune ; (du 2°) Catherine-Angélique († 1718), x Louis de Talaru, marquis de Chalmazel († 1763) ; et l'aîné :
(du 1°) notre maréchal-duc Henri d'Harcourt (1654-1718).
En , sur la démission du marquis de Sourches, il est nommé colonel d’un régiment d'infanterie, qui devient régiment d'Harcourt (commission du )[6]. Il va rejoindre ce régiment en Flandre, où il finit la campagne. En 1675, il sert en Allemagne[6].
En 1678, sur la démission de son père, il est fait lieutenant général au gouvernement de la Haute-Normandie (provisions données à Saint-Germain-en-Laye le [7]). Le , sous le maréchal de Créquy, il se distingue à Rheinfelden, où le comte de Starhemberg est défait. Il se signale au passage de la Kinzig et au siège de Kehl, place emportée l’épée à la main[7]. On le nomme alors inspecteur général de l’infanterie, par ordre du [7].
En , il retourne à son commandement[8]. À Ourteville, le [9], apprenant que les ennemis — 18 000 hommes des troupes de Neuburg et de Cologne — ont détaché 4 000 hommes sans bagages pour le surprendre, il marche contre eux. Les deux corps n’étant séparés que par un ruisseau, les ennemis forment 30 escadrons, et leurs dragons mettent pied à terre pour profiter de l’avantage des haies en escarmouchant. D'Harcourt, à la tête d’un corps de cavalerie, les charge et les rompt. La plus grande partie des dragons ennemis abandonnent leurs chevaux, et prennent la fuite : 800 d'entre eux sont néanmoins faits prisonniers. Dans la longue poursuite qui s'engage, plus de 300 autres sont tués[8], dont leur commandant et deux mestres de camp. Le comte de Welen, qui commande les troupes de Neuburg, est pris avec 150 de ses soldats ou officiers[9].
En , chargé de faire le siège de Rheinfelden et de Saint-Ghenner, le comte de Taliari est blessé. D'Harcourt prend le commandement[N 3]. Il assure la retraite de l’armée qui vient d'assiéger Rheinfelden. Commandés par le landgrave de Hesse-Cassel, les ennemis, bien qu’en nombre supérieur, n'interviennent pas[9].
Lieutenant général des armées du roi
En , d'Harcourt est créé lieutenant général des armées du roi[N 4]. En , à la mort du marquis de Maulévrier, il obtient le gouvernement de Tournai[N 5]. Le , il investit la ville de Huy, qui capitule le 22. Le 29, joignant avec ses troupes le maréchal de Luxembourg, d'Harcourt contribue en bonne partie à la victoire de Neerwinden[9],[1]. En 1694, il commande l’armée de la Moselle sous le maréchal de Boufflers[N 6]. En 1695, il a le même commandement[N 7]. En , il se voit confier l’armée qui doit passer en Angleterre pour rétablir Jacques II[N 8]. Ce projet reste sans lendemain[11]. En , d'Harcourt vient commander sur la Moselle (pouvoir du [10]), puis à Luxembourg pendant l’hiver. En , il commande à nouveau l’armée de la Moselle (pouvoir du [10]).
Trois ans plus tard, en 1700, il demande à revenir en France. Il est remplacé par le marquis de Blécourt[13]. On apprend bientôt que le roi d'Espagne Charles II est mourant[14]. Il n'a pas d'enfant, ce qui pose un problème de succession exacerbant les tensions entre les puissances européennes. Le , on confie à d'Harcourt le commandement de l’armée qui doit s’assembler à la frontière espagnole (pouvoir du [10]). Deux jours plus tard, il reçoit le commandement en Guyenne, au pays de Foix, en Navarre et en Béarn (commission du ). Il part pour Bayonne le , avec pour mission préliminaire de prendre les places du Guipuscoa[14]. Mais tout s'arrête : le , Charles II meurt, laissant un testament où il désigne comme son successeur le duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV[15].
Le messager devant informer le roi de France de cette volonté fait halte à Bayonne. Comme il est malade, d'Harcourt le remplace par un de ses propres messagers, s'attribuant ainsi l'avantage d'annoncer la nouvelle[16]. Le , Louis XIV accepte les dispositions du testament. Le duc d'Anjou devient roi d'Espagne sous le nom de Philippe V. Le lendemain, d'Harcourt, qui n'est en rien intervenu dans la décision de Charles II[N 9], est déclaré duc héréditaire[18]. Le marquisat de Thury (qu'il a acheté à son cousin homonyme, Henri d'Harcourt) est érigé en duché sous le nom d'Harcourt[1],[N 10]. Le nouveau duc est nommé une nouvelle fois ambassadeur en Espagne[18].
Le naît son fils Anne Pierre[1]. En , le mauvais état de santé du duc d'Harcourt l’oblige à revenir en France[19]. En , il refuse de partir commander en Italie[20], car, très en faveur auprès de madame de Maintenon. Si l'on en croit Saint-Simon, François III, le père du duc d'Harcourt, « avait autrefois été plus que bien avec madame Scarron », future madame de Maintenon. Celle-ci, par ailleurs, ne compte qu'un ministre « à elle » sur les quatre qui siègent au Conseil d'en haut : Chamillart. Elle aimerait en compter un de plus, « et voulait donc y faire entrer Harcourt »[21]. Il a de fréquents entretiens particuliers avec le roi, et bon espoir de devenir ministre[22]. Mais son mépris affiché pour les ministres en place déplaît à Louis XIV, qui lui ferme « la porte du Conseil déjà entrouverte[23]. »
En 1710, il commande l’armée d’Allemagne[N 15]. En , il obtient la lieutenance générale au gouvernement de la Franche-Comté[N 16], vacante par la mort du marquis de Renty. Il commande l’armée de Flandre[N 17]. En 1711, commandant l’armée du Rhin avec le maréchal de Bezons[N 18], il tire des contributions des bailliages de Spire, de Landau et de Germersheim. En 1712, il commande la même armée, conjointement avec le même maréchal[N 19]. En , il se démet de la lieutenance générale de la Franche-Comté en faveur de son fils aîné François[26]. En 1715, il est désigné par Louis XIV pour être gouverneur du futur Louis XV en cas de décès du maréchal de Villeroy[28]. Le , il est nommé conseiller au conseil de Régence[26].
Il entreprend l'agrandissement de son château de Thury-Harcourt. Inachevés à son décès, les travaux sont poursuivis par sa veuve.
Henri d'Harcourt épouse le Marie Anne Claude Brulart de Genlis, fille et unique héritière de Claude Charles Brulart, marquis de Genlis, comte de Sézanne, baron de Béthencourt, colonel du régiment d'Artois, et d'Angélique de Fabert. Elle devient en 1739 dame de Pisy. Elle était la petite-fille d'Abraham Fabert, marquis d'Esternay, maréchal de France en 1658. Elle meurt à Paris, paroisse Saint Sulpice, le , à 82 ans[30].
De cette union, sont issus :
Charlotte Henriette d'Harcourt, religieuse, supérieure de la Visitation de Bayeux (1688-1760) ;
François d'Harcourt, 2e duc d'Harcourt (1718), maréchal de France (1689-1750), marié en 1716 avec Marguerite Louise Sophie de Neufville de Villeroy, morte sans postérité en 1716 , puis en 1717, avec Marie-Madeleine Le Tellier de Louvois, morte à Paris le [31]. Du second mariage, sont issus 3 filles et un fils, mort jeune avant son père.
Louis Abraham d'Harcourt, 3e duc d'Harcourt (pendant trois mois seulement, après la mort de son frère), prêtre, doyen du chapitre de la cathédrale Notre-Dame de Paris, commandeur de l'Ordre du Saint Esprit (1694-1750). À sa mort, le , il a pour successeur, comme 4e duc d'Harcourt, son frère, Anne Pierre d'Harcourt ;
Claude Lydie d'Harcourt (1696-1750), mariée en 1720 avec Gabriel René de Mailloc, marquis de Mailloc, seigneur du Champ de Bataille, mort sans postérité en 1724 ;
Louise Angélique d'Harcourt, religieuse, supérieure des religieuses de la Visitation de Bayeux, comme sa sœur aînée (1699-1762) ;
Anne Pierre d'Harcourt, 4e duc d'Harcourt (1750), maréchal de France (1701-1783), marié en 1725 avec Thérèse Eulalie de Beaupoil de Saint Aulaire, fille unique de Louis de Beaupoil, marquis de Saint Aulaire, maréchal des camps et armées du Roi, colonel du régiment d'Enghien Infanterie, et de Marie Thérèse de Lambert. Elle meurt en 1739. Dont postérité (ducs d'Harcourt aux XVIIIe, XIXe, XXe et XXIe siècles) ;
Henri Claude, comte d'Harcourt (1704-1769), seigneur de Cheverny, lieutenant général des armées du Roi, lieutenant général au gouvernement de l'Orléanais pour le département du Blésois , marié en 1742 avec Marie-Madeleine Thibert des Martrais. Sans postérité[N 20].
« Harcourt, avec les manières les plus polies, les plus affables, les plus engageantes, les plus ouvertes, était l'homme du monde le plus haut, le plus indifférent excepté à sa fortune […] Il avait beaucoup d'esprit, juste, étendu, aisé à se retourner et à prendre toutes sortes de formes, surtout séduisant, avec beaucoup de grâces dans l'esprit […] Personne n'était de meilleure compagnie : ployant, doux, accessible, facile à se faire tout à tous, et par là s'était fait extrêmement aimer partout et s'était fait une réputation […] Droit et franc quand rien ne l'en détournait ; au moindre besoin, la fausseté même et la plus profonde, et toujours plein de vues pour soi, et de desseins personnels […] En tout, un homme très capable, très lumineux, très sensé ; un bel esprit net, vaste, judicieux, mais avare, intéressé, rapportant tout à soi, fidèle uniquement à soi, d'une probité beaucoup plus qu'équivoque, et radicalement corrompu par l'ambition la plus effrénée. Il était l'homme de la cour le plus propre à devenir le principal personnage, le plus adroit en détours, le plus fertile en souterrains et en manèges […] Il était assez supérieur à lui-même pour sentir ce qui lui manquait du côté de la guerre, quoiqu'il en eût des parties ; mais les grandes, il n'y atteignait pas […] Il était gros, point grand, et d'une laideur particulière et qui surprenait, mais avec des yeux si vifs et un regard si perçant, si haut, et pourtant si doux, et toute une physionomie qui pétillait d'esprit et de grâces, qu'à peine le trouvait-on laid[32]. »
↑« Harcourt laissait croire tant qu'il pouvait que le testament était son ouvrage, dont il n'avait jamais su un mot que par l'ouverture de la dépêche du roi à Bayonne… »[17]. Ce sont des seigneurs espagnols et le cardinal Portocarrero qui, dans le plus grand secret, ont fait pression sur Charles II pour obtenir ce choix.
↑Jean-Baptiste Pigalle sculpte son tombeau à la cathédrale Notre-Dame à Paris, dans la chapelle Saint-Guillaume : le comte, dont le corps décharné est rendu avec grand réalisme, appelle sa femme afin qu'elle le rejoigne dans la tombe.
Raymond de Bérenger, Précis sur la vie d'Henri Ier, duc d'Harcourt, Grenoble, Allier frères, , 40 p..
Célestin Hippeau, Avènement des Bourbons au trône d'Espagne. Correspondance inédite du marquis d'Harcourt, ambassadeur de France auprès des rois Charles II et Philippe V, Paris, Didier, , 2 vol. (lire en ligne).
Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne. 1519-1790. Dictionnaire prosographique, généalogique, chronologique, topographique et heuristique, Paris, Maisonneuve et Larose, (ISBN2-7068-1219-2), p. 647-649.
Georges Martin, Histoire et généalogie de la Maison d'Harcourt, Lyon, .
Pinard, « De Harcourt (Henri de Harcourt, duc) », dans Chronologie historique militaire. III : Suite des maréchaux de France, les grands maîtres de l'artillerie, les colonels généraux, Paris, Claude Hérissant, (lire en ligne), p. 161-166.
Hyacinthe Robillard d'Avrigny, Mémoires pour servir a l'histoire universelle de l'Europe. Depuis 1600 jusqu'en 1716, Paris, veuve Raymond Mazieres et Jean-Baptiste Garnier, , 4 vol.
(de) « Harcourt, Heinrich, Herzog von H. », dans Neues Conversations-Lexikon für alle Stände, Hildburghausen, Bibliographisches Institut, (lire en ligne), tome 8, p. 394.
Saint-Simon, Mémoires, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 77), , 1706 p. (édition établie par Yves Coirault)