Paphos ou Páfos (en grec : Πάφος / Páfos) est une ville située sur la côte occidentale de Chypre. Capitale du district du même nom, elle est au centre d'une agglomération de près de 70 000 habitants, la troisième de la république de Chypre.
Dans la mythologie
Il existe trois versions sur l'origine du nom de Paphos :
Paphos était une nymphe, fille de Galatée et de Pygmalion, qui fut l’amante d’Apollon. Leur fils, Cinyras, émigra sur l’île de Chypre et en devint le premier roi. Il fonda la cité en la nommant du nom de sa mère ;
Paphos, fils de Céphale et d’Éos, serait lui aussi l’éponyme de la cité ;
Paphos apparaît durant l’âge du bronze récent (1600-1200)[2]. On y construit de vastes ensembles architecturaux, avec des megarons à piliers, des autels en plein air, des tables à offrandes et libations, des ateliers et des réserves, et, dans les environs, des tombes à fosse (tholoi) creusées dans le rocher et précédées d’un couloir qui conduit à l’entrée du tombeau.
Après une longue période de paix prospère, peu avant 1200 avant notre ère, la ville subit de nombreuses destructions. Les habitations s’entourent d’épaisses murailles. On attribue ces destructions aux peuples de la mer dont l’identité est difficile à définir mais que la plupart des auteurs supposent indo-européens[3].
Une cité est fondée par des colons grecs vers 1050 av. J.-C., probablement originaires de la cité de Tégée. À l’âge du fer, Paphos est l’une des dix cités-royaumes de Chypre[4]. Dans l’Antiquité, elle est vouée à la déesse Aphrodite et c’est alors que le nom de Paphos apparaît. Sur le site de Kato Paphos situé à côté du vieux port, avec de nombreux vestiges archéologiques de l’Antiquité grecque dont de magnifiques mosaïques représentant Aphrodite déesse de l'amour et de la beauté, Artémis déesse de la chasse ou Dionysos dieu du Vin, qui sont accessibles au public. Durant plusieurs siècles, Paphos est une cité grecque de l’Empire perse, puis de l'Égypte lagide, et enfin de l'Empire romain qui y construit une agora et un odéon[5].
En 647 puis surtout en 688, les Arabesdevenus musulmans débarquent : l’empereur Justinien II et le califeAbd al-Malik signent un accord sans précédent : pendant les 300 années suivantes, Paphos et l’île entière de Chypre fut dirigée conjointement par les Arabes (sur le plan politique, fiscal et militaire) et par les Byzantins (sur les plans religieux et administratif), malgré les guerres constantes entre les deux parties sur le continent. Le traité prévoyait notamment le partage des revenus entre l’Empire byzantin et l’Empire omeyyade. La période de co-dominion dura jusqu’en 965, quand l’empereur byzantin Nicéphore Phocas reconquit militairement l’île[2]. En 1191 Paphos tomba aux mains des croisés[7] qui la revendirent avec toute l’île à Guy de Lusignan, ainsi couronné roi de Chypre. Les Lusignan régnèrent sur Chypre, sous la tutelle des Génois, jusqu’en lorsque l’île devient officiellement une colonievénitienne[2].
En 1563, les Paphiotes, comme d’autres Chypriotes, se révoltent contre la domination et la fiscalité vénitiennes, avec Jacques Diassorin (Yakovos Diassorinos) comme chef[8]. Les Ottomans en profitent et en 1571, Paphos, désormais Baf, devient ville ottomane comme toute l’île. Baf est alors le centre d’un sandjak. Durant cette période, les Chypriotes grecs conservent leur identité, remontant à l’Antiquité, grâce au système de communauté autonome mis en place par les Ottomans pour les populations non musulmanes. En 1901, cette communauté représente 77,1 % de la population de Chypre, contre 21,6 % pour celle des Chypriotes turcs[9].
Le site naturel de Pétra tou Romioú (« La pierre du Romée ») est situé à une quinzaine de kilomètres à l’est de la ville. C’est là, près des falaisescrayeuses qui tombent à pic dans la Méditerranée que, selon la version locale et moderne du mythe, la déesse Aphrodite serait née en jaillissant des flots près d’un rocher. La légende veut que si l’on s’y baigne à minuit un soir de pleine lune, on vivra un amour, soit éternel soit ardent, selon les variantes du mythe[14].
Ville vivant surtout du tourisme, Paphos comprend une importante infrastructure hôtelière et un aéroport international. Depuis les années 2000, elle est accessible directement par autoroute depuis la capitale Nicosie.
Paphos jouit d’un climat méditerranéen avec des étés chauds et ensoleillés et des hivers courts, pluvieux et doux. Vers la fin de l'hiver, de la neige tombe sur les montagnes. Paphos jouit de 340 jours de soleil par an.
↑ abcde et fSofia Antoniadou, (en) Cyprus : 10 000 years of history and civilization, Cyprus Tourism Organisation 2012
↑C. Orrieux, P. Schmitt Pantel, Histoire grecque, Coll. Premier Cycle, PUF, 1995.
↑Maria Iacovou, From ten to naught. Formation, consolidation and abolition of Cyprus' Iron age polities in Cahiers du Centre d'Etudes Chypriotes, volume 32, 2002 (Hommage à Marguerite Yon. Actes du colloque international « Le temps des royaumes de Chypre, XIIIe -IVe s. av. J.-C. » Lyon, 20-22 juin 2002) pp. 73-87 [1]
↑(en) Benjamin Arbel, « Résistance ou collaboration ? Les Chypriotes sous la domination vénitienne », État et colonisation au Moyen Âge et à la Renaissance, , p. 131-143.