Bellini compose La sonnambula en seulement deux mois, pendant son séjour à Moltrasio, dans la villa des comtes Lucini Passalacqua, près de la résidence de Giuditta Turina, une jeune femme avec laquelle il entretenait une relation sentimentale.
Dès la première, elle obtient un grand succès. Dans les mois et les années qui suivent, elle est représentée dans les principaux théâtres italiens et étrangers. Outre New York et Paris, elle est mise en scène à Drury Lane à Londres avec Maria Malibran dans le rôle-titre, dans une version partiellement traduite en anglais.
Dans un premier temps, le duc Litta de Milan avait commandé à Bellini un opéra tiré d’Hernani de Victor Hugo (mis plus tard en musique par Verdi). L'opposition de la censure autrichienne poussa le musicien à abandonner le projet original et à choisir, sur la suggestion de Romani, un sujet plus innocent, à caractère pastoral et idyllique. Une partie de la musique déjà composée pour Hernani fut cependant « recyclée » dans la Sonnambula, mais également par la suite dans Norma.
Avec le concours de Bellini, Romani apporte de nombreuses modifications au texte de Scribe. En particulier, du livret déjà terminé, Bellini élimine l'agnation conclusive, qui veut que le comte Rodolfo se révèle être le père naturel d'Amina.
Analyse musicale
Le thème de l'amour tendre et contrasté entre Amina et Elvino offre à Bellini l'occasion d'exalter sa veine lyrique : la typique longueur de l'arc mélodique se conjugue ici de manière naturelle avec le sujet, dans un mouvement languide et divagant, pendant que l'orchestre se contente d'accompagner la voix avec une admirable simplicité. L'œuvre culmine dans l'un des airs pour soprano les plus sublimes, à savoir le célèbre Ah, non credea mirarti, que le personnage d'Amina chante dans une scène de somnambulisme.
La scène représente un village suisse à une époque imprécise.
Acte I
Premier tableau : le village. Au fond du théâtre, se dresse le moulin de Teresa ; un torrent en fait tourner la roue.
On fête les noces d'Elvino et Amina, une orpheline élevée par Teresa. La seule à être mécontente est l'aubergiste Lisa : elle est elle aussi amoureuse du jeune rentier et refuse les avances d'Alessio, un autre jeune du village.
Arrive un gentilhomme qui semble bien connaître les lieux mais que personne parmi les villageois ne reconnaît. Il s'agit du comte Rodolfo, fils du défunt seigneur du château. Il s'installe à l'auberge de Lisa et adresse quelques compliments à Amina, lui disant que son visage lui rappelle celui d'une dame qu'il avait connue bien des années auparavant. Avant de le saluer, les villageois l'avertissent que le village est hanté par la sinistre présence d'un fantôme, mais l'homme, cultivé, prend leurs paroles pour de la pure superstition. Entretemps, les flatteries du comte ont excité la jalousie d'Elvino qui, resté seul avec elle, réprimande sa future épouse.
Deuxième tableau : une chambre à l'auberge. De face, une fenêtre, sur un côté, la porte d'entrée ; de l'autre un cabinet de toilette ; on aperçoit un sofa et un guéridon.
Dans sa chambre, Rodolfo est occupé à courtiser Lisa. On entend des pas, elle s'enfuit précipitamment mais reconnaît Amina qui, en état de somnambulisme, se rend dans la chambre du comte. La somnambule s'adresse affectueusement au gentilhomme, comme s'il s'agissait de son futur époux, décrivant d'un air extasié la prochaine cérémonie de son mariage, et lui demande enfin de l'embrasser. Rodolfo ne sait que faire : profiter de la situation, ou bien réveiller la somnambule ? Finalement, il quitte la chambre.
Quand un groupe de villageois surgit dans l'auberge pour saluer le comte dont ils ont finalement découvert l'identité, ils surprennent la jeune Amina étendue sur le divan. La confusion est à son comble. Elvino, bouleversé, rompt les fiançailles, pendant que la jeune fille se réveillant, inconsciente de ce qui est arrivé, ne peut trouver les mots pour se justifier.
Acte II
Premier tableau : une vallée ombragée entre le village et le château.
Pendant qu'un groupe de villageois se rend auprès du comte pour le convaincre de prendre la défense d'Amina, cette dernière espère trouver un peu de consolation et d'affection auprès de sa mère. Elle tombe sur Elvino. Celui-ci, déchiré par les événements, lui rappelle qu'elle a fait de lui le plus malheureux des hommes et lui arrache l'anneau de fiançailles.
Second tableau : le village du premier acte. Au fond du théâtre se dresse le moulin de Teresa ; un torrent en fait tourner la roue.
En vain, le comte Rodolfo tente d'expliquer aux villageois ce qu'est le somnambulisme et de faire revenir Elvino sur sa position. Le jeune homme, par dépit, a décidé d'épouser l'aubergiste Lisa. Le village est donc à nouveau en liesse à l'idée d'une possible cérémonie nuptiale mais quand Lisa et Elvino passent devant le moulin de Teresa, celle-ci accuse Lisa d'avoir commis la même faute qu'Amina, en amenant comme preuve un mouchoir appartenant à l'aubergiste et trouvé dans la chambre du comte Rodolfo.
Elvino se sent à nouveau trahi quand, à la stupeur générale, on voit Amina marcher en état de somnambulisme sur la corniche du toit de la maison. C'est la preuve que le comte Rodolfo avait raison. Contemplant les fleurs fanées qu'Elvino lui avait données la veille, la somnambule chante son amour malheureux (Ah! non credea mirarti), écoutée par tous, et quand elle se réveille, elle peut finalement embrasser à nouveau son aimé. Le village, de nouveau en liesse, se prépare pour les noces tant espérées.