Louis Théodore Kleinmann alias « Kayser » ou « Capitaine Kayser » (né le à Brumath (Bas-Rhin), mort le à Strasbourg (Bas-Rhin) est un officier français spécialiste du renseignement[1]. Il est surnommé « père de la ville de Mayence ».
Il est ensuite nommé lieutenant le à l'ouvrage du Hackenberg, le plus important de tous les ouvrages de la ligne Maginot. Il étudie l’allemand au « Centre d'Études Germaniques de Strasbourg » en -. Le il est affecté au bureau régional d'études (BRE) à Metz (Moselle)[3].
Seconde Guerre mondiale
En 25janvier 1939, il est nommé capitaine. Le 2septembre 1939, il est muté au secrétariat à la Guerre comme chef de poste de renseignement. Après l'armistice, il s'installe à Lyon où il dirige l'antenne Uranus du poste 4 du réseau Kléber des Forces françaises combattantes (FFC). Sous le pseudonyme de « Capitaine Kayser », il ne cesse de se déplacer de Lyon à Lons-le-Saunier (Jura) pour interroger les prisonniers de guerre évadés et les Alsaciens ayant réussi à passer la ligne de démarcation. Il met en place en Alsace une organisation clandestine de renseignement et d'évasion de prisonniers de guerre. L'abbé Charles Venner est responsable du secteur de Mulhouse (Haut-Rhin) et Robert Borocco du secteur de Colmar (Haut-Rhin)[3]. Grâce à Jean-Marie Bressand, directeur du cinéma « Le Casino » « Direktor von SoldatenKino Casino » de Besançon, il dispose d'une source très importante dans le secteur du Doubs[4].
À la suite de l'invasion de la zone non occupée par les Allemands en novembre 1942, Louis Kleinmann reçoit l'ordre de rejoindre Nîmes (Gard) puis Perpignan (Pyrénées-orientales). Après son départ, le réseau Kléber-Uranus est complètement démantelé par les Allemands le 15décembre 1942[3].
Il est affecté à la mission militaire pour les affaires allemandes de l’État-Major général de la Défense nationale. Il occupe des postes à responsabilités dans les gouvernements militaires d'occupation, particulièrement à Mayence (Allemagne). Il s'investira plus particulièrement dans la reconstruction de l'université de cette ville[3].
Le lors de la défense du poste de Plei Rinh il est blessé au pied gauche mais garde à sa demande le commandement de son bataillon. Ce jour-là, sa conduite au feu lui vaut la citation à l'ordre de l'armée suivante[5] :
« Magnifique officier supérieur qui, à la tête du 2ème Bataillon de Corée, a montré les plus belles qualités de chef et d'entraineur d'hommes. Le 22 mars à Plei Rinh, les positions du GM 100 ayant été violemment attaquées par un régiment régulier rebelle, a été blessé dès le début de l'engagement. Malgré sa blessure, est resté à son PC sous une pluie de mortiers de feux d'armes automatiques n'acceptant de se faire soigner qu'à l'issue du combat. Son adjoint et son officier de renseignement ayant été également blessés et l'encadrement de son bataillon réduit à sept officiers valides, a refusé de se laisser évacuer, continuant ainsi à assurer son commandement sans aucune interruption, donnant ainsi une preuve magnifique de courage et de sens du devoir. »
Après la chute de Dien Bien Phu, le général Salan donne l'ordre d'évacuer An Khê le . C'est l'opération Églantine pendant laquelle le GM 100 (3 500 hommes) est pris dans une embuscade du Viet Minh (16 000 hommes) sur la route coloniale 19. Le commandant Kleinmann assure l'arrière-garde avec le bataillon II/Corée. Par son habileté, il réussit à sauver 497 hommes sur 834 de son bataillon.
Pour son action lors de cette bataille, Louis Kleinmann est cité une nouvelle fois à l'ordre de l'armée[5] :
« Officier supérieur très courageux et d'une rare énergie, commandant le 2ème bataillon de Corée. Le 24 juin 1954 à 15 km à l'Ouest d'An Khé (Plateaux montagnards du centre Viêt-Nam) a subi une forte attaque rebelle centrée sur le PC du GM 100. Contraint à se replier devant des forces supérieures en nombre, a regroupé son bataillon dans un poste distant de 15 km après une marche épuisante dans une brousse épaisse. Le 28 juin 1954 au cours de la marche sur PLeiku, il repoussait une violente attaque de 2 bataillons menée sur le PC, l'artillerie et le convoi du Groupement. A fait l'admiration de tous, en donnant un magnifique exemple de chef. »
Après avoir dissous son bataillon, le il est nommé au commandement du secteur de Quang Tri au nord de Hué sur le 17e parallèle. Il organise la reconstruction de la région après huit ans de guerre. Il quitte l'Indochine le [5].
Lors du premier marché aux vins de Mayence après la guerre en , la puissance occupante française de l'époque, en coopération avec Louis Kleinmann, met à disposition 100 000 litres de vin. Avec un excédent de 60.000 Reichsmark provenant des recettes du marché du vin de 1946, le Mainzer Verkehrsverein, l'initiateur original du marché du vin de Mainzer, a été rétabli.
Il est ensuite nommé commandant à Pirmasens et travaille pour le Haut-Commissaire adjoint à Bad Godesberg.
« Officier aux belles qualités militaires. Engagé d'abord avec sa compagnie du 15 au 25 novembre 1944, puis avec son bataillon, dont il assurait le commandement à partir de cette date, a participé à toutes les opérations de libération du Sud de l'Alsace dans des conditions particulièrement glorieuses et meurtrières. Après avoir participé au nettoyage du village de Moosch le 19 novembre, a enlevé le 20 novembre le village de Sinsheim, y faisant 130 prisonniers; les 22 et 23 novembre, résiste avec sa compagnie aux attaques de l'ennemi sur l'Ile Napoléon, lui infligeant de lourdes pertes; le 25 novembre, à l'attaque de Heimsbrunn, son commandant de bataillon ayant été tué, le remplace au pied levé et enlève le village en faisant de nombreux prisonniers. Les 28 et 29 novembre, chargé d'attaquer Burnhaupt-le-Bas dans des conditions particulièrement difficiles, réussit le 29 novembre à occuper le village. Au cours de ces opérations, le détachement auquel il appartient a enlevé ou pris d'assaut plus de dix villages, fait plus de 500 prisonniers et pris un important matériel de guerre »
— Journal officiel de la République française du 6 avril 1945
Citoyen d'honneur de l'université de Mayence pour son investissement dans la réouverture de l'université.
Une allée du campus mayençais, le « Colonel-Kleinmann-Weg » porte son nom.
Notes et références
↑« Louis KLEINMANN », sur museedelaresistanceenligne.org, Musée de la résistance 1940-1945 en ligne (consulté le )
↑Charles Béné, L'Alsace dans les griffes nazies (4) : Les communistes alsaciens, la jeunesse alsacienne dans la Résistance française, FeniXX, , 412 p. (ISBN978-2-402-22760-5, lire en ligne)
↑ abcdefg et hEric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), La Résistance des Alsaciens, Paris, Fondation de la Résistance, Département AERI, cop. 2016 (ISBN978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC959964698, lire en ligne)
↑ abcde et fMarc André, « Louis Kleinmann un brumathois en Indochine », Société d'Histoire et d'Archéologie de Brumath et des environs, Editions SHABE, vol. 25, , p. 10 (ISSN1163-7692)
↑Général Koenig, Allocution prononcée par le général Koenig à l'occasion de la réouverture de l' Université de Mayence, Imprimerie nationale (Burda, Offenburg) N° 1120, , 18 p.
Disponible à la consultation à la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg (BNU). Cote : R35SUD-PRET A.114.986.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Eric Le Normand (avec l'aide de Damien Kleinmann), Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Louis Kleinmann », dans Eric Le Normand, La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN978-2-915742-32-9). DVD pédagogique
(de)Friedrich Schütz: Louis Théodore Kleinmann (1907-1979). Französischer Stadtkommandant von Mainz 1945/46: der „Vater der Stadt“, à Ut omnes unum sint – tome 2: Gründungspersönlichkeiten der Johannes Gutenberg-Universität, p. 9-21, Michael Kissener (edit.) / Helmut Mathy (edit.), (ISBN978-3-515-08781-0) extrait sur Google Books
Bernard Fall:"Indochine 1946-1962", R.Laffont, 1962
Marc André: "Louis Kleinmann, un Brumathois en Indochine", Bull. Soc. d'Hist. et d'Arch. de Brumath et environs, No 25, .