En 1936, il collabore avec l'Abwehr[5], le service de renseignement militaire de l'Allemagne nazie et est affecté à Abwehrstelle II Commando VIII, basée à Breslau[6]. Il expliquera plus tard à la police tchèque qu'il l'a fait parce qu'il avait besoin d'argent ; en ces temps, Schindler est en butte à des problèmes d'alcool et est constamment endetté[7]. Ses tâches pour l'Abwehr incluent la collecte d'informations sur les chemins de fer, les installations militaires, les mouvements de troupes, ainsi que le recrutement d'autres espions au sein de la Tchécoslovaquie, en préparation du projet d'invasion du pays par l'Allemagne nazie[8].
Il est arrêté par le gouvernement tchèque pour espionnage le et est immédiatement emprisonné, mais est libéré en tant que prisonnier politique grâce aux accords de Munich. Schindler demande son adhésion au Parti national-socialiste le 1er novembre et celle-ci est acceptée l'année suivante[9].
Après un certain temps à Zwittau, Schindler est promu commandant en second de son unité Abwehr et déménage avec sa femme à Ostrava, à la frontière tchéco-polonaise, en . Il demeure impliqué dans les activités d'espionnage dans les mois qui précédent l'occupation de la Bohême-Moravie par les troupes allemandes en mars. Son épouse Émilie l'aide dans cette activité, en travaillant et cachant des documents secrets dans leur appartement pour le bureau Abwehr[10].
Comme il se rend souvent en Pologne pour affaires, lui et ses 25 agents sont en mesure de recueillir des informations sur les activités des chemins de fer militaires polonais en vue de la prochaine et planifiée invasion de la Pologne[11]. Une mission concerne en particulier son unité pour surveiller et fournir des informations sur la ligne de chemin de fer et le tunnel du col de Jablunkov, considéré comme critique pour le mouvement des troupes allemandes[12]. Le tunnel est capturé intact par la 14e armée le , dans les premières heures de la Seconde Guerre mondiale[13]. Schindler continue à travailler pour l'Abwehr jusqu'à l'automne 1940, quand il est envoyé en Turquie pour enquêter sur la corruption parmi des officiers de l'Abwehr affectés à l'ambassade d'Allemagne[14].
Il fait ensuite fortune en dirigeant la Deutsche Emailwarenfabrik, une usine spécialisée dans la fabrication de batteries de cuisine en émail, située à proximité du camp de concentration de Plaszow, au sud de la ville de Cracovie, et ceci en profitant de ses bonnes relations avec le chef de ce camp nazi Amon Göth, lequel lui fournit la main-d'œuvre parmi les nombreux Juifs internés. Initialement, Schindler est surtout intéressé par le potentiel financier de l'entreprise et engage des Juifs parce qu'ils sont moins chers que les Polonais — les salaires étant fixés par le régime nazi d'occupation[15].
Plus tard, interpellé par leur sort, il prend parti pour eux et, aidé de sa femme Émilie, ainsi que par son ami juif Itzhak Stern et de sa secrétaire Mimi Reinhardt, il sauve ainsi la vie de 1 100 à 1 200[Note 2] d'entre eux en les arrachant aux camps d'extermination nazis et en les amenant à 15 kilomètres au sud de sa ville natale pour les faire travailler dans l'usine d'armement de Brünnlitz intégrée au camp de concentration de Gross-Rosen, aujourd'hui dans Brněnec. Il orchestre alors la faillite de cette nouvelle usine, notamment pour sauver ses travailleurs juifs et ne pas ralentir l'avancée alliée par sa production d'armes. Il se rend également jusqu'à Auschwitz pour récupérer ses ouvrières juives dirigées vers le camp par l'administration nazie. Il joue parfaitement de son charisme, de son savoir-faire pour mener à bien ses actions de sauvetage et il y consacre aussi ses biens personnels.
Il est arrêté trois fois, dont une fois sans mandat, en 1942, pour avoir embrassé l'une de ses ouvrières juives. Cette arrestation concernait également une attitude générale qui tendait vers un certain favoritisme envers la communauté juive. Son emprisonnement ne dure que quelques semaines. La troisième arrestation a lieu quelque temps après l'emprisonnement d'Amon Göth, le commandant du camp de travaux forcés juifs de Plaszow en Pologne, en raison de liens d'affaires liant les deux hommes et de pots-de-vin dans la finalité d'acheter la bonne de Göth pour lui sauver la vie. Ils étaient tous deux membres du parti nazi. Cette dernière arrestation ne dure que huit jours.
Dernières années
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il émigre avec son épouse en Argentine où il devient éleveur de poulets et de ragondins dans la localité d'Haedo, dans la banlieue ouest de Buenos Aires. Ne réussissant pas son entreprise, il revient seul en Allemagne en 1958. Là, il essaie de se relancer dans l'industrie, en ouvrant par exemple une usine de ciment mais échoue encore. Il se tient au courant, après-guerre, de la vie des personnes qu'il a sauvées et reste en contact avec elles.
Plaque commémorative à Hildesheim où Schindler vivait entre 1971 et 1974.
Timbre commémoratif allemand de la Deutsche Post célébrant le centenaire de la naissance d'Oskar Schindler. La phrase indique : « Celui qui sauve une vie sauve l'humanité toute entière. »
Dans ses mémoires posthumes, The Boy on the Wooden Box: How the Impossible Became Possible . . . on Schindler's List, Leon Leyson(en) retrace la façon dont il fut sauvé par Schindler.
↑(en) The Library of Congress« …on July 18, 1967, Yad Vashem decided to recognize Oskar Schindler as one of the Righteous Among the Nations, or ‘righteous Gentiles’, an honor awarded by Israel to non-Jews who saved Jews during the Holocaust at great personal risk ».
(en) David M. Crowe, Oskar Schindler : The Untold Account of His Life, Wartime Activities, and the True Story Behind the List, Cambridge, MA, Westview Press, , 766 p. (ISBN978-0-465-00253-5, lire en ligne).
Erika Rosenberg (trad. Christian Muguet), Emilie Schindler : une héroïne dans l'ombre d'Oskar Schindler, Paris, F. Lanore, coll. « littératures », , 176 p. (ISBN978-2-851-57277-6, OCLC297574474, lire en ligne).