Le Petit Nuage de Magellan (NGC 292), souvent abrégé en SMC dans la littérature en référence à l'anglais Small Magellanic Cloud, est une galaxie naine de type SB(s)m appartenant au Groupe local et située dans la constellation du Toucan. Satellite de la Voie lactée, il s'agit d'une petite galaxie irrégulière apparentée à une galaxie spirale magellanique dont la barre est visible mais dont le bras spiral est très dispersé. La base de données NASA/IPAC rapporte un échantillon de près de 300 mesures dont la moyenne donne une distance au Soleil de 61 ± 7 kpc (∼199 000 al)[4].
En 2023, une analyse des données du satellite Gaia et du relevé télescopique SDSS conforte une hypothèse datant de 1986, selon laquelle le Petit Nuage est en fait constitué de deux galaxies naines situées l'une derrière l'autre, vues depuis la Terre.
Description
Avec une magnitude apparente visuelle de 2,2, c'est l'un des objets les plus éloignés pouvant être vus à l’œil nu. Compte tenu de sa déclinaison de près de -73°, il n'est visible aisément que depuis l'hémisphère sud, apparaissant comme une petite tache laiteuse et floue s'étendant sur environ 3° de large. Cependant, en raison de sa très faible brillance de surface, il n'est clairement visible que depuis un lieu éloigné de toute pollution lumineuse. Il a semble-t-il été mentionné pour la première fois par le navigateurAmerigo Vespucci dans le compte-rendu de son voyage des années 1503-1504, mais ce fut l'expédition de Magellan autour du monde qui le popularisa et qui lui donna son nom.
Il forme une paire avec le Grand Nuage de Magellan, qui est situé 20° plus à l'est. Comme lui, c’est apparemment une ancienne galaxie spirale barrée qui a été déformée par les forces de marée de la Voie Lactée. Le Petit Nuage de Magellan est aussi un membre du Groupe local, le 4e objet le plus proche de notre galaxie. Le Petit Nuage de Magellan est relié au Grand Nuage par un pont de gaz et d'étoiles appelé pont magellanique. Il contribue également au courant magellanique, une structure probablement arrachée aux deux nuages par les forces de marée galactique de la Voie lactée.
Localisation du rémanent de supernova 1E0102.2-7219 par rapport à la nébuleuse N76[13].
Structure
En 1986 il est suggéré que le Petit Nuage puisse en fait être constitué de deux structures distinctes, alignées du point de vue de la Terre ; cette séparation pourrait être due à une collision passée entre le Petit et le Grand Nuage[14]. En 2023, une étude systématique des ondes radio émises par l'hydrogène atomique, basée sur les données du satellite Gaia et de l'étude APOGEE du SDSS, conforte cette hypothèse et conclut à la présence de deux galaxies aux compositions différentes, séparées d'environ 5 kpc (16 000 al). La différence de composition (un enrichissement différent en éléments lourds) tend à privilégier une origine distincte des deux objets plutôt qu'une disruption d'un objet initial sous l'effet des forces de marée[15],[16].
Depuis le XIXe siècle, le nom de la galaxie rend hommage au navigateur Ferdinand de Magellan, critiqué pour avoir réduit en esclavage des populations autochtones[17] et colonisé violemment des pays du sud. Également, les galaxies n'ont pas été « découvertes » par le Portugais, mais étaient déjà connues des populations locales avant son arrivée. Pour ces deux raisons, en septembre 2023, un collectif d'astronomes appellent l'Union astronomique internationale à changer les noms des deux galaxies[18].
Notes et références
↑(en) Hubble & ESA « Small Magellanic Cloud (ground-based image) ».
↑(en) Claire E. Murray, Sten Hasselquist, Joshua E. G. Peek, Christina Willecke Lindberg, Andres Almeida et al., « A Galactic Eclipse: The Small Magellanic Cloud is Forming Stars in Two, Superimposed Systems », The Astrophysical Journal, (arXiv2312.07750).