Opposant de toujours à la guerre contre les États-Unis, Suzuki devient premier ministre quand Kuniaki Koiso démissionne à la suite de l'offensive alliée de la bataille d'Okinawa.
Favorable à la reddition du Japon du fait de la situation militaire désastreuse de l'Empire, Suzuki ne peut cependant se permettre d'accepter ouvertement l'ultimatum lancé par les Alliés à l'issue de la conférence de Potsdam, en raison du poids persistant des bellicistes dans l'Armée japonaise[1]. Le , face aux questions des journalistes lors d'une conférence de presse, il emploie le terme "Mokusatsu" (pouvant être traduit, selon le contexte, par « Je traite cela par le mépris », « Pas de commentaires » ou « J'en prends note »[2].) pour définir l'attitude de son gouvernement face à l'ultimatum allié.
Selon certains auteurs, ce terme ambigu pouvait être interprété comme un simple refus d'aborder ouvertement la question de la capitulation inconditionnelle, afin d'apaiser les militaires japonais : l'administration américaine traduit cependant cette expression comme un net rejet de l'ultimatum[3]. Cette interprétation des propos de Suzuki, conjuguée à l'absence d'offre de négociation de la part de l'empire du Japon, sont parmi les facteurs qui mènent aux bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki.