Le Crapouillot est un périodique satirique français fondé en août 1915 et disparu en 2017.
Il s'agit au départ d'un journal de tranchées lancé par Jean Galtier-Boissière qui en assure la direction jusqu'en 1965, devenant tour à tour un mensuel artistique et littéraire, puis un bimestriel politique et satirique, à prétention scandaleuse et polémiste.
Après une interruption en octobre 1996, une nouvelle série voit le jour en mai 2016 pour s'interrompre en février 2017.
Origine du titre
Le mot « crapouillot », qui signifie littéralement « petit crapaud », désigne, dans le vocabulaire des poilus, un mortier de tranchée français et par extension ses munitions, les torpilles d'artillerie.
Historique du support
De 1915 à 1939
L'histoire de la revue, née dans les tranchées en et nommée Le Crapouillot, ne peut pas être dissociée du nom de son fondateur Jean Galtier-Boissière.
Le premier numéro, sorti en avec comme sous-titre « gazette poilue — feuille de guerre », donne le ton avec comme manchette : « courage les civils ! ».
Le caporal Jean Galtier-Boissière a pour relais son père, médecin resté à l'arrière du front, pour tout ce qui concerne l'édition. Le ton du Crapouillot tranche avec la plupart des autres journaux de tranchées qui sont plus destinés à distraire les soldats qu'à dépeindre la réalité de la guerre. L'un des premiers illustrateurs, outre Galtier-Boissière lui-même, est Guy Arnoux.
L'humour n'est pas négligé, l'ironie pointe à chaque page. Certains numéros sont caviardés par la censure. La paix revenue, le numéro de annonce, sous le dessin d'un buste de poilu : « Et maintenant au travail ».
Les collaborateurs de la revue couvrent les événements des arts, lettres, spectacles (dont le cirque, le cinéma). Les engagements politiques des amis de Jean Galtier-Boissière vont du communiste engagé Jean Bernier, au maurrassienLucien Farnoux-Reynaud, en passant par l'inclassable Lucien Mainssieux[réf. nécessaire].
Certains collaborateurs et Galtier-Boissière lui-même, sont souvent très féroces dans leurs comptes rendus, leurs critiques et leurs articles. La revue est résolument un reflet de l'opinion des auteurs. Cela valut un peu plus d'une quarantaine de procès intentés au Crapouillot, en un peu plus de quarante ans de diffusion, sous la direction de Galtier-Boissière.
À partir de , Le Crapouillot cesse d'être une revue artistique et littéraire, et ne fait plus paraître que des numéros spéciaux bimestriels à caractère politico-satirique ayant par exemple pour thème : « La guerre inconnue », « Histoire de la IIIe République », « Les deux cents familles », « Vraie et fausse noblesse », « Les fusillés pour l'exemple » (), « Hitler, est-ce la Guerre ? », « Expéditions coloniales : leurs dessous, leurs atrocités » (). Le ton est résolument ancré plus à droite, et beaucoup moins neutre que dans les années 1920.
Après guerre, Jean Galtier-Boissière décide de relancer le titre en 1948 et de redémarrer la numérotation.
Le Crapouillot ne revient pas directement à sa vocation première, les arts et lettres, mais les édite dans un supplément, Le Petit Crapouillot (206 numéros). La revue principale, elle, prend la forme de dossiers à prétention sérieuse comme l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, de sujets plus légers comme la sexualité mais aussi de ses contemporains et leurs travers. Le ton est féroce contre les élites de la IVe puis de la Ve République. Parmi les signataires, on trouve d'anciennes personnalités condamnées au moment de l'épuration (1945-1947).
Ce ton n'est pas abandonné après 1967 et les sujets traités sont de plus en plus orientés politiquement très à droite. Beaucoup d'articles prennent la forme de « scandales dénoncés ». Le monde politique est attaqué, les accusations sont nombreuses. Les équipes dirigeantes de droite, et même désormais d'extrême droite (le journal est vendu au cofondateur du FN Roland Gaucher- en 1991, puis à Minute), se succèdent à la tête de la revue. Les dossiers du Crapouillot dérivent vers le « tous pourris ! » et l'anti-système, et le journal réalise de nombreux dossiers sur des sujets tels que la franc-maçonnerie, les sectes ou encore l'homosexualité.
La situation financière du journal a souvent approché la faillite jusqu'à la liquidation du titre en 1996[réf. nécessaire].
Le dernier numéro est le no 126, qui porte sur Les profanateurs et montre en couverture une cérémonie sataniste sur une tombe, réalisée par un homme au visage partiellement caché, identifié comme le journaliste proche de l'extrême droite et spécialiste du satanisme Jean-Paul Bourre[1].