Ses successeurs gagnèrent vite une large indépendance par rapport aux Seldjoukides et entrèrent en conflit avec ceux-ci à propos de la domination sur le Khorassan. Après la défaite du royaume seldjoukide oriental contre les Kara-Khitans à la bataille de Qatwan(en), le , le Khwarezm devint un État vassal de ces derniers.
Ala ad-Din Tekish (1172 – 1200) arriva certes au pouvoir au Khwarezm avec l’aide des Kara-Khitans, mais put rapidement se débarrasser de leur tutelle. Sous son règne, en 1187, le Khorassan fut conquis et, en 1194, le dernier sultan seldjoukide fut déposé et la Perse conquise. Sous Ala ad-Din Muhammad (1200 – 1220), le royaume atteignit son extension maximale car les Qarakhanides de Transoxiane (1212) et les Ghorides du Khorassan (1215) avaient été renversés.
La montée rapide du Khwarezm au rang de grande puissance ne put se faire que par l’alliance de la dynastie avec les Kiptchak et les Oghouzes. Mais les campagnes et les razzias de ces derniers eurent des conséquences dévastatrices pour l’agriculture en Asie centrale et en Iran car, à côté des destructions liées aux guerres, beaucoup de champs furent transformés en pâturages pour les troupeaux des Kiptchak nomades.
La prospérité du royaume fut de toute façon de courte durée. En 1219, le gouverneur khwarezmien d’Otrar sur le Syr-Daria, fit piller une caravane et assassiner les marchands et les diplomates envoyés par Gengis Khan, qui désirait entretenir des relations commerciales pacifiques avec l'empire khworezmien. Les ambassadeurs envoyés par celui-ci pour demander des explications au Shah lui-même étaient au nombre de trois, l'un fut massacré, les deux autres furent rasés et humiliés avant d'être renvoyés auprès du Khan. Cette offense déclencha une répression terrible de la part de Genghis Khan, qui avait horreur du non-respect de la parole donnée[5].
En 1220, les Mongols conquirent l’Asie centrale, dont les grandes villes comme Samarcande, Boukhara, Merv et Nishapur subirent de sévères destructions. Ala ad-Din Muhammad mourut en 1220 en fuyant, sa mère Terken Khatoun et le reste de la famille royale furent emmenés captifs tandis que son fils Jalal ad-Din continuait depuis l’Azerbaïdjan la résistance contre les Mongols. Mais, à cause de ses razzias, il fut vaincu en 1230 par une coalition des Seldjoukides de Roum et des Ayyoubides. Avec l’assassinat de Jalal ad-Din en 1231, la dynastie des Khwârazm-Shahs prit fin. L'armée du dernier souverain se disloqua et plusieurs milliers de ses soldats offrirent leurs services aux Ayyoubides, débutant ainsi la tradition militaire des sultanats égyptiens de recrutement de mercenaires étrangers au sein de la wāfidiyya [6].
↑(en) Kathryn Babayan, Mystics, monarchs, and messiahs: cultural landscapes of early modern Iran, (Harvard Center for Middle Eastern Studies, 2003), 14.
↑(en) Bobodzhan Gafurovich Gafurov, Central Asia:Pre-Historic to Pre-Modern Times, Vol.2, (Shipra Publications, 1989), 359.
↑Peter Turchin, Jonathan M. Adams et Thomas D Hall, « East-West Orientation of Historical Empires », Journal of World-systems Research, vol. 12, no 2, , p. 222 (ISSN1076-156X, lire en ligne, consulté le ).
↑Genghis Khan, conquérant du monde, René Grousset.
↑Ayalon, David (1951). « The Wafidiya in the Mamluk Kingdom ». Islamic Culture. In Studies on the Mamluks of Egypt (1250-1517), Variorum Reprints, Londres, 1977, pp. 89-104